Communication scientifique
Séance du 16 mai 2006

La transplantation hépatique à donneur vivant à l’Hôpital 12 de Octubre, Madrid (Espagne)

Enrique Moreno-Gonzalez *

La transplantation hépatique à donneur vivant à l’Hôpital 12 de Octubre, Madrid (Espagne)

Enrique MORENO-GONZALEZ *

La première transplantation hépatique humaine a été réalisée en 1963 par le Docteur Thomas Starzl à Denver, Colorado (USA). Il fut suivi par Sir Roy Calne à l’Université de Cambridge (UK). Puis, Thomas Starzl réalisa plusieurs autres transplantations hépatiques, avant d’obtenir, en 1967, une survie d’un an post transplantation. A l’heure actuelle, la transplantation hépatique est exécutée dans toute une série de centres de nombreux pays et la survie à un an, après transplantation, s’est régulièrement améliorée, pour atteindre 85 à 90 %. La disponibilité en greffons hépatiques reste cependant très inférieure au nombre de receveurs potentiels. En effet, le nombre de patients inscrits sur liste d’attente pour transplantation hépatique augmente régulièrement dans tous les pays, y compris l’Espagne qui, actuellement, détient le nombre le plus important de transplantations hépatiques réalisées en Europe, immédiatement suivie par la France.

Par la suite, le succès de la transplantation hépatique et la pénurie de greffons ont conduit au développement de la transplantation hépatique à donneur vivant. La première transplantation à donneur vivant réalisée chez un enfant à partir d’un lobe hépatique gauche prélevé sur un adulte fut effectuée avec succès, en 1986, par le Docteur Silvano Raia à l’Université de Sao Paulo (Brésil). Dans le but de pallier le manque de greffons hépatiques, la transplantation hépatique à donneur vivant entre adultes a été initiée dans notre Service au début des années 1990, puis elle s’est progressivement développée. Son principal avantage consiste à pouvoir greffer un patient sans lui imposer son inscription sur une longue liste d’attente.

L’analyse des résultats de la transplantation à donneur vivant chez l’adulte a montré que le foie gauche, en raison de sa taille souvent insuffisante, ne constituait pas le meilleur greffon pour assurer le succès d’une transplantation entre adultes. Et en 1994, fut réalisée la première transplantation à donneur vivant avec comme greffon un foie droit, ne laissant au donneur que le foie gauche. Depuis, ce procédé s’est largement développé.

La première transplantation à donneur vivant entre adultes utilisant un foie gauche fut pratiquée à l’Hôpital Universitaire du 12 de Octubre de Madrid en 1995. Il
s’agissait d’un greffon hépatique gauche prélevé chez un donneur et transplanté sur sa sœur.

A l’heure actuelle, le recours à un greffon droit est devenu, dans notre Institution, la méthode habituelle de transplantation à donneur vivant, entre adultes. D’avril 1995 à octobre 2004, vingt-huit transplantations à donneur vivant, ont ainsi été réalisées.

Vingt-deux fois il s’agissait d’une transplantation entre adultes : l’ensemble les donneurs sont en vie, après un suivi moyen de 25,6 mois ; tous présentent des fonctions hépatiques normales et ont repris une vie active normale. La survie actuelle des receveurs, est de quarante-quatre mois et 77,3 % des greffons sont fonctionnels. Les principales complications que nous avons enregistrées sont repré- sentées par une thrombose de l’artère hépatique (n=2) et un « small-forsize syndrome » (n=2).

En ce qui concerne les six transplantations à donneur vivant, d’adulte à un enfant, tous les receveurs sont vivants et la survie actuelle à douze et trente-six mois est de 100 %, après un suivi moyen de vingt mois.

Lors de la réalisation de cette technique — illustrée par toute une série de schémas opératoires et de nombreuses prises photographiques — l’ensemble des gestes opératoires requiert une très grand minutie et beaucoup de prudence, afin d’éviter morbidité et mortalité, tant chez le donneur que chez le receveur.

En conclusion, la transplantation hépatique par donneur vivant permet d’augmenter le nombre de greffes hépatiques et de réduire sensiblement la mortalité des candidats en liste d’attente.


* Professeur Enrique MORENO-GONZALEZ, Membre de la Royal National Academy of Medicine (Spain) Servicio de cirurgie general, Aparato digestivo y trasplante de organos abdominales. Madrid.

Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 9, 1887-1888, séance du 16 mai 2006