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Séance du 7 octobre 2008

Visite du Cr2i du 25 juin 2008,

Claude Kenesi *

Le Centre de Recherche en Imagerie Interventionnelle été créé il y a une quinzaine d’années, par une convention entre l’Assistance Publique et l’Institut National de Recherche Agronomique, qui dispose à Jouy en Josas d’un immense campus.

Alex Laurent, co-directeur du centre, nous a présenté, avec la collaboration de Mrs Drouet, Pelage, Bonneau, et de Madame Schwartz les principales activités actuelles.

L’imagerie interventionnelle est impraticable sur de petits animaux. Il faut trouver des sujets se rapprochant du modèle humain. Le travail fait essentiellement appel au mouton et au porc. Ces derniers ne sont guères « maniables » car ils pèsent deux à trois cents kilos. C’est pourquoi, par sélections et croisements, a été créée une lignée de « mini-porcs » de soixante-dix kilos environ. On est alors tout à fait à l’échelle de la chirurgie humaine : réalisation d’anévrysmes expérimentaux, cathétérismes, prothèses.

L’équipe est actuellement très orientée vers le traitement endo-vasculaire des tumeurs qui, fortement vascularisées, sont accessibles. Une démonstration en salle d’opération sur une brebis nous a montré in vivo une séquestration du pôle inférieur du rein. Bien plus, l’injection de micro-billes préparées extemporanément a une triple action : d’une part l’embolisation, d’autre part l’adjonction de Lipiodol qui visualise la zone séquestrée. Enfin, l’imprégnation des billes par un produit cyto toxique permet de délivrer in situ des doses très importantes et de détruire la tumeur en évitant les effets généraux de la chimiothérapie. Nous avons assisté à l’injection sélective d’une branche de l’artère utérine.

Ce programme enthousiasmant est malheureusement loin d’être totalement au point. De nombreux problèmes persistent : calibre des micro-billes, qui se modifie selon le liquide dans lequel elles baignent, dosage précis des produits délivrés, limites réelles de la tumeur. La délimitation de la lésion permettrait de guider la main du chirurgien qui pourrait prétendre à une exérèse complète.

Dans un autre domaine, Madame Isabelle Schwartz a présenté une technique chirurgicale utilisée sur le mouton, permettant de prélever de grandes quantités de lymphe, dans le secteur pré ou post ganglionnaire : le curage lymphatique du cou est facile à réaliser. Après un délai de quelques semaines, des lymphatiques cicatriciels de gros calibre se développent et permettent une canulation continue. L’étude fine des différents types de lymphocytes en situations variées (nyctémère, stress) permet de mieux analyser les processus de réponse immunitaire.

En résumé : une installation très performante, une équipe entraînée, des programmes variés, illustrent la réussite de cette coopération exemplaire.

* Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2008, 192, no 7, 1493-1494, séance du 7 octobre 2008