Résumé
La plupart des travaux et des mesures de prévention des chutes au cours du vieillissement existant actuellement portent sur les personnes déjà âgées (Cf. recommandations de l’ HAS d’avril 2009). C’est à notre avis une approche beaucoup trop tardive et insuffisante, car si l’on veut obtenir une prévention, c’est bien plus tôt qu’il faut agir, non seulement déceler les personnes à risques, mais surtout proposer un mode et une hygiène de vie personnalisée, c’est-à-dire adaptée à chaque individu, en fonction des caractéristiques somatiques biomécaniques, neurologiques, et biologiques de chacun. La première mesure de prévention pour le patient et son médecin est de penser à une dégradation possible de l’équilibre, d’effectuer l’examen clinique recommandé dès 45 ans et de le renouveler régulièrement au cours du vieillissement .Bien sur les mesures de prévention extrinsèques concernant domotique et urbanisme seront mises en œuvre de principe. Mais ce sont surtout celles concernant la dégradation des facteurs intrinsèques (intra corporels ou somatiques) qui devront être étudiés et éventuellement corrigés par des médecins compétents dès 45 ans : vision, fonction vestibulaire et équilibre, proprioception, examen neurologique somatique tout autant que psychologique. Ils feront le point sur les maladies chroniques du patient et leurs traitements médicamenteux éventuels en limitant ceux-ci aux seuls médicaments indispensables, évitant au maximum les psychotropes sédatifs et en contrôlant étroitement les poly-médications, facteurs souvent exponentiels de chutes. La prévention se poursuivra par une alimentation suffisamment riche en protéines, calcium et vitamine D3 pour lutter contre l’ostéoporose, et aussi par la pratique quotidienne régulière et adaptée à chacun d’exercices physiques en quantité et durée suffisante si possible associés à une tâche cognitive simultanée. Le dernier point essentiel relève de nécessité absolue de la prise en charge la plus complète possible de la réhabilitation fonctionnelle après un accident traumatique ou médical quelconque survenu quel que soit l’âge au cours de la vie, dans le but de retrouver un état fonctionnel le plus proche possible de l’état pré-accidentel.
Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, no 6, 1055-1066, séance du 3 juin 2014