Communication scientifique
Séance du 12 juin 2007

Impacts psychologiques du terrorisme sur les victimes et la population générale

MOTS-CLÉS : moyens communication et information.. stress. terrorisme. troubles de stress post-traumatique
Psychological impacts of terrorism on victims and the general population
KEY-WORDS : communications media.. stress. stress disorders, post-traumatic. terrorism

Dominique Vallet, Maurice Ferreri

Résumé

La menace terroriste représente une préoccupation importante de santé publique. L’impact de la violence portée au centre des populations civiles trouve son effet puissamment renforcé par son impact médiatique qui se trouve ainsi au cœur même de son action. Les effets sur les victimes potentielles se développeront au-delà des victimes directes mais pourront concerner les impliqués bien au-delà de la zone immédiate de l’action terroriste. Ils sont importants à connaître pour mieux les appréhender et mettre en œuvre les réponses sanitaires adaptées.

Summary

Terrorism is a major public health concern. The impact of violence against the civilian population is reinforced by the media reporting. Thus, terrorism has a psychological impact not only on its direct victims but also on the population as a whole. More research is needed on how to manage these consequences. « Le monde ne sera plus jamais comme avant », voilà comment pouvait titrer un grand quotidien national après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington. Cette interprétation donne, à distance, un reflet de l’impact psychologique d’une telle action à l’échelle du monde. Beaucoup ont pu ainsi, en direct, assister au déchaînement inouï de cette violence avant même d’en saisir immédiatement la dimension terroriste. L’impact en était déjà sur le monde, presque avant même de pouvoir en saisir la cause, ni même bien sûr, de pouvoir en mesurer les effets sur ceux qui en souffraient directement : les victimes directes, les sauveteurs, les populations directement impliquées ou concernées et bien au-delà. Le terrorisme, dans son origine latine de terror, est attaché à l’effroi. Il se caractérise aujourd’hui par la mise en œuvre d’une technique du faible sur le fort, qui prend la population civile comme cible. Le terrorisme contemporain, dans son action aveugle à l’égard de la victime, trouve sa cible dans le collectif [1]. Il en trouve d’autant plus la portée que la victime est innocente. La cible n’est plus l’individu pour ce qu’il est, mais ce qu’il représente pour le collectif auquel il appartient. Dans ses travaux Crocq montre bien un critère fondamental : la désorganisation sociale au-delà du « moi particulier » et de son stress de défense. Pour que la majorité de la population soit concernée les terroristes utilisent les médias comme moyen de diffusion en sachant que tout attentat par sa forte dimension symbolique et dramatique sera relayé par les médias dont les images réalistes émeuvent et touchent une large population, bien au-delà du lieu de l’attaque terroriste [2].

ASPECTS PSYCHOLOGIQUES INDIVIDUELS ET COLLECTIFS LIÉS A L’ACTION TERRORISTE

Les manifestations pathologiques individuelles et collectives

L’importance des dégâts matériels, le nombre des victimes, la gravité de leurs blessures, mais aussi les menaces résiduelles (biologiques, radiologiques ou chimique) peuvent donner lieu, par là, à une variété complexe de situations où ces différents aspects se combinent pour marquer, et sans doute particulariser, dans chacune de ces circonstances l’impact psychologique au plan collectif ou individuel.

La violence mise en œuvre surprend les victimes au-delà de toute anticipation possible. Il en découle une phase de choc et de sidération. C’est la traduction de l’expérience pour chacune des victimes immédiates d’une angoisse qui peut, pour certains, prendre la dimension de l’effroi. C’est pour certaines d’entre-elles les conditions réalisées du traumatisme psychique lors de cette rencontre, fulgurante, avec l’impensable de la mort, au-delà de toute possibilité de représentation psychique [3]. Cette expérience se complique des blessures physiques qui représentent souvent un facteur aggravant du traumatisme psychique. C’est ici que l’on rencon-
trera une variété de manifestations décrites dans les termes de l’état de stress aigu ou encore de l’état de stress post-traumatique selon les désignations actuelles des classifications internationales.

