Communication scientifique
Séance du 25 mars 2014

Neurobiologie des endocannabinoïdes – mise en relation avec les effets du tétrahydrocannabinol du chanvre indien

MOTS-CLÉS : CANNABINOL. ENDOCANNABINOÏDES
Neurobiology of endocannabinoids and central effects of tetrahydrocannabinol contained in Indian hemp
KEY-WORDS : CANNABINOL. ENDOCANNABINOIDS

Jean COSTENTIN *

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

Le tétrahydrocannabinol (THC), principe psychotrope majeur du chanvre indien, générateur d’addiction psychique et physique, développe de multiples effets et suscite de nombreux méfaits centraux et périphériques, en interférant avec les fonctions imparties au système endocannabinoïdergique physiologique. Ce système régule la libération de plusieurs médiateurs, dont celle de la dopamine, ce faisant il module d’une façon subtile maintes fonctions physiologiques. Il implique des ligands, dérivés de l’acide arachidonique (anandamide, diarachidonoylglycérol, virodhamine, noladin ether, N arachidonoyl dopamine, etc.), qui stimulent deux types principaux de récepteurs (CB1  centraux et CB2 périphériques). Dans le cerveau les récepteurs CB1 sont très nombreux et ubiquistes ; ils affectent diverses fonctions cérébrales importantes (éveil, attention, mémoire, cognition, anxiété, thymie, activité délirante, hallucinatoire, coordination des mouvements, équilibre, maturation cérébrale à l’adolescence, etc.). Loin de mimer les effets de ces endocannabinoïdes, le THC les caricature en s’imposant partout à la fois, intensément, durablement ; il peut alors désensibiliser ces récepteurs, affaiblissant ainsi l’effet imparti à leurs ligands endogènes. Le THC, en raison de son exceptionnelle lipophilie, s’accumule des jours et même des semaines dans le cerveau. Il n’est pas, tant s’en faut, une drogue douce, mais une drogue lente ; dont l’abus suscite des modifications très durables du fonctionnement cérébrale et peut susciter divers troubles psychiques et psychiatriques.

Summary

Tetrahydrocannabinol, the main psychotropic component of Cannabis indica, is an addictive drug with multiple effects including both peripheral and central damage. All these effects are due to interference with endocannabinoidergic transmission.

This endocannabinoid system subtly regulates many physiological functions. This regulation involves various ligands derived from arachidonic acid (anandamide, di-arachidonoylglycerol, virodhamin, noladin ether, N arachidonoyl dopamine, etc.) which stimulate two main types of receptor: CB1 in the central nervous system and CB2 in the periphery. CB1 receptors are very numerous and ubiquitous in the brain. They influence various important functions (awakening, attention, delirium, hallucinations, memory, cognition, anxiety, humor, stability, motor coordination, brain maturation, etc.). Far from mimicking endocannabinoids, THC caricatures their effects. It affects all brain structures, simultaneously, intensely and durably, inducing down-regulation of CB1 receptors and thereby reducing the effects of their physiological ligands. On account of its exceptional lipophilia, THC accumulates for days and even weeks in the brain. It is not a soft drug but rather a slow drug: its abuse induces long-lasting modifications and deterioration of brain function, potentially leading to various mental and psychiatric disorders.

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Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, no 3, 527-539, séance du 25 mars 2014