AutrePrésentation par André-Laurent Parodi
C’est pour moi le plaisir de saluer à ses côtés son épouse Marie-Thérèse, la compagne bien aimée d’une vie tout entière consacrée à la science, la science juridique pour Marie-Thérèse et la neurobiologie pour Michel.
Dans son livre, Meulders nous offre de faire connaissance avec la pensée de William James, un philosophe et biologiste très connu de la fin du xixe siècle et de la première décennie, mais en même temps mal connu et redécouvert à l’occasion de la révolution neuroscientiste contemporaine. Dans son livre récent sur les vingt grands penseurs du xxe siècle, Roger Pol-Droit présente en bonne place James et son biographe. Il peut être considéré comme l’inventeur de la psychologie scientifique et un philosophe de la conscience qu’il aborde de façon pragmatique en prenant ses distances avec Emerson et Swedenborg et en échappant au climat transcendaliste qui règne sur la Côte Est des États-Unis.
On trouve dans le livre de Michel Meulders une description quasi naturaliste de ces grands hommes qui sont Pierce, Thoreau, Wright et de celui qui est en quelque sorte son frère d’Outre Atlantique, Bergson. Sa contribution à la Biologie des Emotions ne saurait se résumer à la querelle entre la théorie dite de Cannon-Bard et celle de Lange-James, version simpliste de la lutte éternelle entre le corps et l’esprit. James a réintroduit la chair dans la subjectivité consciente et inconsciente. Pour lui, la psyché est avant tout, selon l’expression d’Épicure, le cri de la chair, autrement dit, l’éprouvé du corps qui fait le lien entre l’être et le monde. Pour lui, le sentiment l’emporte sur la raison dans la gestion de l’être. La lecture de ses œuvres est éblouissante pour tous ceux qui abordent son œuvre sans préjugé, tant celle-ci est riche des connaissances et des intérêts de cet homme hors du commun. Sa vie est un roman, étrange mélange de souffrance, de maladie et d’amour. Aucun héros des romans de son frère ? dans son œuvre narrative n’atteint la complexité de ce personnage travaillé par la foi, le doute et l’esprit de rigueur. Le lecteur entraîné par l’œuvre de Meulders ne pourra que succomber au charme et à la puissance intellectuelle de l’auteur des « Principles of Psychology ».
Que Michel Meulders en soit remercié.
Jean-Didier Vincent Séance du 17 mai 2011
BARONE R., SIMOES P. —
Anatomie comparée des mammifères domestiques , Paris,
Vigot édit., 2010, 7, Neurologie 2, 836 p.
Ce volume est le septième et dernier tome de l’Anatomie comparée des mammifères domestiques .
Il traite en trois parties :
— du système nerveux périphérique, — des glandes endocrines (professeurs Paolo Berardinelli, Faculté vétérinaire de Teramo et Nicola Mirabella, Faculté vétérinaire de Naples), — de l’Esthésiologie.
Il est utile de rappeler en introduction à l’analyse de cet ouvrage, l’importance et la qualité à la fois pédagogique et scientifique, de cette magistrale collection d’anatomie animale consacrée aux Mammifères domestiques. Commencée en 1966, la collection s’achève en 2010, le tome I, consacré à l’Ostéologie, étant à sa cinquième édition et les trois tomes suivants à leurs quatrième ou troisième.
Elle a été distinguée par plusieurs institutions : l’Académie nationale de médecine (prix Reynal en 1969), l’Académie des sciences (prix Cuvier en 1970) et l’Académie vétérinaire (Médaille du Cinquantenaire en 1978).
Le Professeur Barone, ancien professeur d’anatomie à l’Ecole de Lyon y a consacré une part importante de son activité universitaire.
Plutôt que de décrire, même sommairement, le contenu de ce tome de 823 pages, il nous semble plus intéressant de relever quelques facettes de l’ouvrage.
Tout d’abord sa modernité. Consacré à la science Anatomique, qualifiée parfois de manière très méprisante de « plus morte des sciences mortes », l’ouvrage s’appuie bien entendu sur une description claire et rigoureuse, soutenue par une illustration riche de 347 planches, allant du dessin au trait, dû souvent à la plume de l’auteur, mais aussi à des reconstructions en trois dimensions par superposition de clichés en microscopie électronique à balayage et encore à l’angiographie en fluorescence.
Cette iconographie lui confère, à elle seule, un caractère d’actualité. Elle consacre aussi l’ambition des anatomistes vétérinaires français d’associer anatomie macroscopique et microscopique.
Sa seconde particularité est directement liée à l’anatomie vétérinaire, laquelle est naturellement plurispécifique. Chacun des chapitres, majoritairement consacré au cheval, selon la tradition classique de l’hippiatrie, se termine par un relevé des « particularités spécifiques » propres à chacune de nos espèces de Mammifères domestiques : équidés, bovins, ovins, caprins, porcins, chien, chat et lapin. Cette description de la diversité des structures est particulièrement riche d’enseignements pour certains organes comme l’œil. On y apprend, par exemple, que compte tenu des particularités anatomiques de l’organe et de sa position anatomique, la vision binoculaire étant exclue dans certaines espèces comme les grands herbivores ou le Lapin, ou encore les Oiseaux, l’appréciation des distances met en jeu des modifications rapides de posture de la tête faisant varier le positionnement des images sur la rétine ! Il en va de même du chapitre sur le tégument et les phanères, riche d’une étonnante diversité. Chacun des chapitres s’achève bien évidemment par la comparaison avec l’anatomie de l’Homme.
Enfin, la fibre pédagogique du Maître resurgit ici ou là. C’est ainsi qu’à propos du système nerveux végétatif défini comme un « ensemble efférent de neurocytes et de fibres qui se distribue aux viscères et en contrôle l’activité… », l’auteur prévoit