Pourtant les manifestations individuelles éprouvées dans les suites immédiates d’une situation de catastrophe ne peuvent pas se réduire à leurs seules modalités d’expression pathologique repérables. Les dimensions de la douleur psychique, du désarroi, de l’expérience de la perte des proches, des biens matériels, ou encore celles subjectives de la perte du sentiment de sécurité, d’invulnérabilité relèvent de l’intime de chacun et se prêtent mal à l’évaluation.

Dans une expérience collective, l’angoisse peut trouver une puissance de démultiplication importante sous les aspects de la panique collective, évoluant alors comme un processus autonome particulièrement dangereux [4]. Il est classique, aujourd’hui, d’évoquer dans la clinique des situations de catastrophes collectives, la survenue de manifestations collectives de l’angoisse qu’il s’agisse de la réaction commotion inhibition stupeur, des manifestations hystériformes, ou des manifestations de panique collective proprement dites. La survenue de celles-ci, dans les contextes de guerre ou de catastrophe, ne sont pas si fréquentes [5]. La foule dans les phénomènes de panique est plus guidée par des réactions proches de ce que l’on pourrait qualifier d’instinct que par des réactions de logique. Pour limiter ces réactions collectives inadaptées ajoutant leur nocivité à la gravité de la situation, il est bon que l’État et les diverses structures caritatives développent des programmes d’enseignement, intelligemment contrôlés, pour apprendre la maîtrise de soi et savoir que les dirigeants politiques surveillent les plans gouvernementaux de secours et de défense sanitaire.

Mais aussi, la violence même de l’expérience peut trouver une issue dans l’émergence de comportements déviants. A l’inverse d’une dimension d’entraide fréquemment rencontrée, peuvent s’exprimer des comportements opportunistes déviants, de vol, de pillage, voire d’agression contre les personnes pour tenter de s’approprier quelque chose. C’est l’extériorisation de réactions psychotiques ou névrotiques.

Telle une onde de choc, il faut évoquer la dimension excentrique de la propagation de l’angoisse à partir du point initial de la catastrophe. La situation du 11 septembre 2001 à New York en a démontré l’impact considérable bien au-delà des seules victimes directes.

Les attitudes psychologiques dans la population

Ces aspects collectifs amènent à souligner l’importance d’une variété de réactions et d’attitudes psychologiques rencontrées dans la population générale dans ces situations, en particulier à partir de leur impact médiatique.

Les réactions affectives immédiates ; le choc émotif

La population des téléspectateurs n’est pas homogène et les réactions sont variables en qualité et en intensité, cependant dominent des mouvements affectifs communs.

L’attentat diffusé représente une situation de stress et non pas de traumatisme psychique au sens restreint du terme. Ils s’identifient d’emblée aux victimes et font part de leur compassion, d’affliction qui s’élargissent aux familles endeuillées ou meurtries par la blessure de proches et témoignent de leur soutien aux sauveteurs et forces de l’ordre. Ils expriment aussi leur indignation et leur colère à l’encontre des terroristes. Ces sentiments partagés par la majorité renforcent le sentiment d’appartenance à la communauté nationale et luttent contre l’incertitude en l’avenir.

Des réactions individuelles sont fonction de la vulnérabilité de chacun. La diffusion répétée des images renforce le syndrome de remémoration habituelle lors de situation de stress. Ces récurrences intrusives s’imposent à la pensée et perturbent l’activité intellectuelle. L’anxiété entraîne une hypervigilance à l’égard de l’environnement désormais incertain, perçu comme potentiellement dangereux. La concentration s’en trouve perturbée : la mémoire de travail est moins performante et les performances affaiblies [6]. L’insomnie d’endormissement est fréquente.

