L’ANM est préoccupée par des présentations par les media portant sur les qualités de l’eau de consommation publique distribuée en France qui lui paraissent ne pas reposer sur des données scientifiques appropriées.
Elle rappelle à quel point l’assainissement des eaux usées et la distribution d’une eau potable constituent des fondamentaux de la protection de la santé publique, et qu’à ce titre, la France, qui est considérée comme l’un des pays où la qualité de l’eau potable est parmi les plus saines et les mieux contrôlées, a su se doter de moyens techniques et de contrôle valables pour maintenir cette qualité.
L’ANM rappelle également que des situations ponctuelles de non-conformité ne doivent pas faire l’objet d’une généralisation médiatique abusive , ni de corrélations hâtives quant à leur impact sanitaire alors que ce dernier fait systématiquement l’objet d’une évaluation, au cas par cas, par les autorités sanitaires compétentes.
L’ANM tient, par ailleurs, à apporter quelques précisions sur certaines données scientifiques mises en cause au cours de cette émission :
— Il n’y a pas de danger reconnu d’une contamination potentielle par l’ alumi- nium , et ce, quelle que soit son origine, a fortiori si la référence de qualité de 200 μg/L est respectée ; cette limite n’est pas justifiée par des considé- rations sanitaires. Dans tous les cas, l’exposition de l’homme à l’aluminium par l’alimentation est très supérieure à celle par l’eau de distribution puisque, d’après l’AFSSA cette dernière ne représenterait que moins de 10 % de la quantité totale absorbée. Enfin, dans l’état actuel de nos connaissances, il n’y a pas de lien entre cette absorption d’aluminium et la maladie d’Alzheimer.
— En ce qui concerne le radon, sa référence de qualité est de 0,1 mSv/an.
Cette limite ne peut être qu’exceptionnellement atteinte et ceci dans des lieux géographiques où l’exposition naturelle au radon de l’air, d’origine domestique, est considérablement plus élevée. La lutte contre l’exposition au radon ne bénéficie de ce fait que très marginalement d’un contrôle des eaux de distribution.
— D’après l’AFSSA, aucune étude épidémiologique n’a pu établir jusqu’à ce jour de risque attribuable à l’exposition à quelques dixièmes de microgrammes de pesticides par litre d’eau. Cependant, un effort de qualité de la part des exploitants est indispensable, les effets à long terme d’une exposition même minime restant mal connus dans l’attente d’une réévaluation de la toxicité de certains d’entre eux.
— La teneur en ion nitrate de l’eau du robinet ne dépasse qu’exceptionnellement la valeur guide de 50 mg/L actuellement proposée par l’OMS. Cette limite ne correspond pas à une limite sanitaire comme l’a appelée l’AFSSA.
En tout cas, il n’y a aucune raison d’évoquer l’« asphyxie du poumon », même pour des concentrations proches de 50 mg/L. L’eau est dans ce domaine plus facile à contrôler que l’alimentation qui demeure, et de loin, la source principale de nitrates pour l’homme.
— La recherche de résidus médicamenteux dans l’eau du robinet fait actuellement l’objet d’investigations dans le cadre d’un plan national dont, seuls, les résultats permettront de répondre à cette nouvelle problématique.
En conclusion, notre pays conduit en toute clarté, avec sagesse, compétence et fermeté des actions de recherche, de gestion et de contrôle pour distribuer une eau de qualité à nos concitoyens. Des situations ponctuelles ne doivent pas faire l’objet d’une généralisation abusive susceptible d’induire une peur irrationnelle. Cependant l’Académie est consciente de la nécessité d’adapter les traitements et les contrôles aux nouvelles conditions de notre environnement.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 29 juin 2010, a adopté le texte de ce communiqué moins deux abstentions.
* Membre de l’Académie nationale de médecine.
Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 6, 1121-1122, séance du 29 juin 2010