Résumé
La transplantation intraportale d’îlots pancréatiques humains a montré sa faisabilité et son efficacité clinique. Elle permet de restaurer un contrôle glycémique chez les patients diabétiques de type 1 instable. Elle nécessite cependant la mise en place d’un traitement immunosuppresseur à vie qui n’est pas sans conséquence pour le patient. De plus, son application a un grand nombre de patients reste limitée par le nombre de pancréas et donc d’îlots pancréatiques isolés disponibles. Les faibles rendements de ces isolements associés au nombre d’îlots nécessaires par patient pour atteindre l’insulino-indépendance contribuent également à limiter cette thérapeutique à un très faible nombre de patients. Pourtant, d’autres sources de cellules sécrétrices d’insuline sont aujourd’hui disponibles : les cellules d’origine animale ou les cellules souches. En revanche, leur utilisation en transplantation reste contrainte par les risques qu’elles représentent lorsqu’elles sont transplantées sous forme libre dans l’organisme. C’est dans ce contexte que s’inscrit le concept de pancréas bioartificiel qui vise à appliquer la thérapie cellulaire à un plus grand nombre de patients grâce à un accès à d’autres sources de cellules sécrétant de l’insuline tout en s’affranchissant de l’utilisation de traitement antirejet. Le principe du pancréas bioartificiel consiste donc à encapsuler des cellules sécrétrices d’insuline dans des systèmes semi-perméables qui sont immunoprotecteurs mais qui permettent le passage de l’oxygène, des nutriments, du glucose et de l’insuline. Il est donc primordial qu’un pancréas bioartificiel remplisse les trois fonctions pré-requises : protéger les cellules du système immunitaire du receveur, protéger le receveur de ces cellules, maximiser la fonction de ces cellules. Différentes approches ont ainsi été envisagées de la microencapsulation à la macroencapsulation. Le développement de cette dernière ainsi que sa validation clinique est actuellement en cours.
Summary
Transplantation of human pancreatic islets has demonstrated its feasibility and clinical efficacy. It restores glycemic control in brittle type 1 diabetic patients. However, it requires the establishment of an immunosuppressive treatment that is not without consequences for the patient. In addition, its application to a large number of patients remains limited by the number of pancreas and the number of islets available. Moreover, the low yields of isolated islets associated with the number of islets required per patient to achieve insulin independence also contribute to limiting this therapy to a very small number of patients. Other sources of insulin-secreting cells are now available: xenogenic cells or stem cells. However, their use in transplantation remains constrained by their risks because these cells are transplanted free into the body. To answer to this constraint, the concept of bioartificial pancreas has been developed to apply cellular therapy to a larger number of patients through access to other sources of insulin-secreting cells without any immunosuppressive regimen. The principle of the bioartificial pancreas is thus to encapsulate insulin-secreting cells in semi-permeable systems that are immunoprotective but allow the passage of oxygen, nutrients, glucose and insulin. It is therefore essential that a bioartificial pancreas fulfills the three prerequisite functions: protect the cells from the recipient’s immune system, protect the recipient to these cells, maximize the function of these cells. Various approaches have thus been considered from microencapsulation to macroencapsulation. The development of the latter as well as its clinical validation is currently underway.
Bull. Acad. Natle Méd., 2017, 201, nos 7-8-9, 1237-1254, séance du 14 novembre 2017