Communication scientifique
Séance du 30 octobre 2018

Les imperfections actuelles des traitements antihypertenseurs et leur correction

MOTS-CLÉS : ASSOCIATION FIXE. HYPERTENSION ARTÉRIELLE. PHARMACOLOGIE. TRAITEMENT
Current flaws in antihypertensive treatments and correction
KEY-WORDS : COMBINATION THERAPY. HYPERTENSION. PHARMACOLOGY. TREATMENT

Stéphane LAURENT*, Theodora BEJAN-ANGOULVANT**, Pierre BOUTOUYRIE***

Theodora Bejan-Angoulvant et Pierre Boutouyrie déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article. Stephane Laurent déclare avoir reçu des honoraires des Laboratoires Menarini, Novartis, Recordati, Sanofi et Servier pour des activités d’investigateur d’essais cliniques et d’orateur/modérateur lors de congrès scientifiques, au cours des 5 dernières années.

Résumé

Il existe un paradoxe entre d’un côté le grand nombre de molécules disponibles et bon marché et la quasi-gratuité des médicaments et d’autre part leur sous-utilisation par inertie thérapeutique et inobservance. Nous souhaitons souligner ici certaines imperfections concernant les traitements antihypertenseurs en France et suggérer quelques moyens de les corriger. Cela concerne en premier lieu l’utilisation des génériques. Nous proposons la généralisation de la prescription DCI (Dénomination Commune Internationale) et l’utilisation par le patient d’un générique de la même marque tout au long de son traitement pour éviter toute erreur de prise et favoriser l’observance médicamenteuse. Le deuxième problème concerne les bithérapies fixes d’antihypertenseurs de première intention, insuffisamment prescrites malgré un niveau de preuve croissant alors que leur utilisation est maintenant recommandée par les sociétés savantes européennes. Il est nécessaire de sensibiliser les médecins et les patients, ainsi que les industriels du médicament à l’intérêt de contrôler rapidement l’hypertension. La troisième imperfection concerne l’absence de remboursement des combinaisons fixes triples d’antihypertenseurs, prescrites en deuxième intention. Les industriels du médicament devraient être encouragés à mettre en place des essais thérapeutiques randomisés qui prendraient en compte l’amélioration de l’observance à court et à long terme, la baisse de la pression artérielle et la réduction des complications cardiovasculaires, de manière à convaincre les membres de la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) et obtenir ainsi un remboursement. Enfin, de manière plus spécifique, la prescription d’eplerenone devrait être autorisée et remboursée en cas d’HTA résistante sans hyperaldostéronisme primaire chez les patients intolérants à la spironolactone.

Summary

There is a paradox between the high availability of antihypertensive drugs and their underuse because of therapeutic inertia and lack of adherence. We aim at underlining here some flaws regarding the treatment of hypertension in France and suggesting some corrections. The first issue concerns generic drugs. We recommend the wide use of INN (International nonproprietary name) prescription by physicians, as well as the use of the same generic brand throughout long years of treatment in order to avoid errors in drug intake and favor drug adherence. The second issue relates to first-line fixed-dose (double) combination therapies, insufficiently prescribed despite an increasing level of evidence for a better blood pressure control and reduction of cardiovascular complications. Not only physicians and patients, but also drug companies should be sensitized to this issue. Another issue is that second-line fixed triple combinations are not reimbursed in France. Large randomized controlled trials should be designed to show a higher drug adherence, a better blood pressure control, and less cardiovascular complications. This data are necessary to convince regulatory authorities that fixed-dose triple combinations should be reimbursed in patients at high cardiovascular risk. Finally, prescription of eplerenone should be authorized and reimbursed in patients with resistant hypertension and no primary aldosteronism but intolerant to spironolactone.

*Service de Pharmacologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, et INSERM U 970 ; 56 rue Leblanc, 75015 Paris. E-mail : stephane.laurent@egp.aphp.fr **Service de Pharmacologie Médicale, CHRU et Université de Tours. E-mail : theoroda.angoulvant@univ-tours.fr ***Service de Pharmacologie, Hôpital Européen Georges Pompidou, et INSERM U 970 ; 56 rue Leblanc, 75015 Paris. E-mail : pierre.boutouyrie@egp.aphp.fr

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, no 7, 1561-1569, séance du 30 octobre 2018