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INFORMATION
Le syndrome Respiratoire Aigu Sévère (SRAS).
Première épidémie du XXIe siècle
Gilles BRUCKER *
En mars 2003 une alerte mondiale a été déclenchée concernant une épidémie de pneumopathies sévères, ayant débuté en Chine, et s’étant progressivement étendue à de nombreux pays en quelques semaines.
L’origine virale (Coronavirus) a pu rapidement être mise en évidence, sa gravité attestée par une létalité estimée entre 5 et 15 %. Cette épidémie a permis de souligner la nécessité de développer un système d’alerte sanitaire mondial, en lien avec l’OMS.
L’émergence de nouveaux agents infectieux, en particulier de virus passant de l’animal à l’homme, constitue un risque de mieux en mieux identifié, et dont la dissémination internationale rapide est favorisée par l’accroissement des migrations humaines et du trafic aérien. En deux mois 8 000 cas ont été identifiés dans 31 pays faisant plus de 600 morts. La mobilisation active du système de santé et des professionnels, et la mise en œuvre d’une politique précoce de détection, d’isolement et de prise en charge des cas constituent l’élément essentiel de la maîtrise du risque épidémique.
L’information du public, dans un contexte épidémique mondial demeure difficile, et les dérives sécuritaires un risque non négligeable pour les professionnels de santé et pour les populations exposées.
Le début de l’alerte
Le 11 mars 2003, à 20h18, l’Institut de Veille Sanitaire a déclenché en direction du Ministère de la Santé une alerte en raison de la situation relative à une épidémie, apparemment grave, de pneumopathie sévissant en Asie.
Depuis trois mois déjà des informations peu précises et incontrôlables faisaient état d’une épidémie de pneumopathie (305 cas) en Chine,dans la province de Guangdong, que les autorités chinoises attribuaient à Chlamydia pneumoniae .
Des informations émanant de Hanoï ont révélé qu’un homme d’affaires ayant séjourné à l’hôtel Métropole de Hong Kong avait été hospitalisé le 26 février à l’Hôpital Français de Hanoï pour une pneumonie atypique. Au 11 mars, on comptait dans cet hôpital 29 cas de pneumopathies touchant spécifiquement le personnel hospitalier et les visiteurs de ce cas. Cette situation justifiait le déclenchement d’une alerte sanitaire en France pour prendre la mesure du risque épidémique et définir les mesures de surveillance et de contrôle.
Le ministère de la santé au Vietnam a demandé l’assistance de l’OMS. Cette demande a été relayée par le réseau d’alerte mondial (GOARN). Un épidémiologiste de l’Institut de Veille Sanitaire partait, dès le lendemain, pour Hanoï.
Deux autres devaient se rendre plus tard à Pekin et à Hong Kong.
La chaîne de transmission initiale de la maladie au plan international
La plaque tournante initiale de la diffusion du virus a été l’hôtel Métropole à Hong Kong où, en février, a séjourné le premier cas importé à Hong Kong venant de Guangdong. Une dizaine de personnes séjournant dans ce même hôtel ont été contaminées exportant la maladie vers le Vietnam, Singapour, les Etats-Unis, le Canada et l’Europe… L’hypothèse d’une maladie virale à transmission respiratoire était rapidement confirmée. Les personnels soignants exposés ont été gravement concernés par le SRAS dès son début.
L’évolution mondiale
L’épidémiologie du SRAS a été marquée par un nombre croissant de pays concernés, identifiant des cas, avec une gravité de la situation très variable suivant les pays (voir tableau).
Au 20 mai, l’OMS a reçu la notification de 7 919 cas probables de SRAS de la part de 31 pays. Parmi ces malades, 662 (8,3 %) sont décédés et 3 984 (50,3 %) sont considérés comme guéris.
Tenant compte du nombre important de patients encore en évolution, l’OMS estime la létalité de la maladie à environ 15 %. Cette létalité augmente avec l’âge, allant de 1 % pour les moins de 24 ans à 50 % pour les plus de 65 ans.
Plus de la moitié des cas concerne la Chine, notamment la province de Guangdong, Pékin, et Hong Kong. En France, sept cas probables ont été identifiés et pris en charge dans les hôpitaux. Cinq de ces sept cas relèvent d’une contamination à Hanoï, ou dans le vol Hanoï-Paris ayant hébergé le premier cas français ; les deux autres cas d’une contamination en Chine (Nankin). Au 20 mai aucun de ces cas n’était décédé ; aucun cas secondaire n’est survenu en France.
La maladie « SRAS »
Le SRAS est une pneumopathie due à un virus de la famille des coronavirus.
Ce virus a été isolé chez de nombreux cas ; il est aujourd’hui reconnu comme l’agent de la maladie. Il est identifiable dans les prélèvements pharyngés ou bronchiques par technique PCR ou culture cellulaire. La mise au point de tests sérologiques est en cours.
Au plan clinique, la maladie se caractérise par une fièvre, de la toux et des images radiologiques principalement à type de pneumopathie interstitielle. L’incubation est de 2 à 10 jours. Aucun traitement n’a réellement fait la preuve de son efficacité. La ribavirine et les corticoïdes ont été souvent proposés.
La transmission de la maladie
Elle se fait par contact direct avec un malade symptomatique (gouttelettes de Pflügge). Une transmission indirecte a été évoquée : elle est possible mais non démontrée. La présence du virus dans les selles de certains malades pourrait accréditer une transmission possible par l’environnement.
Les mesures de contrôle en France
En l’absence de traitement efficace et de vaccin utilisable, le contrôle de la maladie ne peut passer que par l’identification des cas et leur prise en charge, avec isolement respiratoire aussi précoce que possible.
Une stratégie coordonnée à l’échelon mondial a été définie. Elle concerne :
— la définition des cas suspects ou probables en fonction de leurs symptômes, de leurs lieux de séjour et de leurs contacts éventuels avec des cas ;
— le contrôle des voyageurs à l’embarquement des zones géographiques les plus touchées (interdiction de voyager en cas de fièvre ou de maladie respiratoire) et à l’arrivée de zones considérées comme à risque de transmission (contrôle sanitaire et « traçabilité des voyageurs ») ;
— l’information du public (numéro vert), et des professionnels de santé sur les symptômes de la maladie et la nécessité d’une prise en charge immédiate et directe par le SAMU en cas de début de la maladie chez les personnes exposées au SRAS ;
— les mesures de protection respiratoire nécessaires lors de la prise en charge des cas suspects ou probables ;
— la définition de service de référence capable d’assumer, avec toutes les mesures de précaution, la prise en charge effective des cas ;
— le suivi régulier, par l’Institut de Veille Sanitaire, de tous les sujets ayant été exposés au SRAS, et l’établissement d’un bulletin épidémiologique quotidien sur les cas suspects ou probables du SRAS.
* Directeur de l’Institut de Veille Sanitaire, 12 rue du Val d’Osne — 94415 Saint-Maurice cedex. Tirés-à-part : Professeur Gilles BRUCKER, à l’adresse ci-dessus.
Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, n° 5, 977-981, séance du 20 mai 2003