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Transplantation utérine ou GPA : l Académie nationale de médecine s interroge
17 avril 2019 - Dans sa séance du 23 juin 2015, l Académie nationale de médecine, avait abordé les aspects législatifs, cliniques, notamment le risque chirurgical pour la donneuse et la receveuse, le carac- tère à risque de la grossesse, les risques du traitement immunosuppresseur pour la mère et l enfant et les aspects éthiques de la transplantation utérine concer- nant le choix entre donneuses vivantes ou décédées et l avenir de l enfant.
Au terme de sa réflexion elle avait donné un avis favorable à la poursuite de ces expérimentations.
Aujourd hui, l Académie nationale de médecine
se félicite de la réussite de la première transplan- tation à partir d une donneuse vivante réalisée en France par l équipe animée par Jean-Marc Ayoubi à l hôpital Foch en collaboration avec l équipe du pion- nier de la technique, le professeur Mats Brannström.
Cependant elle tient à préciser que la transplan- tation utérine, qui constitue néanmoins un grand espoir pour les femmes sans utérus et qui appa- raît comme une alternative à la gestation pour autrui, ne sera pas une chirurgie classique avant de nombreuses années et demeure un processus expérimental.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Évolution des programmes de dépistage « organisé » des cancers du sein, du côlon et du rectum, et du col utérin, en France
RAPPORT
Cancers du sein
Le dépistage organisé (DO) reste préconisé en France seulement à partir de 50 ans et à condition que la participation soit nettement améliorée, malgré les résultats non probants sur la mortalité et bien que l importance des effets secondaires restent insuffi- samment évalués. La détection individuelle hors DO, avant ou après 50 ans, non justifiée par un risque familial ou un symptôme devrait être déconseillée. La prise en charge totale du «reste à payer» (examens complémentaires de diagnostic), permettrait d amé- liorer la participation toujours insuffisante, en particu- lier pour les populations précaires. Il est recommandé d encourager les travaux scientifiques (comme l essai européen) pour conforter l option d un dépistage mieux ciblé basé sur un score de risques établi sur des critères validés.
Cancers du côlon et du rectum
Le dépistage organisé du cancer colorectal doit être maintenu, mais optimisé sous peine de rester globalement inefficace. Il doit avant tout être ciblé sur une tranche d âge plus adaptée à l efficience de la balance bénéfice/risque : soit de 55 à 75 ans chez les hommes et de 60 à 80 ans chez les femmes. Il doit être accompagné de mesures d aide portant sur son organisation (sensibilisation des intervenants divers, relance postale, charge financière...). Comme pour les cancers du sein, la prise en charge totale du «reste
à payer» (examens complémentaires de diagnostic), permettrait d améliorer la participation. Des expéri- mentations concernant des tests autres que l Hemoc- cult II (rectosigmoïdoscopie, colonoscopie, cellules ou ADN circulants...) doivent être évaluées en termes d efficacité et d efficience.
