Éloge de Guy Offret (1911-2001)
Yves POULIQUEN
Monsieur le président, monsieur le secrétaire perpétuel, Madame, Hervé, mes chers amis, chers confrères. Vous confesserai-je que l’anticipant dans le passé je redoutais ce jour où je devrais retrouver mon Maître au travers de l’implacable logique du temps, pour en honorer la mémoire ; mon Maître Guy Offret, celui qui m’accueillit, orienta ma carrière, la dessina et qui me fit l’honneur d’encourager votre compagnie à me recevoir parmi vous. Est-il utile de dire que furent pour moi très heureuses les années pendant lesquelles je pus, à deux pas de lui, partager les travaux de notre Académie et savourer le bonheur de l’y rencontrer. Est-il convenable de vous préciser que le rôle de père qu’il eut dans ma vie d’orphelin, faisait de cette présence, la garantie qu’il me protégeait encore, loin de la vie hospitalière que nous avions partagée. Lorsque je m’asseyais dans cet hémicycle, mon premier regard s’assurait de sa présence.
Certes, depuis quelque temps les ans se faisaient plus lourds pour lui et les difficultés de nous rejoindre plus grandes et nous comprenions qu’il laissât libre le siège qui restait vide devant le nôtre. Rien cependant n’annonçait la mort soudaine qui le saisit dans son sommeil en ce 14 mars dernier, alors qu’était prévue, quelques jours plus tard, la célébration en sa chère famille de ses quatre-vingt-dix-ans.
Guy Offret quittait la vie avec la même modestie qu’il l’avait vécue. Une vie exemplaire. Car ce confrère, discret, parlant peu mais toujours avec un rare propos, pouvait méditer en silence le souvenir d’une carrière exceptionnelle, que prolongeaient un peu partout en France et ailleurs les centaines d’élèves qu’il avait façonnés d’une manière inégalée. Ne lui devait-on pas d’avoir créé l’une des plus belles écoles d’opthalmologie française et d’avoir compris que cette discipline dont il était possible qu’un seul individu la possédât jusqu’alors comme lui-même —et c’était là son génie— se devait d’être subdivisée en sous-spécialités dont ses élèves seraient les savants promoteurs. Guy Offret put accomplir cette mission remarquable avec des principes d’une extrême simplicité, qui transpiraient de son exercice ordinaire. Arrivé le premier à l’hôpital, il était dès huit heures à la consultation ou en salle d’opération. Il témoignait d’une activité intense, sans relâche et portait à l’enseignement une attention toute particulière. C’était un bonheur de suivre ses visites en salle car son érudition médicale, ses anecdotes rendaient le plus paresseux des étudiants, curieux d’un nouveau savoir. Son austérité apparente, sous sa calotte blanche, et sa blouse serrée jusqu’au cou par une épingle de nourrice, alors qu’un long tablier descendait jusqu’à ses pieds, disparaissait dès qu’il enseignait et il fallait voir l’éclat que prenaient ses yeux bleus quand l’externe le surprenait par une réponse pertinente. Une telle convivialité imprégnait alors son exercice de la médecine de telle façon qu’elle suscitait l’enthousiasme. Il en résultait une surenchère que les élèves cultivaient et dont il acceptait les entreprises avec joie. L’autorité évidente qu’il imposait s’assortissait d’une tolérance modulée par des principes éthiques qui ne souffraient aucune méprise. La cohorte des élèves de Guy Offret était heureuse de partager une telle aventure. Il est possible, qu’en notre compagnie, Guy Offret, prolongeant ses contacts avec la médecine ait souvent songé à cette aventure, à celle de sa vie dont il aurait pu, s’il l’avait osé, être légitimement fier.