La réaction cognitivo-affective précoce

Le besoin d’information

Dans la majorité des cas, la réaction émotionnelle s’atténue progressivement. Le téléspectateur encore bouleversé cherche à comprendre et demande des explications : qui sont les commanditaires, les organisateurs, les exécutants ? De quelle idéologie se réclament-ils ? Quelles sont leurs revendications ? Le besoin de savoir s’inscrit dans une démarche, certes de connaissance pour apprécier l’importance de la menace qui conditionne l’intensité de la crainte, mais est aussi un besoin de réassurance. Si les réseaux des terroristes sont en partie évoqués, suspectés ou connus, leur neutralisation entre dans le domaine du possible.

Les médias répondent à la quête d’information de la population. Dès lors, la dimension affective des premières images montrant les lieux de l’attentat fait place à des émissions de réflexions dominées par des débats où des invités, policiers, juges, sociologues, politologues et autres spécialistes tentent de répondre aux interrogations des téléspectateurs. Les débats sollicitent la réflexion.

Dans ce mouvement de l’affectif vers le cognitif, les téléspectateurs par l’hétérogé- néité de leur connaissance et la multiplicité de leur personnalité n’évoluent pas de conserve. Les uns ne pouvant se départir que lentement de leur charge émotive parfois à dimension passionnelle. D’autres plus enclins à la réflexion, moins envahis par l’émotion ont une approche rationnelle qui s’en trouve facilitée. Toutes les évolutions intermédiaires existent entre ces deux positions contrastées.

Il est important de considérer que la forme et le contenu des émissions influent sur l’intensité et l’évolution des réactions émotionnelles.

Le téléspectateur dans le contexte désorganisant d’actes terroristes est davantage vulnérable à la passion des débats qui fait écho à sa propre émotion qui, réactivée, devient délétère à une approche réfléchie de la situation.

La persistance d’une charge émotive trop forte chez un téléspectateur sans possibilité d’échange avec l’entourage, est source d’inquiétude immédiate et d’anxiété anticipatrice en un avenir perçu comme dangereux, facteurs de troubles anxieux durables.

Des débats pondérés où la dimension pédagogique prévaut dans un climat de respect mutuel stimulent la réflexion, ouvrent à la discussion et facilitent la compré- hension. Si l’échange est, en outre, possible avec un entourage intéressé, attentif, sachant écouter et entendre, l’échange devient en soi un moyen de pondérer l’éventuel sentiment d’insécurité et de danger. Il concourt alors à la libération des émotions dont la dimension cathartique est parfois patente comme en témoigne la réduction de l’anxiété.

Le besoin de protection

Si dans les situations favorables, les débats télévisés contribuent à pondérer les sentiments d’insécurité et à faciliter une certaine libération des émotions, pour que le sentiment d’insécurité régresse davantage voire qu’il disparaisse, il sied que le besoin de protection de la population soit clairement et concrètement pris en compte.

Les actions gouvernementales diffusées par les médias méritent d’être clairement énoncées. Intransigeance envers les terroristes. Protection de la population. Cette affirmation s’inscrit dans une démarche plurielle pour prévenir ou endiguer l’inquié- tude, la peur, voire le désarroi d’une partie de la population et rétablir ou renforcer un climat de confiance. Dans cette perspective, il est logique de proposer une participation active à la population qui par sa vigilance de tout instant notamment dans les transports en commun doit signaler tout comportement ou objet suspect, en sachant le possible effet délétère chez les personnalités vulnérables. Il est légitime de rendre visible des actions notamment la mise en place ou la réactivation du plan Vigipirate et de citer des actions plus discrètes de protection et d’investigation menées par des services spécialisés : recherche des terroristes, prévention des attentats, mise en alerte de différentes unités spécialisées. Ces différentes mesures renforcent les liens mutuels qui contribuent au sentiment d’appartenance à la communauté nationale.

Exceptionnellement certaines personnalités, fragiles, anxieuses, isolées ou non soutenues par leur entourage sont submergées par un désarroi tenace, une humeur dépressive. Elles se réfugient dans une attitude de capitulation. Fustigeant la fermeté des autorités, elles expriment un syndrome de soumission qui rappelle le syndrome de Stockholm et cèdent aux exigences des terroristes.

