Communication scientifique
Session of 14 mai 2019

Protection contre l’allergie par l’environnement de la ferme : en 15 ans, qu’avons-nous appris de la cohorte européenne « PASTURE » ?

MOTS-CLÉS : Allergie et immunologie, Allergènes, Fermes, Asthme, Dermatite, Lait
Protection against allergy by farm environment: What have we learnt from the PASTURE European Children Cohort?
KEY-WORDS : Allergy and immunology, Allergens, Farms, Asthma, Dermatitis, Milk

D.A. Vuitton (a, ⁎, b) , A. Divaret-Chauveau (c, d), M.-L. Dalphin (e), J.-J. Laplante (f), E. von Mutius (g), J.-C. Dalphin (d, h)

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

Résumé

Les pathologies allergiques sont devenues un problème de santé publique en raison de l’augmentation de leur incidence au cours de la seconde moitié du XXe siècle et de leur relation avec les modifications environnementales qui ont accompagné cette période. Au sein de « l’hypothèse hygiène » qui associait cette augmentation d’incidence à une diminution de l’exposition aux agents microbiens, des études transversales ont associé l’environnement spécifique de la ferme de production laitière à une protection significative contre les allergies. Pour confirmer ces constatations, depuis 15 ans, et du dernier trimestre de grossesse de leur mère jusqu’à maintenant, 1000 enfants de régions rurales de 5 pays européens (Allemagne, Autriche, Suisse, Finlande, et France/Franche-Comté) ont été étudiés dans la cohorte PASTURE ; 500 vivaient à la ferme et 500 étaient sans relation directe avec une ferme. Les résultats de ce travail multidisciplinaire soulignent le rôle (1) de la diversité des expositions aux animaux et aux micro-organismes, et des aliments introduits chez les jeunes enfants ; (2) de la consommation de lait cru ; (3) des expositions de la mère avant la naissance pour le devenir immunologique et allergique de l’enfant ; et (4) d’une orientation précoce des cellules dendritiques, des cellules T, et de la sécrétion cytokinique vers un profil « régulateur » sous l’effet des facteurs environnementaux. Bel exemple de coopération européenne et d’implication des familles dans une recherche clinique très exigeante, la cohorte PASTURE mise maintenant sur un suivi de ces enfants jusqu’à l’âge adulte et des débouchés en termes de prévention.

Summary

Atopic allergic diseases have become a public health problem because of the marked increase in their incidence along the second half of the 20th century, and their relationship with environmental changes observed in that period of time. Within the “hygiene hypothesis” which associated this increased incidence with a decrease in children’s exposure to microbial agents, cross-sectional studies stressed the relationship between dairy farm specific environments with a significant protection against allergy. For the last 15 years, since the last trimester of their mother’s pregnancy until now, in the PASTURE cohort 1000 children have been studied in dairy farming regions of 5 European countries (Austria, Finland, France/Franche-Comté, Germany, and Switzerland); 500 lived on a farm and 500 also lived in rural areas, but did not live on a farm. The results of this multidisciplinary endeavor pointed to the role of (1) the diversity of exposure to animals, microbes, and food in early childhood; (2) the consumption of raw milk and milk products; (3) maternal exposure before delivery for the immunological and allergic future of the child; (4) an early orientation/differentiation of dendritic cells, T cells and secreted cytokines towards a “regulatory profile”, under the influence of the environmental factors. The PASTURE cohort is a remarkable example of European cooperation to better understand a public health problem, and of the involvement of families in a very demanding clinical research project. Its coordinators now expect to maintain the follow-up of the children until adult age and to work on “farm-like” preventive measures.

Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2019.05.020 (Discussion)

Accès sur le site EM Consult (Discussion)

(a) 4e division de l’Académie nationale de médecine, 75006 Paris, France. (b) EA 3181, centre collaborateur OMS, université Bourgogne Franche-Comté (UBFC), UFR Santé, 19, rue Ambroise-Paré, 25030 Besançon, France. (c) Département d’allergologie pédiatrique, CHRU de Nancy, 54500 Vandoeuvre-lès-Nancy, France. (d) UMR UBFC/CNRS associée à l’INRA et à l’Inria 6249 « Chrono-environnement », 25030 Besançon, France. (e) Unité de pathologie respiratoire et allergologie, département de pédiatrie, CHRU de Besançon, 25030 Besançon, France. (f) Association santé, éducation, et prévention sur les territoires, Franche-Comté/Bourgogne, 25000 Besançon, France. (g) Dr. von Hauner Children Hospital, Ludwig-Maximilians University Munich, 80337, Munich, Allemagne. (h) Service de pneumologie, oncologie thoracique et allergologie respiratoire, CHRU de Besançon, 25030 Besançon, France

Bull Acad Natl Med. 2019;203(7):618-630. Doi : 10.1016/j.banm.2019.05.020