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Santé et dérives sectaires 22 janvier 2019 Serge BLISKO, Président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)
Créée par décret du 28 novembre 2002, sous l auto-
rité du Premier Ministre, l objet de la mission interministérielle
de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) concerne
l emprise mentale et les dérives sectaires ; son action s exerce dans le traitement des signalements, l obser- vation et l analyse, l aide aux victimes, la formation du grand public, la coordination des pouvoirs publics. Comme exemple de dérive sectaire, il est évoqué l église de Scientologie condamnée pour escroquerie en bande organisée, condamnation rendue définitive par la cour de cassation en 2013. L évolution de notre société vers le bien-être a favorisé le foisonnement de l offre dans le domaine de la santé, du bien-être et de la vie professionnelle. Sur les 2500 signalements reçus par an, environ 50 % concernent la santé, dominés en 2016-2017 par la psychothérapie et le développe- ment personnel, la psycho spiritualité, les mouvances évangéliques, la spiritualité orientale, les radicalités religieuses. Les motivations des « dérapeutes » sont essentiellement l argent, le sexe et le pouvoir. En outre, les difficultés de la vie et le stress qu elles engendrent favorisent la survivance ou la résurgence de la pensée magique dominée par l exploitation des peurs : peur de la maladie et des effets d un traitement, peur de la mort ou de la fin du monde ainsi que les croyances et les promesses d une vie, d un monde meilleur ou d une transformation de soi. Cependant, toute dérive
thérapeutique n est pas nécessairement sectaire ; elle devient sectaire lorsqu elle essaie de faire adhérer le patient à une croyance, à un nouveau mode de pensée, témoins d un endoctrinement, d une sujétion psycho- logique qui le conduit à rompre progressivement avec la médecine conventionnelle puis sa famille et son environnement. La dérive thérapeutique à caractère sectaire s accompagne d un mécanisme d emprise mentale, destiné à ôter toute capacité de discernement. La dérive sectaire est un dévoiement de la liberté de pensée d opinion ou de religion qui porte atteinte aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l intégrité des personnes, à l ordre public, aux lois ou règlements; elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d exploiter chez une personne un état de sujétion physiologique ou physique, la privant d une partie de son libre arbitre. Un faisceau d indices permet de caractériser l existence d un tel risque : déstabilisa- tion mentale, exigences financières, rupture avec l en- vironnement d origine, embrigadement des enfants, troubles à l ordre public. Dans de telles situations, il convient d avoir les bonnes réactions : interroger sur la solution prétendument miracle, être attentif à tout changement de comportement de la personne, ne pas la laisser s isoler dans une relation exclusive avec le «praticien gourou», l encourager à en parler avec son médecin traitant ou d autres professionnels de santé.
L organisation du service de santé des armées (SSA)
a connu une profonde trans- formation au cours des deux
dernières années. La médecine des forces représente le cœur de métier du SSA. Il se base sur deux systèmes numériques : Le système des centres médicaux des armées (CMA). Il corres- pond au projet Axone, en phase de déploiement, destiné à simplifier et sécuriser les pratiques des CMA. Il existe 16 CMA en métropole qui utilisent un dossier médical unique : le LUMM (logiciel unique médico-militaire) avec une base de données unique. Le projet des opérations extérieures correspond au système ISSAN (infostructure « soutien santé »). Il correspond aux opérations extérieures (OPEX) et vise à optimiser le soutien santé des forces projetées dans ces opérations. Il doit permettre d améliorer la
prise en charge des urgences, en particulier celle du personnel isolé, ou de pathologies survenant sur un théâtre d opération, de garantir une qualité de soins comparable à celle qui se trouve dispensée en métro- pole, et d optimiser l utilisation des moyens de la chaîne de santé. Les opérations extérieures sont très nombreuses : en 2017 pour 1667 militaires impliqués, plus de 65 000 consultations, près de 2000 interven- tions chirurgicales et près de 66 000 actes paramédi- caux ont été recensés. Elles font intervenir des CTM (centres de téléexpertise médicale) et le SIRMED (système d information de régulation médicale sur les théâtres d opération). Les objectifs du SSA sont, à l horizon 2020, la finalisation du système Axone et l élaboration d un parcours de santé complet du mili- taire, avec sécurisation de tous les échanges de santé, parcours incluant la prise en charge dans le champ de la santé civile.
