Séance commune Académie nationale de médecine — Académie nationale de pharmacie
Accidents médicamenteux : comment les prévenir ?
Introduction
Jean-Pierre LOUSSON*
La séance commune des Académies nationales de médecine et de pharmacie, pour l’année 2005, a pour thème : « Accidents médicamenteux : comment les prévenir ? » Tout d’abord, je me réjouis de constater que cette coutume parfaitement établie de nous réunir sur un thème choisi en commun, comptant des exposés parmi les membres de nos deux compagnies, spécialisés dans ces domaines, est pour nous un grand motif de satisfaction. Mais il faut ajouter aujourd’hui que le choix arrêté concerne la collaboration et la complémentarité de nos deux professions.
C’est un sujet de première importance, tout d’abord pour la sécurité des patients, et la qualité des soins qui leur sont dûs, que nous essayons, tous individuellement, de pratiquer. Il suffit d’écouter les pouvoirs publics, et les ministres en charge de la santé pour constater leur inquiétude devant le nombre d’hospitalisations pour des causes iatrogéniques, sans compter les dépenses évitables pour l’assurance maladie.
C’est aussi un sujet délicat car il recouvre des situations très différentes qui s’échelonnent depuis les effets indésirables, les contre-indications d’une molécule, les risques dûs à des prescriptions surajoutées par la présence de plusieurs prescripteurs, ou une dispensation mal contrôlée faute d’informations sur le patient, jusqu’aux risques ajoutés dûs au comportement du patient lui-même en cas de mésusage ou de mélange de thérapies. Il faut compter aussi les risques dûs à des accidents liés à des médicaments nouveaux pour des effets inconnus ou non étudiés.
Conscients que ces risques se répartissent tout au long de la chaîne depuis la conception du médicament, la prescription, la dispensation et la prise par le patient, nous avons souhaité l’intervention de spécialistes afin de mieux cerner les problèmes, et de présenter des réponses.
L’objectif de cette séance est d’arriver à réduire les risques iatrogéniques, en restant conscients que le risque zéro n’existe pas. Pour cette raison, il faut rester modeste. Il faudra toujours informer le malade, expliquer, rester disponible — et aussi faire fonctionner au mieux le réseau de détection. La pharmacovigilance reste essentielle afin de détecter au plus vite un nouveau risque.
C’est aussi le contact humain qui fait la noblesse de nos exercices professionnels.
Je terminerai en citant de nouveau la complémentarité de nos deux professions, pour un meilleur soin du malade, complémentarité qui devrait se formaliser dans une formation continue pour certains domaines de connaissances.
Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 8, 1681-1682, séance du 22 novembre 2005