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Vacciner les filles et les garçons contre le Papillomavirus humain (HPV) : une nécessité pour éliminer les cancers du col utérin mais aussi de l oropharynx, de la cavité buccale et de l anus
COMMUNIQUÉ Richard VILLET
17 septembre 2019 - Le Papillomavirus humain (HPV) est la cause de 100 % des cancers du col de l utérus qui tue plus de 1 000 femmes chaque année en France. Il est à l origine de nombreux cancers de l amygdale, de la langue et de l anus. Pour éliminer ces cancers ils faut vacciner les filles et les garçons contre le HPV. L Académie nationale de médecine appelle à une vaccination universelle des collégiens des deux sexes.
L Académie nationale de médecine (ANM) s est exprimée à plusieurs reprises à propos des infec- tions à HPV et notamment sur la vaccination et rappelle que :
Pratiquement 100 % des cancers du col de l utérus sont dus à l HPV ;
Plus de 1 000 femmes meurent annuellement par cancer du col en France ;
La prévention secondaire par frottis cervical n est effectuée, à ce jour, que chez 60 à 70 % de la population féminine ;
Les infections à HPV concernent également les hommes et 1600 cancers masculins annuels sont dus à l HPV ;
Le coût en santé des infections à HPV repré- sente plus de 500 millions d D/an ;
L efficacité des vaccins sur l infection à
HPV est prouvée, elle entraîne une réduction des lésions précancéreuses. Les résultats d une méta-analyse sur 60 millions de sujets avec un suivi de 8 ans post-vaccination parue en juin 2019 montrent clairement l impact considérable des programmes de vaccination contre l HPV sur les infections à HPV, notamment les néoplasies intra épithéliales du col utérin chez les jeunes filles et les femmes et sur les verrues ano-génitales chez les hommes et les femmes. Il ressort également de cette étude que plus les taux de vaccination sont élevés, plus les résultats sont importants par effet à la fois direct et indirect. Bien qu il n y ait pas encore de résultats sur la réduction du nombre de cancers en raison de l insuffisance de recul, il est montré qu en réduisant ces lésions précancéreuses la vaccination par le vaccin non avalent pourrait réduire de 85 à 90 % le nombre de cancers du col de l utérus ;
En dépit de la diffusion d études fausses, l in- nocuité des vaccins anti-HPV a été prouvée sur plus de 200 millions de doses distribuées ;
La couverture vaccinale chez les jeunes filles en France diminue et est inférieure à 20%, la plus basse d Europe.
L Académie nationale de médecine insiste prin- cipalement sur quatre aspects supplémentaires et nouveaux :
L information doit concerner directement les enfants et non se limiter aux parents. Une infor- mation directe auprès des élèves des collèges par le biais des Comité d éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC). Le jeune collégien devien- dra ainsi le propre acteur de « Sa vaccination » ;
La vaccination des garçons se justifie sur le plan de l équité entre les deux sexes et de la protection de tous, en particulier des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) qui ne bénéficient pas de protection indi- recte. La décision de vacciner les garçons dépend du rapport « coût-efficacité ». Le dernier rapport du Centre fédéral d expertise des soins de santé en Belgique (KCE) montre que l extension de la vaccination aux garçons présente un rapport « coût-efficacité » favorable quel que soit le vaccin utilisé, d autant plus favorable que la couverture vaccinale des filles est faible ce qui est le cas dans notre pays. L ANM souhaite qu une telle expertise soit réalisée en France avec des modé- lisations incluant non seulement les coûts de la prise en charge des cancers, mais également ceux de toutes les lésions prénéoplasiques et bénignes quelles que soient leurs localisations. Vacciner tous les garçons représenterait de plus une «non-stigmatisation » du comportement sexuel. Ainsi tous les futurs HSH seraient protégés avant
même le début de leur activité sexuelle.
Les cancers oropharyngés HPV induits en nette augmentation depuis les années 1970 ont une présentation clinique différente des cancers ORL liés à l alcool et au tabac, mais des études montrent que la vaccination peut avoir le même intérêt que pour les cancers du col. L incidence du cancer du canal anal (CCA) a augmenté de 56 % depuis 1990 et 93 % de ceux-ci sont attribuables à HPV (avec 80 % d HPV 16 et 1).
Devant ces constatations, pour prévenir une véri- table « épidémie » des lésions et en particulier des cancers HPV dépendants, l Académie nationale de médecine recommande :
L information, la mobilisation et la mise en réseau de diverses spécialités : généralistes, médecins scolaires, pédiatre, otorhinolaryn- gologiste, gynécologue, sexologue, urologue, gastro-entérologue, colo-proctologue, oncologue et radiothérapeute, est indispensable ;
La mise en place d une véritable campagne d information en milieu scolaire sur ces infec- tions et leur prévention par l intermédiaire des CESC ;
L obtention d une couverture vaccinale élevée par la vaccination universelle des filles et des garçons entre 11 et 14 ans.
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