Les réactions anxieuses prolongées

Les conduites phobiques

Certains individus plus vulnérables ont éprouvé un choc émotif initial plus important lors des reportages sur l’attentat et, malgré les mesures de sécurité prises par les autorités, développent pendant quelques semaines un trouble de l’adaptation avec un comportement phobique : ils évitent les lignes de transports impliqués et les lieux très fréquentés. S’ils sont obligés de prendre les transports en commun pour leur travail, ils sont envahis par une anxiété importante, une hypervigilance inquiète accrue par les consignes de sécurité concernant les colis et objets suspects. Il n’est pas rare qu’ils changent de rame de métro, inquiets par le comportement ou le port d’un sac, d’un voyageur « étrange ». Cette anxiété infiltre les différentes activités de la journée avec retentissement sur les activités professionnelles et familiales. Cette conduite phobique avec sentiment d’insécurité disparaît progressivement mais peut être entretenu ou réactivé par de nouvelles informations relatant des attentats dans des pays surtout s’ils sont proches de la France.

La névrose d’insécurité

Chez certains sujets qui ont une personnalité anxieuse, évitante, tout tracas du quotidien qui bouscule la chronologie habituelle prend valeur d’indice redoutable d’une possible catastrophe. Il en est ainsi d’un arrêt de quelques secondes du métro pour régularisation du trafic, du retard d’un avion, d’un train transportant un proche attendu, du conjoint en voiture, piégé dans la circulation ou les quelques minutes d’attente « insupportables » d’un enfant joueur revenant de l’école. Ces faits banals déclenchent sur un fond permanent d’anxiété, des crises d’angoisse aiguës intenses déréalisantes constituant ce que l’on peut nommer une névrose d’insécurité rappelant la névrose d’angoisse ou le trouble anxieux généralisé.

L’apparition d’idées délirantes post-stress est assez fréquente dans un contexte d’attentat chez des patients psychotiques souffrant de schizophrénie ou de délire chronique : le stress représente un facteur déclenchant et non causal du délire.

LES ENSEIGNEMENTS DES ÉTUDES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

Il existe aujourd’hui, dans la littérature médicale, beaucoup de données sur les conséquences de l’exposition aux situations traumatiques. Nous évoquerons plus particulièrement celles en rapport avec des actions terroristes et les enseignements qui s’en dégagent.

L’importance des manifestations précoces de souffrance psychique

L’attentat à la bombe contre l’ambassade américaine à Nairobi le 7 août 1998 a fait 220 morts et plus de 5 000 blessés. Une étude portant sur 2627 victimes qui a été réalisée dans l’intervalle des trois mois suivant l’attentat indique que plus de
60 % d’entre elles rapportent des signes de souffrance psychique péritraumatique avec une corrélation significative entre leur survenue et l’apparition secondaire d’un état de stress post-traumatique [7].

Un sentiment précoce d’inadéquation des moyens mis en œuvre par les autorités

Dans les suites de l’attaque au sarin dans le métro de Tokyo le 20 mars 1995, qui a tué douze personnes et concerné plus de 5 000 victimes une étude montre, au-delà des séquelles à type d’état de stress post-traumatique (ESPT), l’importance chez les victimes du sentiment précoce de manque de support de la part des autorités, et d’une insuffisance des dispositifs de suivi médical [8].

La précocité des manifestations de stress post-traumatique

Dans les suites de l’attentat à la bombe à Oklaoma City en 1995, une étude publiée par North, montre que sur les 34 % de sujets présentant un ESPT dans les six mois de l’événement, trois quart d’entre eux présentaient des manifestations symptomatiques d’ESPT dès le premier jours de la catastrophe et 90 % d’entre eux au cours de la première semaine [9].

