Communication scientifique
Séance du 24 octobre 2006

Introduction

Monique Adolphe*

Séance thématique

Nouvelles stratégies dans les maladies du cartilage

Introduction

Monique ADOLPHE*

Avant de donner la parole aux conférenciers, qui vont vous proposer des nouvelles approches de traitements de ces maladies, je voudrais me permettre de rappeler la structure de ce tissu très particulier qu’est le cartilage, telle qu’on la conçoit aujourd’hui.

Le tissu articulaire présente plusieurs originalités :

— Il n’est pas innervé — Il n’est pas irrigué et les nutriments proviennent presque exclusivement du liquide synovial — Il est constitué d’un seul type cellulaire le chondrocyte, d’origine mésodermique, qui à lui seul maintient l’équilibre du cartilage par la synthèse et la dégradation des constituants de la matrice. C’est une cellule qui se multiplie peu dans un cartilage normal.

— Enfin la matrice qui est responsable des propriétés mécaniques du cartilage et donc de sa fonction princeps : permettre le mouvement sans douleur.

La composition de la matrice est très complexe . On y trouve :

— de l’eau 70 % — des protéines :

des collagènes :

collagène dominant de type II, mais aussi VI, IX, X, XI • des protéoglycanes de deux types : masse moléculaire élevée : agrécanes, et masse moléculaire petite type décorine, biglycane
d’autres protéines , essentiellement des glycoprotéines. On y trouve la fibronectine, la fibromoduline, la tenascine. Les deux dernières pourraient être impliquées dans l’arthrose, • enfin la leptine dont on vous reparlera car son lien avec l’arthrose parait de plus en plus évident.

L’ensemble de ces protéines est constitué en réseau : des fibres de collagène de type II emprisonnant les protéoglycanes chargées de molécules d’eau. Les glycoprotéines ont pour fonction d’attacher les molécules entre elles. Ce sont des molécules de pontage qui relient les récepteurs membranaires du chondrocyte (telles que les intégrines) aux molécules matricielles.

— des enzymes de la dégradation du cartilage des protéases telles que métalloprotéases, agrécanases, collagénases, mais également des inhibiteurs des protéases :

les TIMP (Tissue Inhibitor Metallo Protéases) — des enzymes de la synthèse du cartilage telles que les glycosyltransférases dont on va vous parler.

Dans l’équilibre de la matrice interviennent plusieurs facteurs :

Positifs : — les compressions mécaniques, — certains facteurs de croissance FGF, IGF, TGFβ, BMP2, Négatifs : — les compressions mécaniques trop importantes, — les cytokines pro inflammatoires provenant à la fois des chondrocytes et de synoviocytes.

Au cours du vieillissement on observe en particulier :

Une diminution du nombre des chondrocytes Un ralentissement du turnover de la matrice avec diminution des protéoglycanes et du collagène de type II.

Une sensibilité accrue du chondrocyte vieillissant aux cytokines pro inflammatoires.

Et à l’inverse une résistance accrue du chondrocyte vieillissant aux facteurs de croissance.

Phénomènes que l’on retrouve dans certaines maladies du cartilage et qui favorisent l’arthrose.

* Membre de l’Académie nationale de médecine.

Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 7, 1383-1384, séance du 24 octobre 2006