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fant, les discussions pour l agrandir et le contraster s enlisent depuis des années face à l opposition farouche du lobby alcoolier. De plus, que dire de la reconnaissance de la filière viticole comme un acteur crédible de la prévention ? De la diffusion de dépliants scolaires pour les 3-6 ans sur la vigne sans parler d alcool ni de ses effets ? De l achar- nement à favoriser la consommation de vin des femmes (So Femmes & Vin qui expliquent même la vigne aux enfants) ? D interventions ministérielles répétées donnant au vin un rôle particulier alors qu il représente la moitié de l alcool consommé? De l extension du fonds tabac abondé par une taxe sur le tabac à l ensemble des addictions sans la moindre participation de la filière alcool ? De la proposition parlementaire de rétablir la consom- mation d alcool dans les stades ?
La majorité des Français favorables aux actions contre l alcool
On comprend alors que plus de 3/4 des Français considèrent que les décideurs sont sous l influence du lobby alcoolier et que 2/3 considèrent que les producteurs empêchent la mise en œuvre d une politique de santé efficace. Pourtant l opinion des Français est très favorable aux actions courageuses (70% pour l interdiction totale de la publicité, 58% en faveur de la taxation de l alcool, 81% pour un étiquetage spécifique sur les risques de l alcool et 90% trouvent insuffisante la prévention du risque
alcool chez les jeunes).
L action publique est entravée par le lobby de l al- cool qui obtient régulièrement un affaiblissement des mesures existantes, et faute de mesures effi- caces, la consommation d alcool ne baisse plus en France. Malgré une analyse correcte de la situation et des mesures potentiellement efficaces, ni le Plan National de Mobilisation contre les Addictions, ni le Plan National de Santé Publique ne proposent en ce domaine les mesures à la dimension du problème. On ne peut ainsi négliger 41000 décès chaque année, que 50% des élèves de 6ème ont déjà expérimenté l alcool, que 20% des élèves de terminale sont des consommateurs réguliers et un coût social évalué à 120 milliards d euros par an.
Même si Joseph Reinach, député, déclarait déjà en 1911 : « L alcoolisme est l un des problèmes qui mettent aux prises contre l intérêt général le plus grand nombre d intérêts particuliers », négli- ger ainsi l alcool, second déterminant de santé, est contraire aux engagements de la France dans le programme ONU/OMS contre les maladies chro- niques. On ne peut en ce domaine se contenter de mesures insuffisantes.
L Académie recommande donc de revenir à une politique basée sur les preuves et de mettre en œuvre les mesures qui ont une efficacité démontrée et reconnue.
9 mai 2019 - La loi « Ma santé 2022 » doit permettre une amélioration substantielle du système de santé en France. Le numérique est un outil majeur de ce progrès. L intelligence artifi- cielle et le numérique sont entrés dans le domaine de la santé et y joueront un rôle grandissant. Cette évolution est irréversible. L Académie nationale de médecine considère que la France doit accroitre son effort pour permettre à ses citoyens de profiter au mieux des avancées technologiques et rejoindre les pays qui ont déjà pris le virage numérique.
L Académie nationale de médecine veut contri- buer à l information objective du public et des professionnels de santé afin de gagner le défi de la confiance et se démarquer des fantasmes qui peuvent circuler sur le sujet.
Une aide précieuse pour les médecins infor- mation et aide au diagnostic
Les médecins utiliseront de plus en plus les nouvelles technologies pour les informer et les aider au choix du diagnostic et du traitement. Celles-ci ne peuvent être considérées que comme une aide, et ne sauraient en aucun cas se substituer au médecin. En effet, elles ne peuvent prétendre aux capacités de discernement qu implique l acte ou la décision du médecin et au sentiment d em- pathie que seul le médecin possède pour pratiquer une médecine de qualité.
Une solution au problème des déserts médicaux et à l organisation des soins La télémédecine et le télédiagnostic doivent être développés grâce à la numérisation afin d amélio- rer l efficience des consultations médicales et offrir une solution au problème des déserts médicaux. L organisation territoriale des soins et le manage- ment des établissements hospitaliers devront aussi
L Académie nationale de médecine s engage pour le numérique et l intelligence artificielle en santé
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
être progressivement numérisés.