Les effets sur la population, au-delà des victimes directes

De nombreuses études ont été menées auprès des victimes de l’attentat du 11 septembre 2001 à New York. Elles permettent de souligner les difficultés méthodologiques rencontrées dans ce contexte, les limitations liées au recueil et à l’analyse des données et les questions éthiques qu’elles soulèvent [10]. Une étude menée à partir d’une enquête téléphonique réalisée à Manhattan au sud de la 110ème rue met en évidence une prévalence de 7,5 % pour l’ESPT et de 9,7 % pour la dépression [11].

Dans une autre étude réalisée, sur un échantillon national recruté par téléphone, quelques jours après l’attaque du 11 septembre, Schuster trouve que 45 % des sujets adultes évalués rapportent au moins un des cinq critères d’évaluation tirés à partir de la posttraumatic stress disorder checklist [12]. Trente-cinq pour cent des parents déclarent une situation similaire pour leurs enfants. Cette étude souligne par ailleurs l’impact, en terme de stress, du visionnage répété des images de la catastrophe à la télévision, en particulier chez les enfants. Une autre étude souligne que 11,6 % de la population des États-Unis aurait été affectée de manière significative, avec une prévalence plus élevée, de 16,6 %, dans la population de New York, avec un niveau élevé de réactions chez les enfants [13].

Les estimations des besoins en santé mentale

Face à l’ampleur du phénomène, plusieurs études ont tenté de mesurer l’impact de cet événement sur les besoins en santé mentale et la demande de soins des victimes.

Les aspects plus spécifiquement traumatiques, comme l’état de stress posttraumatique, ne résument pas l’ensemble des besoins présumés qu’il s’agisse des autres troubles anxieux, des troubles dépressifs, des troubles liés aux addictions.

Dans un travail, Hermann en 2002 estime à plus de 129 000 personnes les besoins de
traitement pour l’état de stress post-traumatique dans l’agglomération de NY [14].

Une autre étude a montré une baisse significative du recours aux soins de routine en santé mentale durant cette période de crise, ainsi que l’importance du recours aux médecins généralistes qui ont été beaucoup sollicités par les personnes en difficulté [15]. D’autres études soulignent le décalage entre l’importance des besoins estimés et le niveau des demandes de soins effectivement formulées ou réalisées [16].

L’expérience de l’explosion accidentelle d’AZF

Plus près de nous, la catastrophe d’AZF, si elle ne relève pas d’une action terroriste, est riche d’enseignement concernant son impact sur la santé mentale. A l’origine de 30 morts et de 590 blessés hospitalisés, de la destruction de biens matériels considé- rables (30 000 bâtiments détruits ou endommagés), compliquée par la crainte initiale d’effets toxiques surajoutés de la catastrophe, elle a donné lieu à 5 600 consultations pour état de stress dans les deux mois suivant l’explosion. On a observé également un pic de consommation de psychotropes dans les trois premières semaines (5 000 traitement en excès par rapport à la consommation ordinaire) [17].

Les conclusions du rapport de l’Institut de veille sanitaire sont très documentées en particulier pour ce qui concerne les conséquences sur la santé mentale [18]. Elles mettent en évidence une corrélation forte entre l’importance des manifestations de détresse éprouvées et la proximité du lieu de la catastrophe, avec pour ceux de la zone de proximité immédiate de l’explosion un vécu subjectif de panique, d’horreur ou de peur de mourir qui concerne plus de la moitié des personnes exposées. Il faut y rajouter l’expression d’une forte inquiétude pour leur famille chez 70 % des sujets interrogés. Elles soulignent que le recours aux soins pour une aide psychologique a été majeur. Plus du tiers des personnes localisées à moins de 1,7 km de l’explosion ont déclaré avoir pris un traitement psychotrope. L’aide psychologique de la part d’un médecin généraliste a concerné un habitant sur dix de la zone proche. L’aide psychologique de la part d’un psychiatre a été moins fréquente que celle d’un généraliste et a concerné plutôt des personnes diplômées et ayant des antécédents de suivi psychologique. Les enfants représentent ici une population particulièrement exposée [19].

