Communiquéenvironnement et sante publique, maladie liee environnement, polluants environnement, reglementation gouvernementale.environment and public health, environmental illness, environmental polluants, governmnent regulation.Guy Blaudin de Thé et André Aurengo, au nom de la Commission XIII (Santé Publique-Épidémiologie-Environnement)
COMMUNIQUÉ au nom de la Commission XIII (Santé publique-Épidémiologie-Environnement)
Plan National Santé Environnement – Recommandations
Guy BLAUDIN de THÉ *
André AURENGO **
Après avoir pris connaissance du Plan National Santé Environnement (PNSE) remis au Premier Ministre en février 2004, l’Académie nationale de médecine voudrait tout d’abord souligner les qualités de ce rapport qui, dans un domaine complexe et controversé, fait un état des lieux complet et de nombreuses propositions pour l’élaboration d’une politique de santé environnementale cohérente.
L’Académie voudrait insister sur les actions qui lui paraissent prioritaires et fait dans ce domaine les recommandations suivantes :
— Procéder à une évaluation précise de l’impact sanitaire des différents facteurs environnementaux, et en particulier de leur part de responsabilité en terme de cancers induits. Pour définir et évaluer les actions de santé publique qui seront retenues, il est important que cette estimation soit la plus précise possible et distingue ce qui relève de la responsabilité individuelle, de celle de la collectivité nationale et internationale.
— Développer les recherches dans le domaine des relations dose-effet des cancérigènes dont les risques ne sont dans la plupart des cas démontrés que pour des expositions beaucoup plus élevées que celles rencontrées dans notre environnement. Les risques de ces expositions ne peuvent donc être estimés que par extrapolation, en utilisant une relation dose-effet. Si elle est trop éloignée de la réalité, une relation dose-effet peut avoir des conséquences graves en termes de santé publique, et de coût, soit en conduisant à une protection insuffisante contre des risques sous-estimés, soit en affectant inutilement à des risques surestimés des ressources qui pourraient être plus utilement employées dans d’autres domaines.
— Développer l’évaluation coût-bénéfice des mesures envisagées. Compte tenu de l’état de pénurie où se trouve notre système de santé, il ne serait ni efficace ni éthique de développer une action en santé environnementale sans en avoir estimé le coût et le bénéfice escompté, l’avoir évaluée par rapport à d’autres priorités de santé publique, et avoir prévu sa réévaluation périodique en termes environnementaux et sanitaires.
— Conduire en priorité de telles évaluations et des actions proportionnées dans cinq domaines qui concernent des risques avérés ayant un grave impact sur la santé, à savoir : tabagisme passif, surexposition au soleil ou aux UV artificiels, pollution urbaine de l’air, exposition à des taux de radon supérieurs à 1000 Bq.m-3 dans les habitations et infections nosocomiales.
— Soutenir les recherches sur le mécanisme d’action et les relations doseeffet pour des expositions chroniques, dans cinq domaines qui concernent des risques non établis mais potentiellement importants et qui font l’objet d’une demande sociale, à savoir : faibles doses de rayonnements ionisants, faibles concentrations de radon, faibles doses de dioxine, exposition aux pesticides, impact sanitaire des impuretés de l’eau.
— Améliorer la communication sur les risques environnementaux en privilé- giant l’information par la confrontation scientifique et le débat public, plutôt que par l’alarmisme et les effets d’annonce.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 25 mai 2004, a adopté le texte de ce communiqué à l’unanimité.
* Membre de l’Académie nationale de médecine. ** Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine
Bull. Acad. Natle Méd., 2004, 188, no 5, 865-866, séance du 25 mai 2004