Discours
Séance du 6 janvier 2015

Compte rendu de mandat de Secrétaire perpétuel (2011-2014)

Raymond ARDAILLOU *

Pendant les quatre années passées, je vous ai adressé chaque mois de décembre un rapport d’activité détaillé de l’année écoulée afin que chacun d’entre vous puisse se rendre compte de la quantité d’événements qui se produisent et du travail effectué. Je voudrais aujourd’hui brièvement reprendre les principaux axes de mon action et faire le bilan des résultats obtenus pendant la durée totale de mon mandat.

Je commencerai par les statuts de l’Académie. Nous vivions sous le régime de l’ordonnance du 20 décembre 1820 édictée par Louis XVIII. Comme la situation administrative du pays s’est beaucoup modifiée depuis cette date, je rencontrais des difficultés dans la gestion de l’Académie provenant de l’imprécision de notre statut et, en particulier, de la définition du caractère propre de l’Académie par rapport aux autres établissements publics. Il m’a donc paru nécessaire de mettre en route ce que l’Institut de France avait réalisé en 2007, c’est-à-dire d’actualiser notre statut en suivant les trois étapes indispensables, la loi, le décret et le règlement intérieur, dont les deux premières sont maintenant terminées. L’article 110 de la Loi du 22 juillet 2013 définit l’Académie comme une « personne morale de droit public à statut particulier, placée sous la protection du Président de la République ». Elle s’administre librement et bénéficie de l’autonomie financière sous le contrôle de la Cour des Comptes. Il a fallu ensuite préparer le projet de décret à soumettre au Conseil d’État. Pour cela, un groupe de travail comportant le Bureau de l’Académie et deux juristes, Renaud Denoix de Saint-Marc et Claudine Bergoignan-Esper, ont isolé du règlement intérieur actuel les dispositions à caractère statutaire, c’est-à-dire devant être maintenues, comme celles ayant trait aux fonctions des différents membres du Bureau et au Conseil d’administration. Les juristes du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ont complété le projet de décret par des dispositions financières semblables à celles qui s’appliquent à l’Institut de France. Le Conseil d’État a adopté le 9 décembre ce décret qui a été publié au Journal Officiel le 31 décembre et est exécutoire depuis le 1er janvier 2015. Reste le règlement intérieur. Le même groupe de travail a préparé un texte qui fera l’objet d’une large concertation auprès des académiciens début 2015, puis, après d’éventuelles modifications en résultant, sera soumis au vote de l’Assemblée.

Le deuxième projet mené à bien a été la rénovation de l’ancien appartement de fonction situé au 4e étage qui, maintenant, comporte trois bureaux et deux salles de réunion. L’incendie du 3e étage a entraîné du retard dans sa mise à disposition qui est effective depuis le 1er janvier. Il a fallu, en effet, repeindre l’escalier entre les 3e et 4e étages, rétablir l’électricité et demander aux entreprises de reprendre des travaux inachevés ou non conformes. La Fondation de l’Académie dispose dans ces nouveaux locaux d’un bureau plein temps et d’un bureau mi-temps et peut utiliser les salles de réunion lorsqu’elles sont disponibles. Le financement de ce projet a été assuré pour moitié sur nos fonds propres et pour moitié par une subvention publique. Si le 4e étage a été rénové, le 3e est actuellement hors d’usage suite à l’incendie du 6 octobre 2014. Des travaux de réfection ont été réalisés : nettoyage, curage et replâtrage de la pièce à l’origine de l’incendie, mise en sécurité de la corniche extérieure, rétablissement de l’alarme incendie, installation de nouvelles fenêtres, peinture de la cage d’escalier menant au 4ème étage. Restent à repeindre les locaux, refaire les revêtements des sols, et rétablir l’électricité. Ces travaux sont prévus début 2015. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche prend en charge la quasi-totalité du coût de la rénovation, dont une grande partie sur le budget 2014.