Guy-Arnoult Offret a vu le jour le 28 mars 1911 à Dinard, d’un père né à Lannion et d’une mère née à Grace-Uzel, dans les Côtes du Nord. Breton de souche il en revendiquera à la fois les qualités et les défauts : « j’ai, je pense — disait-il dans sa leçon inaugurale — les défauts et les qualités des fils d’Armor : tête dure, mauvais caractère, obstination et absence totale de sens diplomatique ». Tous ceux qui l’ont entouré confirmeront qu’il savait ce qu’il voulait et surtout ce qu’il ne voulait pas, mais contesteront son mauvais caractère. Il avait du caractère, mais c’était une qualité, dont il démontrait l’efficacité d’autant plus qu’il était obstiné. La seule concession que l’on peut faire à sa propre définition concerne peut-être son sens diplomatique qu’il ne chercha pas à améliorer, loin s’en faut, et qui nous valut parfois au sein de son école quelques contrariétés. Breton donc, et en toutes parts, il restera toujours fidèle à ce coin de terre qu’il avait connu dans son enfance, dont Saint-Briac abritera ses premiers jours puis Lancieux où il fixera sa résidence d’été.
Ses repos annuels y seront voués à la mer qu’il aimait retrouver sur son bateau avec Pierre son pêcheur, un ancien et pittoresque cap-hornier, bateau qu’il bordait avec le même enthousiasme et la même énergie que son service d’ophtalmologie. « Je conseille vivement à tous les jeunes de fréquenter la mer, recommandait-il. L’école de la voile, bien qu’elle soit rude, est un excellent exercice à poursuivre parallèlement aux études médicales. Ceux qui s’y adonnent y développeront sang-froid, sens des responsabilités, appréciation mesurée du risque, qualités premières du médecin ».
Sans doute Guy Offret exprimait-il en ce souhait l’héritage à la fois médical et marin qu’il tenait de ses ancêtres. Si ses deux grands pères étaient médecins, son aïeul paternel l’était dans la marine. Son père et lui-même, de même que son fils Hervé, notre collègue ici présent, étant ophtalmologistes on peut s’interroger sur la transmission possible d’un goût dans la famille pour l’œil et ses maladies quand on apprend que l’un et l’autre des grands pères de Guy Offret s’étaient intéressés à l’ophtalmologie, l’un dans la marine en étudiant les relations de la réfraction oculaire et du métier de marin et l’autre en ayant fréquenté le grand ophtalmologiste allemand Von Graefe à Berlin. Avec de telles prédispositions, était-il possible que Guy Offret ne devint pas médecin et ophtalmologiste ?
C’est à Paris où s’était installé son père, au retour de la Grande Guerre que Guy Offret accomplira ses études. D’abord chez les pères jésuites puis au lycée Condorcet dont il sortira bachelier à 16 ans. Il aborde les études médicales après le PCN en 1928. Brillamment nommé Externe des Hôpitaux dès 1929, alors qu’il est fasciné par les travaux d’ostéologie d’André Hovelacque auquel il avait été présenté, il obtient une place chez Pierre Mocquot qui l’impressionne par sa dextérité chirurgicale. Il est interne provisoire en 1931, et Interne des hôpitaux en 1934. C’est au cours de son internat que se confirme sa volonté d’être ophtalmologiste. Ayant accompli son année de service militaire il va successivement apprendre son métier d’ophtalmologiste auprès des Maîtres qu’il avait choisis et celui de neurologue, auprès de Raymond Monier-Vilard. Il aimait devant ses élèves honorer ses maîtres en ophtalmologie : de Poulard alors à Lariboisière il louait « l’énorme bon sens » dans la pratique de la chirurgie. Il évoquait souvent la triste vieillesse de ce parent de la mère Poulard qui termina ses jours, aveugle, au Mont-Saint-Michel ; de Bollack, chef de service à Tenon, il admirait le sens clinique, son érudition en neurologie ; il regrettait sa mort prématurée peu de temps après la libération ; de Velter il aimait rappeler la prestance, la belle intelligence, l’habileté chirurgicale, et son don d’enseigner. Il fut son collaborateur à Saint-Antoine, puis à l’Hôtel-Dieu. Avec lui il mit en place le Certificat d’études d’Ophtalmologie qui devait consacrer la formation des ophtalmologistes français ; du Baron Cerise il appréciait la surprenante activité de consultation, son lever tôt, et sa capacité de traiter en une brève matinée un très grand nombre de malades, et dont il adopta la méthode. De Coutela, à Saint-Louis, notre maître gardait le souvenir ému de l’accueil qu’il lui avait réservé dans son service. Il est vrai qu’il était un grand ami de son père. Il s’était réjoui de me le présenter alors qu’il était déjà très âgé et de lui avoir fait me raconter les péripéties de l’intervention de la cataracte qu’il avait pratiquée chez Claude Monet.
