Communication scientifique
Séance du 22 juin 2021

Place des bétabloquants dans la maladie coronaire

MOTS-CLÉS : Antagonistes bêta-adrénergiques, Maladie des artères coronaires, Angor stable, Infarctus du myocarde
Relevance of betablockers in coronary artery disease
KEY-WORDS : Adrenergic beta-Antagonists, Coronary Artery Disease, Angina, Stable, Myocardial Infarction

E. Sorbets (a, b, c, ⁎) , A. Cinaud (a), N. Malka (a), B. Mion (a), J. Blacher (a)

E.S. : déclare des interventions ponctuelles en enseignement post universitaire sponsorisées par AstraZeneca. Invitation en congrès, et interventions ponctuelles en enseignement post universitaire sponsorisés par Bayer Healthcare SAS. Consultant et interventions ponctuelles en enseignement post universitaire sponsorisés Bristol-MyersSquibb. Financement d’hébergement et transport pour congrès en tant qu’orateur par Les laboratoires Servier. Consultant pour Menarini France. Consultant pour Novartis Pharma SAS.
J.B. : déclare avoir ou avoir eu des liens d’intérêts avec Abbott, Amgen, Astellas, Astra-Zeneca, Bayer, Boehringer Ingelheim, Bouchara-Recordati, Daiichi Sankyo, El Kendi, Ferring, Gilead, Icomed, Medexact, Medtronic, Merck Serono, Novartis, Novo Nordisk, Quantum Genomics, Sanofi Aventis, Saint Jude, Servier, Teriak, pour des interventions ponctuelles.
A.C., N.M., et B.M. : déclarent ne pas avoir de lien d’intérêt.

Résumé

Les bétabloquants ont révolutionné le pronostic de l’infarctus du myocarde avec un bénéfice majeur sur la mortalité. Les études randomisées validant incontestablement cet intérêt sont anciennes et remontent à une période où reperfusion coronaire, aspirine et statines ne faisaient pas partie de l’arsenal thérapeutique. Les bétabloquants ont également amélioré les symptômes angineux des coronariens stables faisant de cette classe médicamenteuse le traitement de première intention de l’angor. Mais il n’existe aucune étude randomisée validant l’intérêt pronostique des bétabloquants dans ce que l’on appelait maladie coronaire stable et qui s’intitule désormais syndrome coronaire chronique. Depuis quarante ans et avec les nombreuses innovations thérapeutiques, le spectre de toute la maladie coronaire a évolué et avec lui son pronostic. Les coronariens aujourd’hui diffèrent totalement des coronariens des années quatre-vingt. Les dernières études observationnelles ont suggéré que dans le post-infarctus sans dysfonction ventriculaire gauche, les bétabloquants étaient associés à un meilleur pronostic jusqu’à un an post-infarctus. Au-delà, ils étaient associés à un effet neutre sur le pronostic cardiovasculaire. Dans le syndrome coronaire chronique, les dernières études observationnelles ont suggéré qu’en l’absence de dysfonction ventriculaire gauche, les bétabloquants n’étaient pas associés à un meilleur pronostic. Ils ne l’étaient qu’en cas d’antécédent d’infarctus de moins d’un an. L’intérêt pronostique des bétabloquants dans la maladie coronaire a évolué. Ce changement peut être lié à une évolution de la maladie coronaire elle-même puisqu’elle s’est dissociée de l’insuffisance cardiaque avec altération de fonction ventriculaire gauche. De nouvelles études randomisées sont donc indispensables pour statuer sur le sort des bétabloquants en prévention secondaire coronaire.

Summary

Betablockers have revolutionized the prognosis of myocardial infarction with a major benefit on mortality. The randomised studies that clearly validate this interest are old and date back to a period when coronary reperfusion, aspirin and statins were not part of the treatment. Betablockers also improved symptoms in stable coronary patients, making this drug class the first-line treatment for angina. However, there are no randomised studies validating the prognostic interest of betablockers in what used to be called stable coronary artery disease, and today kown as chronic coronary syndrome. Over the last forty years and with numerous therapeutic innovations, the spectrum and prognosis of coronary disease evolved and with it its prognosis. Coronary artery disease patients today are totally different from those of the eighties. In post-infarction without left ventricular dysfunction, the latest observational studies suggested that betablockers were associated with a better prognosis up to one-year post-infarction. Beyond that, they were associated with a neutral effect on cardiovascular prognosis. In chronic coronary syndrome, the latest observational studies suggested that in the absence of left ventricular dysfunction, betablockers were not associated with a better prognosis. They were only associated with a better prognosis in the case of a previous infarction of less than one year. The prognostic interest of betablockers in coronary disease has changed. This change might be linked to an evolution of the coronary disease itself since it has become dissociated from heart failure with impaired left ventricular function. New randomised studies are therefore essential to update the interest of betablockers in secondary coronary prevention.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2021.06.017

Accès sur le site EM Consulte

(a) APHP Centre - Université de Paris, France
(b) FACT (French Alliance for Cardiovascular Trials), France
(c) INSERM U1148, France
⁎Auteur correspondant. Cardiologue–Praticien Hospitalier, Centre de diagnostic et de Thérapeutique, Hôtel Dieu de Paris, APHP Centre–Université de Paris, 1, Parvis Notre Dame–Place Jean Paul II, 75004 Paris, France.

Bull Acad Natl Med 2021;205:1083-90. Doi : 10.1016/j.banm.2021.06.017