Conférence invitée
Séance du 6 janvier 2015

Quel exercice pour la médecine en 2030 ?

What will public health look like in France in the year 2030?

Jean de KERVASDOUÉ *

Résumé

Les grands systèmes sociaux, comme les systèmes de santé, sont très stables et ne se modifient que quand des intérêts nouveaux sont suffisamment puissants pour renverser les intérêts établis. C’est donc exceptionnel. Il existe cependant des facteurs économiques (faible croissance et forte dette), scientifiques (génomique, immunologie, imagerie, etc.), démographiques (vieillissement de la génération du baby-boom), politiques (mondialisation) qui laissent présager à la fois une croissance de la demande et de l’offre de soins, alors que les contraintes budgétaires auront peu de chance d’être levées et que les institutions qui structurent le système ont pratiquement toutes plus d’un demi-siècle. Les tensions vont donc s’exacerber. Si les grandes bases de données et la robotisation vont ouvrir de nouvelles perspectives, la médecine ne se déshumanisera pas : les hommes qui souffrent chercheront toujours un être humain pour les accompagner. En revanche, le système de soins devra s’ouvrir à d’autres professions, organiser sérieusement le parcours des patients, rendre facilement accessible l’accès aux connaissances nouvelles, contrôler les pratiques cliniques et … cesser de creuser le déficit de l’assurance maladie.

Summary

Large national protection programs such as medical care insurances are quite stable systems.  Exceptional reforms only arise when new welfares are powerful enough to offset the existing one. Some factors, either economics (slow growth, high debt ratio), scientific (burst of new techniques such as genomics, immunology, imaging …), demographics (baby-boomers aging) or politics (globalization), however, lead to a steady growth of the supply of health care. This induces very strong financial constraints on old institutions (in France, most of them were founded over half a century ago), and will increase economic tensions. Data bases and robotization will open new avenues, but medical care will keep its human dimension: suffering humans will always look for other humans to trust. The French health care system will have to offer opportunities to new professions, organize the coordination of different actors, provide easy access to new knowledge, control clinical practices and … reduce the deficit.

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* Professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers et Membre de l’Académie des technologies.

Bull. Acad. Natle Méd., 2015, 199, no 1, 69-78, séance du 6 janvier 2015 69