Il était aisé de retrouver chez notre maître les traces de tous ces enseignements qui lui conféreraient cette vaste culture à la fois médicale et chirurgicale qui caractérisait alors notre discipline et qu’il se fit un devoir de nous transmettre. Avec nous, récemment, il déplorait qu’elle se dépouillât insensiblement de sa part médicale pour n’être plus que chirurgicale, comme la formation de nos internes tend à le démontrer.
On serait surpris d’apprendre que Guy Offret, incapable d’oisiveté, n’ait pas prévu d’occuper savamment les après-midi que son exercice d’interne de ce temps-là laissait libres avant la contre-visite du soir. Il en profita pour assouvir une passion qu’il avait senti naître en lui, celle de l’anatomopathologie. Un ami de son père lui avait permis de rencontrer Gustave Roussy. Il fréquentera son laboratoire d’anatomopathologie, à la Faculté, chaque après-midi pendant sept années avec la plus grande assiduité, à l’exception de son temps de mobilisation de 1939-40, franchissant les échelons qui mènent du poste de stagiaire à celui d’assistant, jusqu’à ce qu’il soit nommé, en 1942, ophtalmologiste des hôpitaux. Cet acquis exceptionnel en anatomopathologie conditionnera de façon fondamentale sa carrière et le conduira à devenir dès 1941, chef du laboratoire de la clinique ophtalmologique de l’HôtelDieu. Décision capitale pour son avenir, celui de la discipline, de sa future école si riche en vocations de recherches.
Guy Offret abordera dès lors sa carrière avec une formation pratique et un bagage intellectuel qui le qualifieront rapidement comme l’un des chefs d’école recherchés tout aussi bien en matière d’activité clinique et thérapeutique qu’en neuroophtalmologie, ou en histopathologie oculaire. Aussi le cercle de ses fidèles prit-il naissance, très tôt, à l’hôtel-Dieu, alors qu’il y exerçait les fonctions d’assistant de consultation ; il s’étoffa à Trousseau, où il reçut son agrégation en ophtalmologie puis surtout à Cochin dont il devint le chef du service en 1949, et titulaire d’une chaire de clinique, créée en 1963, à l’instigation du professeur Renard mais motivée par l’extraordinaire réputation que Guy Offret conférait alors à cet établissement. Il y développa toutes les conditions d’un exercice fructueux qui s’épanouira à la clinique ophtalmologique de l’Hôtel-Dieu, dont il deviendra le titulaire en 1964.
Guy Offret était à l’intérieur de ce module actif le maître incontesté et infatigable d’une action collective, enthousiaste, dynamique, expansive que tous ceux qui ont eu le bonheur de la partager n’oublieront jamais. Ses lieutenants, auxquels il déléguait avec confiance ses intentions, multipliaient et diversifiaient les activités médicales ou chirurgicales du service dans une agitation, non dépourvue de bonhomie, dont il est bon d’évoquer le souvenir avec ceux qui peuvent être présents en ce jour et dans la pensée de ceux qui nous ont déjà quittés. Ainsi, André Forest, trop tôt disparu, qui allait conférer au décollement de rétine une spécificité qui en réserverait bientôt le traitement aux seuls spécialistes dont Jean Haut, lui aussi malheureusement disparu, deviendra le chef d’école ; Christian Haye, partageant le goût de l’histopathologie de son maître, qui deviendrait le responsable, très reconnu de l’Oncologie oculaire et, ouvert à la médecine anglo-saxonne, établirait les premières liaisons avec nos collègues américains, René Campinchi qui serait le fervent initiateur de l’études des états inflammatoires de l’œil et de l’orbite et des thérapeutiques anti-inflammatoires nouvelles. Tous se retrouveront à l’Hôtel-Dieu, avant de prendre la direction de leur propre service et que relèveront ceux qui deviendront eux-mêmes les chefs de service distingués des grands services parisiens : Gabriel Coscas, à Créteil, Jean Haut, Henry Hamard et Sylvie Limon aux Quinze-Vingt, Philippe Demailly à SaintJoseph, Françoise Rousselie, hélas disparue, à La Pitié Salpêtrière ; moi-même, auquel avait été confiée la responsabilité des maladies de la cornée, et de la recherche qui restant à ses côtés jusqu’en 1981 lui succéderais à l’Hôtel-Dieu, et y ajouterais une unité de l’INSERM.
