INTRODUCTION
Gérard ORTH *
Messieurs les Présidents, Messieurs les Secrétaires perpétuels, Mesdames, Messieurs, Cette séance commune de l’Académie des sciences et de l’Académie nationale de médecine, intitulée « La plasticité cellulaire : de l’embryon à la fibrose et au cancer », a pour ambition de mettre en lumière le plus bel exemple de plasticité cellulaire, la transition épithélio-mésenchymateuse. Le concept de transition épithéliomésenchymateuse a été proposé par Élizabeth Hay, il y a plus de quarante ans. Ce processus aboutit à la conversion de cellules épithéliales polarisées, immobiles, en cellules mésenchymateuses mobiles. Il s’accompagne de la perte des jonctions cellulaires et des marqueurs de polarité des cellules épithéliales, d’une réorganisation de leur cytosquelette, et d’une dégradation de la membrane basale sur laquelle elles reposent. Ce processus est observé non seulement au cours du développement embryonnaire, mais aussi chez l’adulte.
Rappelons, en effet, que la transition épithélio-mésenchymateuse joue un rôle crucial à diverses étapes du développement embryonnaire, comme la formation du mésoderme ou celle de la crête neurale. Bien des progrès ont été réalisés dans la compréhension des mécanismes moléculaires et cellulaires complexes que ce processus met en jeu : les signaux inducteurs extracellulaires et les voies de signalisation ; les facteurs de transcription spécifiquement exprimés au cours de ce processus et leurs gènes cibles (comme l’E-cadhérine, …). Rappelons aussi que ce processus est réversible. La transformation d’une cellule mésenchymateuse en cellule épithéliale, c’est-à-dire, une transition mésenchymato-épithéliale, intervient, en particulier, lors de la formation de l’épithélium du néphron, au cours du développement du rein.
Mais la réexpression d’un programme de transition épithélio-mésenchymateuse peut, également, se produire chez l’adulte : lors de processus physiologiques, comme la réparation de l’épiderme après une blessure, ou lors de processus pathologiques, comme la fibrose d’organe et les processus d’invasion et de métastases de certaines cellules tumorales épithéliales. Ce domaine de la recherche biomédicale est en plein essor. Il permet des progrès dans la compréhension de la pathogenèse de maladies humaines, mais aussi l’élaboration de stratégies thérapeutiques nouvelles.
Cette séance a pour ambition de vous présenter un panorama des progrès dans notre compréhension du rôle que jouent la transition épithélio-mésenchymateuse (et la transition endothélio-mésenchymateuse), ainsi que la transition mésenchymatoépithéliale, au cours du développement et lors de processus physiologiques et pathologiques, chez l’adulte. Je voudrais remercier les conférenciers qui nous ont permis d’élaborer le programme de cette réunion : Madame Nicole Le Douarin qui devait participer à cette séance, mais qui est actuellement au Brésil et vous prie d’excuser son absence, et Messieurs Jean-Claude Dussaule, Alain Puisieux, Eric Rondeau, Pierre Savagner et Jean-Paul Thiéry.
Bull. Acad. Natle Méd., 2009, 193, no 9, 1967-1968, séance du 1er décembre 2009