Communication scientifique
Séance du 9 novembre 2004

Conclusion

Jacques Frottier *

Conclusion

Jacques FROTTIER *

Face à l’augmentation progressive de la résistance bactérienne aux antibiotiques et en l’absence de nouvelles molécules, un bon usage de l’antibiothérapie est une nécessité qui s’impose à tous les médecins, quels que soient leur mode d’exercice et leur spécialité.

La prescription d’un traitement antibiotique n’est pas aisée. Elle requiert un diagnostic précis, le choix d’un traitement validé et excluant toute contre-indication, des modalités de prescription visant à une efficacité maximale et à la meilleure tolérance possible du ou des antibiotiques choisis, sans négliger leur impact écologique et leur coût. Le nombre important d’antibiotiques disponibles rend ces critères de choix encore plus complexes.

Les modalités de toute antibiothérapie doivent être soigneusement exposées, par le médecin prescripteur, au patient qui la reçoit, condition indispensable à une observance optimale.

La France est le pays européen où la consommation des antibiotiques est la plus forte. Un plan national destiné à préserver leur efficacité a été défini en 2001 et se poursuivra jusqu’en 2005 ; il s’inscrit dans un ensemble de mesures telles que la rédaction de Recommandations de Bonnes Pratiques, renforcées par des Conférences de Consensus destinées aux praticiens et des campagnes d’information ciblant le grand public. Cette démarche, dont les premiers résultats semblent encourageants, rejoint les actions européennes déjà mises en œuvre.

En pratique de ville, l’utilisation excessive des antibiotiques doit être soulignée.

Cette situation relève, en particulier, d’un nombre élevé de consultations médicales et de prescriptions d’antibiotiques au cours d’infections respiratoires bénignes, le plus souvent virales. Des innovations telles que le test de diagnostic rapide de l’angine, des recommandations de traitement court pour favoriser une meilleure observance ont déjà apporté la preuve de leur intérêt. Il est essentiel que ces mesures soient développées auprès de tous les praticiens, sous l’égide du Conseil de l’Ordre et des organismes de Formation Médicale Continue, auprès des étudiants, dans le cadre de l’enseignement de la thérapeutique et à l’égard du grand public. Rien ne saurait remplacer le dialogue singulier entre le médecin et son patient.

A l’hôpital, une utilisation non contrôlée d’antibiotiques, délivrés à titre curatif ou
prophylactique, accroît la prévalence des souches bactériennes multirésistantes, avec le risque de transmission interhumaine de ces souches et d’infections nosocomiales graves. A côté des mesures d’hygiène et d’isolement, qui restent essentielles et des programmes déjà développés dans chaque établissement (Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales, équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière, etc.), la promotion du bon usage des antibiotiques a suscité diverses démarches (Conférences de Consensus, publication, en mai 2002, d’une circulaire DHOS/DGS…). Chaque établissement hospitalier doit prendre, en priorité, plusieurs mesures telles que la désignation d’un médecin référent en antibiothérapie, la création d’une Commission des antiinfectieux, l’élaboration de recommandations consensuelles et la mise en place d’un système de dispensation contrôlée. Il est essentiel que ce programme fasse l’objet de dispositions réglementaires et soit respecté par tous les soignants.

Une politique rationnelle d’antibiothérapie ne saurait toutefois se limiter à la seule prescription médicale. Elle doit s’intégrer dans un large ensemble de directives concernant tous les modes d’utilisation des antibiotiques.

* Membre de l’Académie nationale de médecine.

Bull. Acad. Natle Méd., 2004, 188, no 8, 1297-1298, séance du 9 novembre 2004