Communication scientifique
Session of 18 octobre 2016

Risque cardiovasculaire de la contraception hormonale chez la femme

Cardiovacular risk of hormonal contraception in women

Sophie CHRISTIN-MAITRE*

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

La pilule œstroprogestative (EP) a vu le jour en 1960. Des cas de phlébites et d’embolie pulmonaire sous pilule EP ont été décrits immédiatement, dans les mois qui ont suivi. Malgré la baisse d’œstrogènes au cours des années, le risque vasculaire le plus important d’une contraception EP reste le risque veineux. Il est évalué entre 4 à 8/ 10 000 années-femmes. Ce risque est proportionnel à la dose d’œstrogène et au type de progestatif. Pour évaluer ce risque, l’association des deux composés, œstrogènes et progestatif, est à prendre en considération, et non pas uniquement la génération du progestatif. Le risque veineux augmente avec la présence d’une thrombophilie et l’âge de la femme, surtout après 40 ans. Il est à mettre en perspective avec le risque de thrombose du postpartum qui est de 40 à 60/ 10 000 AF. Le risque artériel d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral sous contraception EP est environ 10 fois plus faible que le risque veineux. La contraception progestative pure n’est pas associée à une augmentation du risque vasculaire veineux ou artériel.

La contraception EP représente encore à ce jour une avancée majeure pour les couples. Au vu de son efficacité, elle permet de planifier les grossesses et d’éviter les grossesses non désirées. De plus, elle présente des avantages non contraceptifs. Le risque vasculaire d’une contraception EP existe mais il reste faible. Afin de le réduire, une éducation médicale est nécessaire afin que les praticiens recherchent systématiquement la présence de facteurs de risque veineux et artériels, pour chaque femme, à chaque renouvellement de la contraception. Des avancées sur les facteurs de risque de thrombose devraient  minimiser encore plus le risque veineux dans les années à venir.  

Summary

A combined pill containing estrogen and progestin was born in 1960. Venous thrombosis and pulmonary embolisms have been reported in women taking this contraception, few months afterwards. Although the estrogen dose has been lowered over the years, the most important cardiovascular risk of a combined pill remains the venous thromboembolic (VTE)risk. It is estimated around 4-8/ 10 000 women-year (WY). It depends on the amount of estrogen as well as the type of progestin. In order to evaluate this risk, both components, such as estrogens and progestins should be taken into account, as the generation of the progestin by itself is insufficient. VTE risk increases in case of thrombophilia and with the age of the woman, especially after the age of 40. It should be put into perspective with the VTE risk observed in the postpartum period as it reaches 40-60/ 10 000 WY. The arterial risk of myocardial infarction and stroke in women taking a combined hormonal contraception is 10 times lower than the VTE risk. Hormonal contraception with progestin only is not associated with VTE risk or arterial risk.

Combined hormonal contraception still represents a major advance. Due to its efficacy, couples may plan their pregnancies and avoid undesired pregnancies. Furthermore, this type of contraception has non contraceptive benefits. The vascular risk remains low. In order to decrease this risk, physicians should be educated in order to evaluate cardiovascular risk factor, for each woman, at each treatment renewal. Advances on risks factors of thrombosis should minimize even more VTE risk within the next years. 

* Université Pierre et Marie Curie, INSERM U933, Service d’Endocrinologie, Hôpital Saint Antoine, AP-HP, 184 rue du faubourg St Antoine 75012 Paris

Bull. Acad. Natle Méd., 2016, 200, no 7, 1485-1496, séance du 18 octobre 2016