Résumé
En France, la qualité de l’air extérieur fait l’objet d’une surveillance réglementaire par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Des données modélisées viennent compléter ces mesures. En complément de cette métrologie normée se développent aujourd’hui, d’une part, des capteurs fixes moins coûteux, susceptibles d’être déployés sur de nombreux sites, et d’autre part, des microcapteurs mobiles portés par un individu qui souhaite connaître son exposition aux polluants de l’air. Ces capteurs citoyens vont être très prochainement utilisés par le grand public qui ne manquera pas d’interroger les professionnels de santé et notamment les médecins à propos des résultats obtenus. Or ceux-ci sont encore insuffisamment formés à cette thématique. Le sujet est en plein développement, comme en témoigne le nombre croissant de publications sur ce thème. Face au grand nombre et diversité des capteurs désormais disponibles, la métrologie et la nécessité de disposer de données fiables sont primordiales. Dans ce cadre, Airparif vient de procéder à l’évaluation d’une centaine de capteurs en laboratoire et en conditions réelles. Le protocole d’évaluation concerne des éléments qualitatifs (nature des polluants mesurés, source d’énergie, fiabilité, versatilité et mise en œuvre) et quantitatifs (variabilité des mesures, pourcentage d’erreur absolue vs valeur de référence). La structuration et surtout l’exploitation des bases de données correspondantes aux mesures sont quant à elles peu évaluées actuellement. À côté de ces considérations techniques se pose la question de la contribution de cette technologie au changement de comportement du citoyen ou du patient. Ce point a fait l’objet d’un rapport de l’ADEME en novembre 2017. Ce dernier conclut que la connaissance du niveau de pollution et des risques sanitaires associés ne suffit pas à induire un changement de comportement pérenne. La facilité d’adoption de pratiques plus vertueuses et la partage d’information sont les points clés dans la dynamique de changement de comportement. Les professionnels de santé doivent y jouer un rôle majeur. Cette nouvelle technologie permettra enfin, dans le champ de l’épidémiologie respiratoire, une appréciation plus fine de l’exposition individuelle.
Summary
In France, monitoring of air quality is performed by approved organizations which use both measurements and modelisation. In addition to this standardized metrology, cheaper stationary apparatus that can be deployed in a variety of sites and mobile microsensors which can be used by the general public have been marketed. These will induce questions, especially for health professionals. The latter remain inadequately trained for this issue. This topic of increasing interest provides a large number of publications. In order to deal with the large volume and the diversity of sensors, metrology and reliable comprehensive data are paramount. Recently, Airparif has evaluated about one hundred microsensors in the lab and in real life conditions. This evaluation has turned on qualitative data such as energy source, reliability, changeability and usability and quantitative data such as measurement variability and systematic errors. Structuring and mostly use of corresponding databases have yet to be properly evaluated. Besides these technical considerations, the question about possible behavioral changes induced by knowledge of air pollution data arises. This topic has been studied by ADEME in a 2017 report. Its conclusion is that knowing air pollution levels and attached health impact does not by itself induce sustained behavioral changes. Those changes can only occur if they are easy to implement and if they are shared with other people. Health professionals have a central role to play. In the field of epidemiological research, microsensors will allow a more precise evaluation of individual exposure to air pollution.
Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2019.05.021 (Discussion)
Accès sur le site EM Consult (Discussion)
Bull Acad Natl Med. 2019;203:613-617. Doi : 10.1016/j.banm.2019.05.021