Publié le 8 février 2019

 

Communications

Utilisation de longs ARN non codants pour le diagnostic urinaire du cancer de la prostate par Antonin MORILLON , Equipe ARN non codant, Epigénétique et Fluidité du génome, Institut Curie

Le cancer de la prostate, le plus fréquent chez l’homme (près de 54 000 nouveaux cas par an en France) est la troisième cause de décès par cancer. Le dépistage du cancer de la prostate se fait par le dosage sanguin du PSA (Prostate Specific Antigen) et un toucher rectal. Le diagnostic repose sur les biopsies prostatiques qui peuvent être négatives dans 55 % des cas. La recherche de nouveaux marqueurs plus robustes est donc nécessaire. Le séquençage haut débit du génome et du transcriptome humains, combiné aux analyses bio-informatiques, ont complètement changé la compréhension de l’organisation du génome : seuls 2 % du génome sont transcrits en ARNm codant pour des protéines, 66 % synthétisent des ARN non codants dont font partie les longs ARN non codants (lncRNA). Ces ARN, de plus de 200 nucléotides, sont spécifiques d’une cellule ou d’un tissu donné et peuvent avoir des fonctions oncogéniques ou suppressives de tumeurs. Ils peuvent également être des biomarqueurs diagnostiques, pronostiques et des cibles thérapeutiques en cancérologie. Parmi les différentes classes de lncRNA, les transcrits anti-sens (aslncRNA), codés par le brin d’ADN complémentaire à celui d’un ARN messager, sont les moins décrits. Par séquençage haut débit, les auteurs ont identifié de nombreux aslncRNA non-annotés dont trois d’entre eux sont très significativement augmentés dans les tumeurs de prostate en comparaison à des tissus prostatiques normaux. Ces résultats ont été validés, par la technique d’hybridation (NanoString) sur une cohorte de 166 tumeurs. Une étude préliminaire sur des urines de patients atteints de cancer de la prostate semble très prometteuse. L’objectif est de développer un test urinaire spécifique, non-invasif, précoce, rapide et robuste qui permettrait de diagnostiquer le cancer de la prostate ou d’orienter avec beaucoup plus de pertinence les patients vers des biopsies.

Le coût social des drogues en France par Pierre-Alexandre KOPP; Agrégé des Facultés de Droit et Sciences Economiques, Université Panthéon-Sorbonne

Le coût social des drogues en France mesure le coût monétaire des conséquences de la consommation et du trafic des drogues légales (alcool et tabac) et illégales. Le coût social se décompose en coût externe (valeur des vies humaines perdues, perte de la qualité de vie, pertes de production) et en coût pour les finances publiques (dépenses de prévention, répression et soins, économie de retraites non versées, et recettes des taxes prélevées sur l’alcool et le tabac). Les paramètres de calculs suivent les recommandations du rapport Quinet de 2013 et les données sanitaires ont été collectées dans la littérature scientifique. Le « coût social » de l’alcool et celui du tabac sont proches de 120 milliards d’euros, suivi par les drogues illicites (8,7 milliards d’euros). Le coût social engendré par le tabac peut être rapproché des 13,4 millions de fumeurs et le coût social de l’alcool des 3,8 millions « d’usagers a risques d’alcool ». Les drogues illicites engendrent un faible « coût social » total, en comparaison de l’alcool et du tabac, parce qu’elles sont moins consommées. Le « coût externe » représente l’essentiel du « coût social » pour l’alcool, le tabac et les drogues illicites ; son importance s’explique par le nombre de vies perdues (respectivement environ 49.000, 79.000, 1.600) et par la valeur de l’année de vie perdue (115 000 euros) qu’il est recommandé d’utiliser en France dans les calculs socio-économiques. Le « coût externe » de l’alcool est 8 % plus élevé que celui du tabac bien que le nombre des décès par le tabac soit plus important que ceux engendrés par l’alcool ; en raison d’un âge moyen au décès plus jeune pour l’alcool que pour le tabac (63 ans vs 71 ans) et par le fait que de nombreux décès accidentels engendrés par l’alcool interviennent précocement. Le « coût des drogues pour les finances publiques » est élevé (1,0% du PIB). Chaque année, l’Etat doit payer respectivement pour l’alcool, le tabac et les drogues illicites, 3,9 milliards, 13,8 milliards et 2,4 milliards d’euros. Ainsi, 33 % du déficit budgétaire français seraient constitués par le poids négatif des drogues sur les finances publiques. Les recettes de taxation sont inférieures au « coût des soins » (respectivement 8,5 et 25,9 milliards d’euros). La taxation sur les alcools ne représente que 37 % du coût des soins des maladies dues à l’alcool tandis que les taxes sur le tabac sont également insuffisantes à couvrir le coût des soins engendrés par celui-ci (40 % des recettes de taxation).

Pollution et maladies cardiovasculaires par Pierre GIBELIN, Professeur au CHU de Nice, Responsable du département insuffisance cardiaque, cardiomyopathie

L’effet de la pollution atmosphérique sur les maladies cardiovasculaire est maintenant bien établi. Les études récentes ont montré que l’exposition aux polluants externes en aigu comme à long terme, augmente la mortalité cardiovasculaire, le nombre d’accidents coronariens, d’insuffisances cardiaques, d’arrêts cardiaques, et certains troubles du rythme. Les polluants en cause sont essentiellement les NO, NO², SO², O3, CO et les particules fines (PM2,5 et PM10). Les auteurs ont étudié l’effet de la pollution atmosphérique dans l’agglomération niçoise (NO, NO², SO², O3, PM25 et PM10) sur la fréquence d’admission aux urgences du CHU pour insuffisance cardiaque aiguë sur la période 2014, 2015, 2016. Seule une corrélation faible a été retrouvée avec les PM2,5 sur 5 jours. La prévention passe d’une part, sur le plan individuel, par l’éducation thérapeutique et d’autre part, sur le plan des nations, par une pression sur les gouvernements d’Europe pour que les seuils de l’OMS soient respectés.