« À tous ceux, professeurs, médecins, infirmières ou infirmiers qui, dans les hôpitaux ou ailleurs s’efforcent de comprendre ou soulager l’être le plus déconcertant : l’homme malade » telle est la préface de Georges Simenon à son roman Les Anneaux de Bicêtre paru en 1963. La parution de ce livre a suscité de nombreux articles élogieux sur la méthode littéraire du romancier et sur ses relations avec la médecine et les médecins. Beaucoup ont semblé découvrir à ce moment seulement la fascination de Simenon pour notre discipline et ceux qui la pratiquent. Dans une analyse personnelle de l’œuvre du romancier nous avons dénombré quelques 327 personnages médicaux dont 201 généralistes, 46 spécialistes et 39 Professeurs ou Grands Patrons [1]. Avec Faucher, nous analyserons les médecins perdus, les braves gens et les seigneurs. Nous insisterons particulièrement sur ces derniers dont plusieurs étaient décrits comme membres de notre Compagnie. En nous basant sur certains écrits de Simenon, sur plusieurs interviews qu’il a données et sur certains éléments de sa vie personnelle nous tenterons d’expliquer l’origine et la nature des relations du romancier avec notre discipline. Suite à une enquête personnelle, nous dévoilerons l’ identité, jamais révélée par l’auteur, du « grand-patron » parisien qui en 1944 a corrigé le diagnostic et le sombre pronostic d’ un médecin de Fontenay-le-Comte qui lui avait prédit une mort précoce, lui qui devait vivre plus de quatre-vingts six ans… Enfin et surtout, nous partagerons avec nos confrères un échange de correspondance que nous avons eu avec Georges Simenon en 1985 et dans lequel il nous donnait ses sentiments sur la médecine, les médecins et les hôpitaux [2]. L’échange a pris un tour très personnel lorsque j’ai demandé au romancier qui venait d’être opéré d’un méningiome s’il avait retrouvé à l’hôpital les sentiments et les sensations qu’il avait attribués à Maugras, le personnage central des Anneaux de Bicêtre lorsque ce-dernier avait repris conscience après l’accident vasculaire cérébral qui l’avait frappé lors d’un repas au Grand Véfour…
RÉFÉRENCES
- Lefebvre P. La médecine et les médecins dans l’œuvre de Georges Simenon. Bull Acad Med Bel. 1990;145:474-481.
- Lefebvre P. Simenon et les Médecins : Un échange de correspondance à verser au dossier. Rev Med Liège. 2003;58:127-131.
Bull. Acad. Natle Méd., 2015, 199, nos 4-5, 729-730, séance du 19 mai 2015 729