Résumé
Les cancers colorectaux sont un enjeu majeur de santé publique. L’incidence augmente chez les individus de moins de 50 ans. Le traitement de ces cancers constitue un modèle où l’intégration d’une médecine ciblant les altérations moléculaires des cancers à la chimiothérapie a permis des progrès considérables. La prise en charge de ces cancers représente également un défi pour l’organisation des soins compte tenu de la nécessité pour les patients d’accéder, dès le début de leur prise en charge, à des centres experts dotés d’équipes médicales compétentes en médecine de précision et d’équipes chirurgicales spécialisées dans la chirurgie des métastases. La caractérisation génomique des cancers colorectaux permet aujourd’hui de considérer cette maladie en fonction des anomalies moléculaires qui caractérisent son pronostic et prédisent l’efficacité des différentes thérapies. La prise en charge des cancers colorectaux est ainsi entrée dans l’ère de la médecine de précision. Vingt pour cent des cancers colorectaux localisés et 5 % des maladies métastatiques présentent un déficit dans la réparation des mésappariements de l’ADN. Ces cancers s’avèrent ainsi instables génétiquement et accumulent dans leur génome un grand nombre d’altérations source de néoantigènes. L’utilisation d’immunothérapies est aujourd’hui la première option thérapeutique pour ces patients. Dix pour cent des cancers colorectaux sont associés à la présence de mutations activatrices du gène Braf. La présence d’une mutation de Braf confère un pronostic défavorable aux cancers colorectaux. Les protéines BRAF produites en présence d’une telle mutation sont activées constitutivement et soutiennent la prolifération, l’invasion et la survie des cellules tumorales. Des inhibiteurs spécifiques (thérapies ciblées) sont actuellement utilisés pour le traitement de cette entité et permettent d’obtenir de meilleurs résultats que la chimiothérapie. Les enzymes de la famille RAS peuvent également être activés par des mutations spécifiques. De telles anomalies sont identifiées dans 40 % des cancers colorectaux et soutiennent également la progression des cancers et un pronostic péjoratif. Des inhibiteurs spécifiques des protéines RAS activées sont en cours de développement. En l’absence d’instabilité génique, la chimiothérapie reste le traitement de première intention. Des anticorps neutralisant les facteurs de croissance épithéliaux (en l’absence de mutations des gènes Ras ou BRaf) ou neutralisant l’angiogenèse sont utilisés en combinaison à la chimiothérapie. La prescription d’un traitement optimal dès le début de la prise en charge des cancers colorectaux métastatiques revêt un enjeu majeur. En effet, il est aujourd’hui possible d’obtenir des réponses thérapeutiques importantes dans plus de 60 % des cas lorsque le traitement est adapté. Pour certains de ces patients, des équipes médicochirurgicales peuvent procéder à la chirurgie des métastases résiduelles et permettre la guérison de cancers au stade métastatique.
Summary
Colorectal cancer is a major public health issue. The incidence of colorectal cancer is increasing in people under the age of 50. The treatment of these cancers is a model in which the integration of medicine targeting molecular alterations in cancer with chemotherapy has led to considerable progress. The treatment of these cancers also represents a challenge for the organisation of care, given the need for patients to have early access to expert centres with medical teams skilled in precision medicine and surgical teams specialising in metastasis surgery. The genomic characterisation of colorectal cancer now makes it possible to consider this disease in terms of the molecular anomalies that characterise its prognosis and predict the effectiveness of the various therapies. The treatment of colorectal cancer has thus entered the era of precision medicine. Twenty percent of localised colorectal cancers and 5% of metastatic disease present a deficit in the repair of DNA mismatches. These cancers are therefore genetically unstable and accumulate a large number of alterations in their genome that are a source of neoantigens. Immunotherapy is now the leading treatment option for these patients. Ten percent of colorectal cancers are associated with the presence of activating mutations in the Braf gene. The presence of a Braf mutation confers a poor prognosis on colorectal cancers. The BRAF proteins produced in the presence of such a mutation are constitutively activated and support the proliferation, invasion and survival of tumour cells. Specific inhibitors (targeted therapies) are currently being used to treat this entity, with better results than chemotherapy. Enzymes in the RAS family can also be activated by specific mutations. Such abnormalities are identified in 40% of colorectal cancers and also underpin cancer progression and a poor prognosis. Specific inhibitors of activated RAS proteins are currently being developed. In the absence of instability, chemotherapy remains the first-line treatment. Antibodies that neutralise epithelial growth factors (in the absence of mutations in the Ras or BRaf genes) or neutralising angiogenesis are used in combination with chemotherapy. Prescribing an treatment for metastatic colorectal cancer is a major challenge. It is now possible to obtain significant therapeutic responses in more than 60% of cases when the treatment is appropriate. For some of these patients, medical and surgical teams can proceed to surgery to remove residual metastases, making it possible to cure cancers metastatic cancer.
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Bull Acad Natl Med 2023;207:1229-33. Doi : 10.1016/j.banm.2023.09.008