Un de mes souhaits, en début de mandat, était de créer un nouveau site internet. Les difficultés rencontrées précédemment venaient de la nécessité de pouvoir consulter des bases de données complexes et étendues relatives aux documents qui s’accumulent depuis 1820. Aussi, nous sommes nous adressés à une spécialiste des bases de données qui, avec l’aide de Vitorio Delage, a créé le nouveau site. Il existe en fait trois sites reliés entre eux, celui de l’Académie, celui de sa bibliothèque et celui de son dictionnaire. Un logiciel de publipostage a été également mis en route.

Un autre de mes souhaits était de réorganiser le fonctionnement de l’Académie surtout dans la gestion de ses finances. Plusieurs décisions ont été prises. Le gérant des quatre immeubles de l’Académie n’a pas été renouvelé dans ses fonctions après que nous avons constaté de nombreux manquements dans sa gestion, source de pertes de revenus pour l’Académie. Il a été remplacé par un autre gérant choisi suite à un marché public. Un comité financier comportant quatre personnalités extérieures compétentes et le bureau de l’Académie élargi à deux autres académiciens a été créé. Il se réunit deux fois par an, reçoit les banquiers chargés de gérer les portefeuilles de valeurs mobilières et leur donne des instructions pour la gestion de notre capital. Je me suis séparé de 3 agents payés sur les fonds propres de l’Académie dont l’un a été remplacé par un fonctionnaire payé par l’État. J’ai remboursé avant son terme l’emprunt contracté par l’Académie pour financer les travaux de la Salle des séances. Le compte propre de la bibliothèque a été supprimé afin que le Secrétaire perpétuel puisse remplir effectivement sa mission d’ordonnateur de toutes les dépenses. De même, la subvention accordée aux relations avec l’IAMP est maintenant gérée directement par l’Académie. J’ai voulu également qu’une partie du personnel remplisse des tâches relevant du secrétariat ou de la bibliothèque afin que les administrations de ces deux entités ne soient pas trop séparées. J’ai dû à regret interrompre l’attribution de bourses de 3e cycle aux étudiants en médecine, pharmacie et sciences vétérinaires du fait de leur coût élevé que ne pouvaient plus supporter les finances de l’Académie. Seules ont été maintenues les bourses de logement et celles destinées aux étudiants chinois des filières francophones de Shanghai et Wuhan.

Les relations internationales ont été largement développées. Un événement important a été la création, au 1er janvier 2014 de la Fondation de l’Académie de médecine dont l’objet est de diffuser la médecine Française à l’étranger auprès du grand public. Pierre Joly, aidé de Bernard Charpentier et d’Yves Juillet, a joué un rôle majeur dans cette création. Deux forums se sont tenus en 2014, l’un à Rio de Janeiro, l’autre à Pékin. L’Académie, de son côté, a poursuivi sa politique de coopération avec divers pays, dont le Québec, la Chine, le Mexique et la Roumanie. Avec le Québec, 2 réunions portant sur la Maladie d’Alzheimer ont été organisées en 2011 et 2013 et nous avons signé une convention avec les universités de cette province. Avec la Chine, nous avons renouvelé en 2013 la convention signée avec l’Académie Chinoise d’ingénierie en 2009 et signé une convention avec l’Association des médecins Chinois. Nous nous sommes réunis tous les ans dont 2 fois à Annecy et 2 fois en Chine, d’abord à Wuhan, puis à Xi’an. Le thème choisi a été celui des maladies infectieuses. Avec le Mexique, nous avons participé à deux réunions communes à Mexico, une sur l’obésité en présence du Président François Hollande, l’autre sur la prévention vaccinale chez les sujets âgés. Deux conventions de coopération ont été signées, l’une à Paris avec le Ministre de la santé de l’État de Mexico, l’autre à Mexico avec les Académies mexicaines de médecine et de chirurgie. À l’invitation de l’Académie roumaine de médecine, nous nous sommes rendus à Bucarest, puis en Bukovine. Nous avons poursuivi notre participation annuelle à la réunion de l’Union médicale balkanique que nous devons recevoir à Paris en septembre prochain.