Les effets de l’exposition prolongée au terrorisme

Les effets prolongés de la menace terroriste ont été étudiés en Israël. Il n’en ressort pas, lors de l’étude d’une période d’activité terroriste particulièrement intense, qu’il y ait une augmentation du recours aux services de soins en santé mentale, alors qu’elle augmente pour les autres structures de santé. Cela suggère que les personnes soumises à ces menaces ne perçoivent pas leur souffrance psychique comme pouvant relever d’une intervention spécifique [20].

La vague d’attentat en France

Une étude française, menée à distance de la vague d’attentats en France située entre 1995 et 1996, auprès de victimes directes retrouve une prévalence de ESPT de 31,1 %
dans cette population, et de 50 % chez ceux qui avaient été sévèrement blessés [21].

Elle donne une idée à long terme des séquelles rencontrées dans les suites de ces circonstances, avec dans la littérature des taux de prévalence qui peuvent varier de 8 à 70 % selon les études.

CONSÉQUENCES SUR LA PRISE EN CHARGE

Pour les victimes directes et les sauveteurs

En premier lieu, il nous semble important de souligner que la seule dimension du stress ne suffit pas à rendre compte de la singularité du traumatisme psychique, dans sa spécificité de confrontation à l’impensable de la mort. Dans ce sens, la clinique de l’état de stress post-traumatique, telle qu’elle est abordée dans sa conception nordaméricaine, paraît très extensive au regard de la conception plus restrictive de l’effraction psychique traumatique telle qu’elle a pu être développée, dans une perspective psychodynamique [22, 23].

Mais au-delà de cette spécificité, les effets de la menace terroriste peuvent se développer bien au-delà des seules victimes directes selon des modalités d’expression moins spécifiques.

Il faut aussi souligner que l’exposition à une situation potentiellement traumatisante ne s’accompagne pas systématiquement de manifestations pathologiques et que les réactions individuelles restent marquées de la singularité propre à chacun.

Aujourd’hui l’offre de soins, dans les situations de catastrophe, est importante, avec la mise en place de dispositifs spécifiques pour tenter de répondre aux besoins estimés. La particularité, ici, est qu’il s’agit d’une demande anticipée. Cette évolution s’inscrit dans le mouvement émotionnel collectif fort qui accompagne ces situations, et tout particulièrement lors des actions terroristes. Il apparaît intéressant de mettre cela en perspective avec ce qui peut être vécu par ailleurs par les victimes comme sentiment d’inadéquation de la réponse. Cela est d’autant plus notable que passée la mobilisation collective initiale, la victime se sent souvent seule avec ce qu’elle éprouve. Alors les sentiments d’abandon, d’exclusion, de rejet qui peuvent se redoubler parfois des conséquences matérielles ou physiques de la catastrophe, pèsent lourdement sur les victimes. Cela alimentera chez certains une cristallisation dans des attitudes de plainte et de revendication.

Toutes ces dimensions sont importantes à prendre en compte dans une approche globale de l’aide qui doit être apportée aux victimes. La marge est ainsi étroite entre le mouvement naturel de la communauté envers la victime et la façon dont ce mouvement peut être perçu par elle. L’enjeu dans la prise en charge est de la dégager de ce qui la réduirait uniquement à cette position de victime.

Dans l’urgence, il s’agira de la prise en compte des besoins élémentaires des personnes dans les situations de détresse. Ici la dimension de rétablissement du lien
est essentielle et représente sans doute la base du secourisme psychologique. L’intervention spécialisée doit se situer préférentiellement au niveau de l’organisation des secours pour mettre du lien entre les différents niveaux d’intervention de l’autorité publique et participer à la coordination des moyens mis en place. C’est aussi le temps de la prise en charge des réactions aiguës qui pourraient nécessiter un traitement.