Cancers du col utérin
Les frottis cervico-utérin, la recherche de virus HPV oncogènes et la vaccination sont les trois moyens complémentaires d agir contre le cancer du col de l utérus ; leur association pourrait aboutir à une quasi-éradication de ce type de cancer. Pour le dépis- tage il faut mettre en place des mesures spécifiques adaptées aux populations non participantes : élargis- sement des personnes habilitées à prélever, utilisation de l autotest HPV, remboursement du reste à charge. Actuellement la majorité des jeunes filles françaises n est pas vaccinée ; le dépistage soit par frottis, soit par recherche d HPV reste donc indispensable. Pour renforcer le taux de vaccination, il faut lutter contre les lobbies anti-vaccin et vacciner les garçons ce qui permettrait l éviction des porteurs de virus et la prévention des cancers buccaux et oropharyngés en nette augmentation. L information sur les virus HPV sexuellement transmissibles causes de cancers et la possibilité d une vaccination pour les éviter devraient s intégrer dans un programme plus général d éduca- tion sanitaire à l école.25 juin 2019 - Le dépistage des cancers est une démarche de santé publique pour
réduire la mortalité d un cancer donné. L intervention identifie les porteurs probables de ce cancer par un « test » proposé à une population asymptomatique dont la majorité des individus ne sont pas porteurs de ce cancer. Le bénéfice du dépistage s objective par la baisse de la mortalité due au cancer ciblé dans la population testée. Les effets indésirables (faux positifs, examens et traitements inutiles, faux négatifs...) doivent aussi être mesurés afin de s assurer que les bénéfices sont supérieurs aux effets néga-
tifs. Ces données ne sont connues et gérables que dans le cadre d un programme organisé. À l heure actuelle, seuls les cancers du sein, du colon-rectum et du col de l utérus satisfont à ces principes et font l objet d un dépistage organisé en France. Cette balance bénéfice/risque doit être estimée régulièrement, car elle se modifie avec le temps en raison des acquis médicaux (nouveaux tests...) ou de modifications épidémiologiques (nouvelles populations atteintes...). En conséquence, cette évaluation doit entraîner une interrogation régulière sur les programmes en cours et une mise en place rapide des ajustements nécessaires. Dans l état actuel des évaluations, en ce qui concerne les cancers du sein, seul le dépistage organisé (DO) est préconisé en France de 50 à 74 ans ; le taux actuel de participation (50 %) devrait être stimulé pour atteindre 70 %. La détection indivi- duelle (hors DO), avant ou après 50 ans, non justifiée par un risque familial ou un symptôme doit être clairement déconseillée. Les travaux de recherche pour un meilleur ciblage de la population soumise au dépistage doivent être soutenus.
En ce qui concerne les cancers colorectaux, le dépistage doit avant tout être mieux ciblé sur une tranche d âge plus efficiente soit : 55-75 chez les hommes et 60-80 chez les femmes. Sous peine de rester inefficace, le taux de participation doit être au moins doublé par diverses mesures d organisation dont la prise en charge totale du reste à payer. La possibilité d utiliser d autres tests doit être également évaluée. Enfin pour les cancers du col de l utérus où le dépistage par frottis cervical a largement démontré son efficacité, il reste à convaincre les 40% de femmes non participantes. Dans ce but il faut mettre en place des mesures adaptées : élargissement des habilitations à prélever (infirmières...), utilisation des tests HPV, remboursement du reste à charge... Par ailleurs grâce à l existence d un vaccin efficace ce cancer pourrait être éradiqué. Malheureusement actuellement plus de 70% des jeunes filles françaises ne sont pas vaccinées.
Il est capital d augmenter la couverture vaccinale en luttant contre les lobbies anti-vaccin, en vaccinant les garçons (éviction de porteurs de virus et prévention des cancers buccaux et oropharyngés), et en intégrant l infor- mation sur les virus HPV dans le programme d éducation sanitaire à l école.
Recommandations
Rapporteurs Hélène SANCHO-GARNIER Jean-Pierre TRIBOULET Richard VILLET Jacques ROUËSSE
Contribution au projet d une loi de programmation pluriannuelle de la recherche
RAPPORT
4 juin 2019 - L Académie a contribué à la préparation de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche 2020-2025 par un groupe de travail qui a réfléchi et auditionné des experts selon les axes suivants :
Lutter contre la fragmentation des structures, des moyens et des métiers et réduire le nombre des strates d évaluation
Aller vers une convergence des statuts des chercheurs et enseignants-chercheurs
Renforcer l autonomie des universités en modernisant leur gouvernance selon des stan- dards internationaux, notamment en biologie et
santé, y compris la santé publique et l organisa- tion des soins
Augmenter le financement de la recherche pour atteindre 3 % du PIB et revaloriser les rémunérations
Favoriser l innovation : inciter au partenariat avec l industrie ; définir une politique postdocto- rale européenne et internationale en biologie et santé
Définir une politique française de la recherche et corriger sa faible représentation dans les instances européennes.
Rapporteurs Christian BOITARD, Bruno CLÉMENT, Patrice DEBRÉ, Laurent DEGOS, Didier HOUSSIN, Patrick NETTER