Guy Offret trouvait à l’Hôtel-Dieu, où il retrouvait son laboratoire d’anatomiepathologique que dirigeait à sa suite Pierre Dhermy, accompagné de Josette Denis, un espace et un instrument à sa mesure. En ce service qui eut jusqu’à 150 lits et qu’il dirigea jusqu’en 1981, il attira des générations d’internes qui ont essaimé dans toute la France, il hébergea chaque année des stagiaires étrangers du Maghreb, du Moyen-Orient, de l’Europe de l’Est, d’Amérique centrale ou latine, du Japon, qui étaient séduits par la diversité des enseignements qui étaient délivrés à l’Hôtel-Dieu, ou la possibilité de s’initier à la recherche dans le cadre des unités de l’INSERM et du CNRS où Jean-Pierre Faure allait rassembler un grand nombre de chercheurs compétents.
Directeur de l’enseignement de l’ophtalmologie en Île-de-France, Guy Offret, allait ajouter à l’enseignement ordinaire celui des ophtalmologistes confirmés en créant des séminaires d’enseignement postuniversitaire, préludant ainsi l’enseignement médical continu si largement répandu de nos jours. Le succès des réunions mensuelles de l’Hôtel-Dieu, lui permit de coordonner cet enseignement avec celui que nos collègues belges dispensaient en langue française, créant ainsi avant la lettre un embryon d’enseignement européen. Soucieux de la défense de l’ophtalmologie française et inquiet de ce qu’alors deux revues concurrentes, en partageaient et dispersaient la diffusion, il soutint de tout son pouvoir la fusion des « Annales d’occulistiques » et des « Archives d’Ophtalmologie » en un nouveau mensuel « Le
Journal Français d’Ophtalmologie ».
Une telle position, à la tête d’une telle équipe, serait responsable d’une production scientifique considérable. Au moins 420 publications et près de 100 thèses apparaissent dans les titres et travaux de Guy Offret. Elles témoignent de l’extraordinaire capacité de ce maître infatigable à suggérer, à orienter, à corriger le travail de ses élèves mais aussi à se consacrer à des sujets qui lui étaient propres et qui firent son renom. A la suite de sa thèse remarquable sur « Les Myosites orbitaires » qui lui valut une médaille d’argent, citons sa participation à trois rapports publiés par la Société Française d’ophtalmologie, « Les greffes de la cornée » en 1948 avec Louis Paufique et G. Sourdille ; «Les tumeurs primitives de l’orbite » en 1951, sous sa seule signature, qui reste un livre de référence majeur ; «La transparence de la cornée » en 1967 avec P. Payrau, moi-même et J.P. Faure, mais aussi des ouvrages remarqués tels que «Les tumeurs de l’œil » en collaboration avec C. Haye, un « Précis de Neuro-ophtalmologie » en 1959 en collaboration avec L. Guillaumat et P.V. Morax, un traité d’ « Anatomie pathologique de l’œil et de ses annexes » avec P. Dhermy , A. Brini et P. Bec ; un traité d’«Embryologie et tératologie de l’œil » avec P. Dhermy et son fils Hervé Offret.