L intelligence artificielle et le numérique au profit de la recherche
Développement des plateformes et tumoro- thèques face au cancer Les technologies numériques permettent des progrès importants dans le domaine de la cancéro- logie en croisant de grandes quantités de données cliniques et génétiques afin d identifier par exemple les régions du génome qui contrôlent la proliféra- tion des cancers. L état doit soutenir et aider au développement de plateformes et tumorothèques qui doivent pouvoir s interconnecter.
Les modèles mathématiques de progression des tumeurs doivent être développés pour se substi- tuer progressivement aux critères approximatifs utilisés actuellement pour évaluer l efficacité des traitements.
Le data mining, un outil pour la recherche La mise en évidence de corrélations fortuites par analyse des données de santé au hasard (data mining) ne peut être considérée comme une preuve de relation de causalité mais doit servir à générer des hypothèses à valider par des études dédiées.
L accès aux données de santé publiques L Académie nationale de médecine soutient les initiatives telles que le SNDS ( Système national des Données de Santé), et le «Health Data Hub» qui ouvrent les données publiques de santé aux chercheurs des organismes publics et souhaite que les conditions d accès aux établissements de recherche privés et aux start-up soient rapidement précisées.
Les systèmes de recueil des données des hôpi- taux doivent être harmonisés afin de permettre une meilleure exploitation et leur interconnexion.
L Intelligence artificielle aura un impact sur l emploi des professionnels de santé : des mesures adaptées doivent être prises dès maintenant
L IA aura un impact important sur de nombreuses spécialités médicales qui doivent dès maintenant prendre les mesures adéquates pour s adapter : c est le cas notamment des spécialités qui font appel à l imagerie, la radiologie, l anatomo-pa- thologie, l ophtalmologie, la dermatologie, mais également la chirurgie, la cardiologie, la psychia- trie, la médecine générale également...
La formation doit être une priorité Les établissements d enseignement doivent mettre en place des modules spécifiques obligatoires pour former les futurs médecins à l usage des nouvelles technologies qui seront indispensables à l exercice de leur métier. Ces programmes requièrent le recru- tement d experts de l IA aux cotés des enseignants
en médecine. Un double cursus de formation est également un des enjeux.
De nombreux métiers de la santé seront impactés par l usage des nouvelles technologies : de nouveaux emplois seront créés, d autres disparaitront, beau- coup devront s adapter. Les métiers comportant un contact direct avec les malades devront être préser- vés. Globalement il parait peu probable qu il en résulte en une réduction du nombre d emplois. Les autorités hospitalières doivent prévoir dès mainte- nant les mesures d accompagnement nécessaires en s aidant des exemples de management utilisées dans d autres secteurs.
Une information claire vers les patients est nécessaire Les médecins devront informer leurs patients, le cas échéant, que les technologies du numérique ont été utilisées pour aider au choix du diagnostic ou du traitement et répondre aux demandes d informa- tion, notamment en cas d utilisation d algorithmes d apprentissage automatique. La responsabilité de l acte restera au médecin sauf déficience démon- trée du dispositif. Dans tous les cas, le principe d une garantie humaine du diagnostic et de sa prise en charge doit être assurée au patient, comme l on rappelé les communications du CCNE et du CNOM.
La protection des données personnelles est indispensable La protection des données personnelles est une priorité, à fortiori quand elles concernent la santé des individus. L anonymisation est une solution. Dans le traitement des grandes masses de données nécessaires à la construction des algorithmes la non ré-identification des personnes est un principe majeur. C est sur lui que reposera la confiance des citoyens sans laquelle des blocages importants seraient certains. Cette règle doit être appliquée rigoureusement.
Toutefois, L Académie nationale de médecine, en accord avec le Conseil national de l ordre des médecins (CNOM) et le Comité consultatif national d éthique, (CCNE) considère, qu une réglementation supplémentaire par rapport à l état actuel du droit risquerait de bloquer le progrès, et pourrait même induire une injustice entre ceux qui pourraient aller ailleurs bénéficier de dispositifs inaccessibles en France et ceux qui ne pourraient pas. Des règles de droit souple, selon le principe de la « soft law », paraissent préférables, les recom- mandations étant émises par une formation collé- giale d instances qualifiées .
Enfin, l Académie nationale de médecine souhaite que l ensemble des progrès attendus des technolo- gies de l intelligence artificielle bénéficient à tous et sans accentuer les inégalités sociales, écono- miques ou culturelles de la France.