Résumé
L’insuffisance cardiaque reste, malgré les progrès thérapeutiques, une maladie grave et fréquente, caractérisée notamment pas une perte cellulaire initiale et secondaire, qui n’est actuellement prise en compte par aucun traitement. C’est pourquoi la thérapie cellulaire est apparue comme une méthode novatrice et prometteuse dans la défaillance cardiaque, d’autant plus que les études expérimentales étaient très encourageantes.
Depuis 2000, date du premier patient opéré en France, les nombreux essais cliniques menés avec des cellules souches adultes (myoblastes, cellules médullaires, cellules souches mésenchymateuses) ont donné des résultats en demi-teinte : l’efficacité inconstante et modérée est liée à des effets paracrines et non au remplacement cellulaire espéré : en effet, les cellules souches adultes ne se transforment pas en cardiomyocytes et leur taux de survie après transplantation est très faible.
Pour être efficace, la thérapie cellulaire devrait impliquer des vraies cellules musculaires cardiaques, provenant de cellules pluri ou multipotentes (cellules souches embryonnaires humaines, cellules souches pluripotentes induites, cellules souches résidentes cardiaques) et aboutir à un taux de survie élevé, alors que le milieu biologique est hostile et l’architecture tissulaire dégradée. L’ingénierie cardiaque tissulaire, aidée des nanotechnologies, aidera peut-être à répondre à ce défi.
Summary
Despite therapeutic advances, heart failure remains a common and serious event characterized by initial and progressive loss of cardiac myocytes, a loss that is currently untreatable. Cell therapy has emerged as a promising new approach to the treatment of heart failure, with very encouraging experimental results.
Since 2000, when human stem cell therapy was first attempted in France, clinical trials with adult stem cells (myoblasts, bone-marrow derived cells, mesenchymal stem cells) have given variable results. The inconsistent and modest therapeutic benefit observed in these studies is due more to paracrine effects than to the hoped-for cell replacement, as adult stem cells do not turn into cardiomyocytes and their survival rate after transplantation is very low.
In order to be effective, cell therapy should use heart muscle cells derived from pluri- or multipotent cells (human embryonic stem cells, induced pluripotent stem cells, resident cardiac cells), which are likely to have a higher survival rate in a hostile biological environment and deteriorated tissue scaffold. Cardiac tissue engineering assisted by nanotechnologies may eventually help to meet this challenge.
Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, no 1, 71-83, séance du 28 janvier 2014