Le numérique au Service de santé des armées 19 mars 2019
Didier MENNECIER, Directeur des Systèmes d Information et du Numérique (DSIN) chez Service de Santé des Armées (SSA)
La mission interminis- térielle de lutte contre les
drogues et les conduites addictives (MILDECA) anime et
coordonne l action du gouvernement en matière de lutte contre les drogues et les conduites addictives. Nicolas Prisse, qui la préside, insiste sur les dangers du tabac et de l alcool dont la consomma- tion commence dès le plus jeune âge et dont le rôle des influenceurs économiques doit être souligné; du cannabis, objet trop habituel d une confusion entre- tenue entre traitement et bien-être, dont les risques et conséquences sur les parcours scolaires et sociaux sont trop méconnus et dont le chiffre d affaires annuel prévisible aux USA sera de 60 milliards de dollars; des opioïdes responsables de 60 000 décès annuels en Amérique du Nord.
Le plan 2018-2022 cible six mesures qui constituent autant de grands défis :
protéger dès le plus jeune âge en intervenant précocement vers des publics qui ne sont pas encore à haut risque, en renforçant les compétences psycho-sociales des enfants dans le but de prévenir des conduites ultérieures à risque ;
respecter et faire respecter les interdits protec-
teurs imposés par la loi comme la vente de tabac et d alcool aux mineurs, des contrôles plus fréquents et réguliers dans les points de vente, en s appuyant sur les associations et en renforçant la formation des buralistes ;
renforcer la prévention et la formation des médecins généralistes, privilégier un repérage plus précoce des consommateurs, améliorer certaines pratiques en médecine de ville (traitements substitu- tifs), améliorer la visibilité des réseaux d aval ;
souligner le rôle de l environnement profession- nel, en particulier des dirigeants d entreprise et des médecins du travail ;
améliorer l efficacité de la lutte contre les trafics et trafiquants et limiter l attractivité des trafics dans certains quartiers ;
renforcer la recherche fondamentale et la recherche interventionnelle.
Nous pourrons ainsi espérer contribuer à des choix plus éclairés pour une vie collective plus apaisée.
Dans la discussion, à la question du développement actuel des salles de consommation à moindre risque, il est confirmé que leur bénéfice sera au préalable réellement évalué.
Présentation du plan Addictions 2018-2022 2 avril 2019 Nicolas PRISSE, Président de la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives)
Au cours de l année 2019 un contexte très tendu a été constaté dans les services d urgences avec de nombreux services en grève et la multiplication d interventions médiatiques prônant la pénibilité et non-attractivité du travail dans les services d accueil des urgences. En juin 2019 une mission confiée au député Thomas MESNIER et au professeur Pierre CARLI, Président du CNUH et membre de l Aca- démie de médecine, a été diligentée par la ministre de la Santé. Cette mission pendant tout l été 2019 a pratiqué de nombreuses auditions, des visites de sites, de multiples échanges formels et informels avec les professionnels et a reçu de nombreuses contribu- tions écrites. Si la crise des urgences est complexe
et a souvent des causes locales, il existe cependant des facteurs communs sur lesquels on peut agir. Plus qu une solution miracle, c est un ensemble de propositions qui peut améliorer la prise en charge des urgences.
En septembre 2019 les premières mesures clés du Pacte de Refondation des Urgences ont été présen- tées, elles portent sur l amont des urgences, sur l or- ganisation des services urgences et sur l aval.
Parmi ces mesures l une des plus emblématiques est la création du service d accès aux soins (SAS). Ce dispositif qui associe une plateforme numérique et un numéro d appel pour toute la filière santé (propo-
L amélioration de la prise en charge des urgences : le Pacte National de Refondation des Urgences et le rapport de la mission Carli/Mesnier 19 décembre 2019
Pierre CARLI , Président du Conseil national de l urgence hospitalière (CNUH) et membre de l Académie nationale de médecine
CONFERENCES