On comprend que sa réputation ait largement dépassé les frontières de notre pays, que son école ait prit en France une place prépondérante et qu’à l’étranger ses élèves en aient été considérés comme de respectés ambassadeurs. Le souvenir qu’il a laissé parmi nous, ses élèves, s’assortit d’une reconnaissance et d’une admiration que nous entretenons avec déférence et nostalgie. Au travers de son souvenir nous évoquons l’image d’un temps révolu, celui où le dynamisme scientifique de l’après-guerre, responsable de l’évolution des techniques chirurgicales, de la mise au point de thérapeutiques nouvelles, la naissance de concepts physio-pathologiques nouveaux offraient des champs d’expérimentation qu’aucune mesure budgétaire, qu’aucun principe de précaution, sinon celui que notre morale nous imposait, n’entravaient ou ne bridaient. Temps heureux de la croissance, qui alliait à la liberté d’entreprendre le goût d’inventer. Ce que notre maître avait compris et partageait. Peut-être était-il difficile pour celui qui n’appartenait pas à sa « maison » de comprendre l’esprit qu’il y entretenait. Sous son aspect sévère Guy Offret masquait de profondes qualités qui s’épanouissaient dans la confiance des relations qu’il entretenait avec ses proches. Alors, dans l’intimité d’une conversation transparaissait sa nature véritable opposant de profondes convictions religieuses à l’étonnant mystère de la vie mais restant sensible à la misère du monde tout autant qu’aux frissons de l’âme que trouble la poésie. Guy Offret avait choisi d’être un militant au service des hommes et il en avait adopté les formes les plus entraînantes. Lequel de ses élèves résista à son charisme ? Lequel ne s’en sentit pas le protégé ? A l’exemple inlassable de son rôle, nul ne pouvait être indifférent. En ce sens, sans prédication, Guy Offret par sa manière d’être, par ses œuvres, montrait la voie qui permettait de soulager les hommes, et tous, nous savions tout ce qu’elle supposait d’engagement. Est-il utile de préciser qu’à l’opposé, il avait peu de goût pour les honneurs. S’il fut chevalier de la Légion d’honneur, il n’en souhaita jamais plus. Membre à juste titre du Concilium international d’ophtalmologie et de l’Académie Internationale d’ophtalmologie, il ne le mentionnait qu’à peine. Deux distinctions lui furent sensibles : celle de Professeur titulaire de chaire en ophtalmologie, et son élection en notre Académie. Ces honneurs-là s’accordaient avec son engagement. Il n’en désirait aucun autre.
Depuis sa retraite il avait conscience d’avoir laissé derrière lui des hommes capables de continuer son action et son nom, au travers de celui de son fils Hervé, pérennisait la vocation de médecin et d’ophtalmologiste qu’avait initiée ses ancêtres. Il pouvait s’adonner aux joies sereines de la vie familiale. Nous sommes témoins madame, vous sa chère Maryse, du bonheur qu’il avait à réunir autour de vous, tous les enfants et petits-enfants et arrière-petits-enfants auxquels il accordait tant d’affection. Nous en parlions le mardi, en cette Académie, tout en évoquant aussi les images de cette Bretagne qu’il aimait tant et où, dès qu’il le pouvait, il aimait à se retirer. N’en disait-il pas en sa leçon inaugurale, sur un ton de déclamation qui m’avait frappé :
« A quelque distance du lieu où je suis né, se trouve sur un petit plateau dominant la rivière, une modeste chapelle ; chaque année de nombreux croyants y viennent exprimer leur Foi. C’est un de ces hauts lieux peu connus, mais si nombreux en notre pays ; il s’en échappe je ne sais quel souffle bienfaisant et régénérateur qui apaise l’esprit et rend l’espoir. Dans le secret de nos âmes, n’est-il donc pas de place pour le véritable remède des maux qui nous accablent, le maintien et le développement de l’idéal chrétien, idéal de nos pères, le nôtre ? » Tout près de cette chapelle, désormais il repose, comme il l’avait souhaité et dans la paix que sa profonde foi lui accordait et dont son œuvre d’homme avait été inspirée.
Il avait désiré que seule sa famille l’accompagnât en ce dernier instant où il était encore parmi les hommes. Tous en pensée, pourtant nous étions là, cette multitude d’élèves qu’il avait formés et qui l’avaient aimés et qui en ce jour ont tenu à se rassembler pour exprimer à Madame Offret, à Hervé Offret, à ses frères et sœurs la vénération qu’ils portent à leur cher Patron disparu.