Résumé
L’ulcère de Buruli ou infection à Mycobacterium ulcerans est une maladie bactérienne tropicale négligée selon les termes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les principales zones d’endémie sont en Afrique subsaharienne, en Australie et au Japon. Cette maladie est caractérisée par la présence d’une ou plusieurs lésions cutanées sous forme de nodules, papules puis de lésions ulcérées qui peuvent être étendues et délabrantes. La bactérie responsable, M. ulcerans, appartient à la famille des mycobactéries, mais a la particularité d’héberger un plasmide qui porte les gènes de pathogénicité codant pour une toxine lipidique qui a des propriétés cytotoxiques, immunosuppressives et analgésiantes. Le traitement qui était basé sur la chirurgie a évolué ces 20 dernières années vers un traitement antibiotique totalement oral de 8 semaines associant rifampicine et clarithromycine ou fluoroquinolone. Ce traitement médicamenteux doit être associé avec une prise en charge soigneuse des plaies et de la rééducation, la chirurgie gardant des indications reconstructrices. Le réservoir est environnemental (zones humides) et animal mais le mode de contamination à l’homme reste inconnu. Les défis actuels sont multiples. Une méthode de diagnostic rapide réalisable dans les centres de santé des pays endémiques permettrait un diagnostic au stade pré-ulcéré. Le raccourcissement du traitement antibiotique semble envisageable grâce à de nouveaux schémas thérapeutiques ou de nouveaux antibiotiques. Finalement, le développement de moyens de prévention comme une meilleure prise en charge des plaies avant contamination, une meilleure compréhension des modes d’infection de l’homme, et le développement d’un vaccin, sont urgemment nécessaires pour améliorer le sort des malades et circonscrire les épidémies.
Summary
Buruli ulcer or infection to Mycobacterium ulcerans is a neglected tropical bacterial disease according to World Heath Organisation. The main endemic areas are in sub-Saharan Africa, Australia, and Japan. The disease is characterized by the presence of one or more skin lesions such as nodules, or papules and then ulcerated lesions, which can be extensive and deteriorating. The responsible micro-organism is M. ulcerans, a mycobacteria species that has the particularity of harboring a plasmid. The latter carries pathogenicity genes coding for a lipid toxin that has cytotoxic, immunosuppressive, and analgesic properties. The treatment, which was earlier based on surgery has evolved over the last 20 years towards a fully oral antibiotic treatment with 8 weeks of rifampicin and clarithromycin or fluoroquinolone. This antibiotic regimen must be associated with careful wounds management and rehabilitation. Surgery is keeping mainly reconstructive indications. The bacterial reservoir is environmental (wetlands) and animal but the mode of contamination to humans remains unknown. The current challenges are numerous. A rapid diagnostic method that can be performed in health centers of endemic countries would allow a diagnosis at the pre-ulcerated stage. The shortening of antibiotic regimen seems possible, thanks to new therapeutic schemes or new antibiotics. Finally, better prevention is urgently needed to improve the fate of patients and contain epidemics. It should be based on better management of wounds before M. ulcerans contamination, on better understanding of the modes of human infection, and on the development of a vaccine.
Accès sur le site Science Direct : https://doi.org/10.1016/j.banm.2023.07.013
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Bull Acad Natl Med 2023;207:1034-43. Doi : 10.1016/j.banm.2023.05.003