Séance commune Académie nationale de médecine, Académie nationale de pharmacie « Autodiagnostic et automédication »
Présidence : Professeur Marc GENTILINI (Président de l’Académie nationale de médecine) Professeur Yvan TOUITOU (Président de l’Académie nationale de pharmacie)
Introduction à l’automédication
Yvan TOUITOU*
Bien qu’existant de longue date, l’autodiagnostic et l’automédication sont deux comportements dont l’actualité est très présente en raison de la facilité avec laquelle Internet répond sur tout sujet de santé.
Deux points deviennent alors cruciaux : la fiabilité des informations recueillies par le patient et ce que ce dernier en fera. Si, muni de son information, le patient demande conseil à son médecin ou à son pharmacien, il reste encadré par un professionnel de santé et il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Je crois, cependant, peu à ce cas de figure pour les patients qui ont recours en première intention à Internet car ils manifestent ainsi leur volonté de se prendre en main (ce qui peut être considéré comme satisfaisant) tout en s’extrayant du circuit du médecin ou du pharmacien (ce qui est moins satisfaisant car il y a là une conduite à risque).
Si en revanche — et c’est ou ce sera probablement progressivement un cas très fréquent — le patient s’automédique en s’approvisionnant dans les nombreuses filières non contrôlées d’Internet qui proposent les médicaments les plus divers, depuis l’aspirine jusqu’aux hormones, en passant par les psychotropes, il y a alors un risque pour la santé.
L’automédication qui sort du circuit du pharmacien pour les médicaments sans ordonnance, et du circuit du médecin pour les médicaments nécessitant une prescription, peut en effet être dangereuse pour la santé. Le risque est alors double :
* Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine.
Président de l’Académie nationale de Pharmacie, Biochimie Médicale et Biologie Moléculaire, Inserm U 713, Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, 91 boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris.
• il est lié au produit — je ne dis volontairement pas médicament — vendu sur
Internet car il n’y a aucune traçabilité de ce produit, nul ne sait ce qu’il contient vraiment d’autant plus qu’il s’agit d’une contrefaçon dans 50 % des cas selon les chiffres de l’OMS ;
• il est aussi lié au patient qui a choisi un médicament, mais est-ce le bon, celui qui lui convient ? En connaît-il entre autres, la posologie, les contre-indications, les interférences avec d’autres médicaments qu’il est susceptible de prendre conjointement ?
Cette séance nous apportera un certain nombre d’éclaircissements, sur un sujet médical qui devient de plus en plus un sujet de société sur lequel nous devons apporter nos réflexions et, dans la mesure du possible, suggérer des solutions pour le bien de la Santé publique.
Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 8, 1487-1488, séance du 6 novembre 2007