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RELATIONS INTER ACADÉMIQUES
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L homéopathie en France : position de l Académie nationale de médecine et de l Académie nationale de pharmacie
COMMUNIQUÉ
26 mars 2019 - L homéopathie a été intro- duite à la fin du XVIIIe siècle, par Samuel Hahnemann, postulant deux hypothèses: celle des similitudes (soigner le mal par le mal) et celle des hautes dilutions. L état des données scientifiques ne permet de véri- fier à ce jour aucune de ces hypothèses. Les méta-analyses rigoureuses n ont pas permis de démontrer une efficacité des préparations homéopathiques.
L homéopathie est l objet de débats récurrents, remis à l ordre du jour par la publication en 2017 d un rapport du Conseil des Académies des sciences européennes (EASAC) sur ses produits et ses pratiques et de la méta-analyse de Mathie et al. sur son efficacité. Plusieurs instances et groupes professionnels ou académiques ont depuis fait connaître leur avis par des tribunes ou prises de position publiées par la presse généra- liste ou sur internet. Leurs déclarations remettent en cause : la dérogation réglementairement accordée aux préparations homéopathiques qui permet de les enregistrer sans preuve de leur efficacité, sous réserve de ne pas revendiquer d indication thérapeutique leur rembourse- ment par l assurance maladie leur usage par les professionnels de santé en l absence de réserves liées à cet usage l information imprécise du public, notamment par l étiquetage et la promo- tion et la délivrance de diplômes universitaires d homéopathie.
L Académie nationale de médecine tient à rappe- ler qu elle s est depuis longtemps exprimée claire- ment sur plusieurs de ces points, dans des rapports et communiqués de 1984, 1987 et 2004. Les prin- cipales conclusions étaient :
concernant les diplômes universitaires: « En l état actuel de nos connaissances et de l insuffi- sance des recherches expérimentales et cliniques, il apparaît inopportun de faire délivrer par les facultés de médecine et de pharmacie et les écoles vétérinaires un diplôme ou un certificat d homéo- pathie. Un tel titre universitaire aurait pour effet de cautionner une méthode thérapeutique qui n est pas acceptée ni utilisée par la plus grande partie du corps médical. Il appartient par contre aux professeurs de thérapeutique de fournir aux étudiants une information sur l homéopathie, dans le cadre de leur enseignement normal » ;
concernant les préparations homéopathiques: « Si ces préparations sont reconnues comme médicaments, elles doivent être soumises au droit commun qui régit l industrie pharmaceutique. Pour celles qui n ont pas subi avec succès les épreuves démontrant leur efficacité, l étique- tage doit porter la mention : «L efficacité du produit n a pas été démontrée selon les normes en vigueur».«Le remboursement de ces produits par la Sécurité Sociale apparait aberrant à une période où, pour des raisons économiques, on dérembourse de nombreux médicaments clas- siques pour insuffisance (plus ou moins démon- trée) du service médical rendu».
Il n existe pas de nouvel argument de nature scientifique qui amène à revenir sur ces prises de position, ni sur les arguments qui les fondent.
À ces données scientifiques s opposent des données sociétales que l Académie nationale de médecine et l Académie nationale de pharmacie ne peuvent ignorer : selon une estimation récente 72% des Français croient aux bienfaits de l homéo- pathie, 52% y ont recours ; 43% des profession- nels de santé (médecins, sages femmes, dentistes) prescrivent des préparations homéopathiques et les thérapies complémentaires, l homéopathie incluse, sont utilisées en milieu hospitalier, notamment en tant que soins de support dans les centres et services d oncologie.
Ces divergences entre l engouement du public, la rigueur des scientifiques et l opinion intermé- diaire des praticiens peuvent s expliquer par la connaissance insuffisante et/ou la sous-estimation de l effet placebo avec attente, seule explication plausible, mais aussi suffisante, des effets de l homéopathie en l état actuel de la science, mais également des effets non spécifiques associés à tout acte thérapeutique.
L effet placebo avec attente est un phénomène neurobiologique scientifiquement établi, dont la réalité est attestée par des essais cliniques contrôlés, et les mécanismes éclairés par les neurosciences, notamment l imagerie cérébrale. Il est prouvé que sa puissance dépend de l attente du patient, de l an- nonce qui lui est faite, et de ce qui lui est proposé (charisme du thérapeute, réputation de la méthode, complexité du dispositif). L effet conditionnement est lié à la répétition d expériences antérieures
Académie nationale de médecine et Académie nationale de pharmacie Daniel BONTOUX, Liliane GRANGEOT-KEROS, Bernard LAURENT