J’ai fait mon possible pour améliorer l’audience de l’Académie et faire connaître ses activités et ses recommandations en santé publique. Je remercie Nicole Priollaud dont l’imagination, l’ardeur au travail et la disponibilité m’ont été précieuses. Les résultats ont été probants. Vous avez pu lire dans les rapports annuels d’activité la liste des nombreuses auditions d’académiciens auprès des instances parlementaires ou gouvernementales. Vous avez pu lire aussi dans le courrier que vous recevez chaque semaine les nombreux extraits de la presse relatant nos travaux. Une nouvelle Lettre de l’Académie a été lancée à la place de l’ancienne. Elle est maintenant mensuelle et numérisée, ce qui facilite sa diffusion.

Reprenant la lettre que je vous avais adressée en 2010 comme candidat aux fonctions de secrétaire perpétuel, je pense avoir tenu mes promesses. Bien entendu, cela n’a été possible qu’avec l’aide de beaucoup, les membres du Bureau d’abord dont deux d’entre eux m’ont accompagné tout au long de mon mandat, Daniel Couturier dont j’ai pu apprécier toutes les qualités et que je suis heureux de voir me succéder et Jean-Jacques Hauw, trésorier compétent, dévoué et attentif, puis les présidents annuels successifs, Pierre Joly, André-Laurent Parodi, François-Bernard Michel et Yves Logeais. Chacun fut différent dans l’exercice de ses fonctions, mais tous ont joint leurs efforts aux miens afin de faire aboutir les réformes que j’ai détaillées. J’ai toujours travaillé avec eux en parfaite harmonie. Je veux particulièrement remercier Pierre Joly dont les conseils m’ont été précieux pour la réorganisation des finances de l’Académie en début de mandat et dont j’ai pu apprécier l’efficacité et la justesse de jugement. Merci aussi aux membres du personnel que je ne peux pas tous citer, tout particulièrement Hélène Pic dont l’aide constante et les conseils avisés m’ont accompagné, Martine Besmier, chargée de mon secrétariat et de la préparation des séances du Conseil d’administration et Vitorio Delage grâce auquel nous disposons d’un nouveau site internet et d’un dictionnaire numérisé. Je terminerai par la Bibliothèque. Il m’est revenu la tâche de choisir le successeur de Laurence Camous. Je me félicite d’avoir retenu Jérôme Van Wijland qui par sa parfaite connaissance des techniques de conservation patrimoniale, de numérisation des documents et de l’histoire de la médecine a fait de la bibliothèque un outil efficace, ce qui s’est traduit par l’acquisition de nouvelles archives, l’enrichissement des collections et la tenue de réunions scientifiques comme celles en l’honneur de Charles Richet ou de Vésale. Je voudrais, enfin, remercier Jean Cambier pour son travail de préparation des séances et de correction des articles ainsi que Sibylle du Chaffaut dont l’aide efficace nous est précieuse.

Je suis reconnaissant à l’ensemble des académiciens de m’avoir accordé leur confiance. J’abandonne à regret mes fonctions de secrétaire perpétuel. Je le fais parce qu’il ne m’a pas paru raisonnable de les poursuivre après 84 ans. Comme le dit l’Ecclésiaste, « il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel ». Je continuerai à travailler à l’Académie comme vous le faites tous. Je suis persuadé que mon successeur remplira parfaitement bien ses fonctions et lui adresse tous mes vœux amicaux de succès. Je les adresse aussi à Jean-Yves Le Gall avec lequel j’ai eu le plaisir de travailler étroitement lorsque je présidais la Commission I et qu’il en assurait le secrétariat.

Bull. Acad. Natle Méd., 2015, 199, no 1, 111-114, séance du 6 janvier 2015