L’intervention post-immédiate, une fois le moment initial du choc de l’expérience passé, amène à répondre à la demande d’une verbalisation de l’expérience exprimée par certains. C’est sans doute ici plus particulièrement la place de certains dispositifs particuliers comme les cellules médico-psychologiques d’urgence. Leur action doit être coordonnée avec les structures de soins locales déjà existantes. Il est important de situer cette action dans la perspective d’une prise en charge qui puisse, éventuellement, s’inscrire dans la durée et ne pas se réduire à l’impératif de l’urgence à intervenir [24]. Il faut ici faire une mention particulière pour les sauveteurs qui représentent un groupe à risque élevé, avec pour eux un impact important lié aux conditions de leurs interventions. Les situations qui sortent du cadre habituel d’intervention peuvent avoir un effet traumatique important.

La prise en charge des effets à long terme, en particulier pour ce qui concerne l’état de stress-post-traumatique ne peut sûrement pas se réduire à la standardisation d’un traitement par psychotrope, même si certains ont fait la preuve d’une efficacité dans cette indication. Elle nécessite la prise en compte de la singularité de chacun dans les effets de la rencontre traumatique avec les coordonnées singulières de son histoire.

Cette prise en charge doit aussi tenir compte des aspects légitimes de la réparation.

L’INAVEM, le fond de garantie des victimes d’attentat, certaines associations comme SOS Attentat, la Commission d’indemnisation des victimes d’actes civils mais aussi les dispositions du Code des pensions militaires d’invalidité et victimes civiles de guerre participent de cette nécessité. Elles peuvent apporter un soutien essentiel aux victimes.

Au niveau des média

Dans le temps de l’urgence, mais aussi tout au long de la crise, on mesure l’importance de l’attitude des autorités publiques dans l’organisation et la coordination des moyens mis en œuvre, avec la nécessité de prendre en compte l’impact sur euxmêmes de la situation.

Le chantage psychologique par des menaces ou des attentats est un des moyens utilisés par les terroristes pour déstabiliser ou apeurer une population et la contraindre à subir leurs exigences et influencer en ce sens les gouvernements. La diffusion par la télévision des reportages sur les attentats, les images et commentaires à chaud font partie de l’information des citoyens mais ils s’intègrent aussi dans la stratégie du terroriste et ont une incidence sur la population. En ce sens, une réflexion renouvelée sur la forme et le contenu de telles émissions est légitime : respect de l’intimité des victimes, degré de manipulation par les terroristes, effet déstabilisant sur la population, exposé involontaire des failles des mesures de protection mais aussi importance
du rôle éducatif de la télévision, de sa capacité à favoriser la cohérence sociale, la réduction du sentiment d’insécurité et à libérer en quelque sorte par procuration les surcharges anxieuses.

La population est hétérogène plus ou moins influençable. Le degré d’émotion, le niveau de connaissance des conflits, l’intégration des informations, leur qualité et leur objectivité permettent d’aboutir à une opinion sur l’événement qui façonne les attitudes. Elle peut être de confiance, de résistance, de combat ou d’attentisme, de crainte paralysante, de démission voire de capitulation face aux exigences des terroristes.

D’un point de vue individuel, la persistance du choc émotif initial, l’existence de trouble ou d’inquiétude phobique, la survenue d’une anxiété permanente relève d’un sentiment d’insécurité liée au quotidien. Elles représentent autant de souffrance personnelle qui nécessitent une prise en charge précoce pour éviter la pérennité des troubles, facteur de risque de survenue d’une dépression [25].

Le terrorisme implique chaque citoyen tant à titre individuel qu’à titre collectif à travers les fonctions qu’il occupe. Certaines de ces fonctions méritent plus que d’autres une réflexion sur les capacités des terroristes à les instrumentaliser à leur profit. Les activités des médias en particulier télévisés sont les plus exposées à cette manipulation.

EN CONCLUSION

Une attention durable pour les victimes

Dans la mise en œuvre d’une violence aveugle, le terrorisme peut être à l’origine de beaucoup de souffrances tant physiques que psychiques. Pour certains, celles-ci pourront durer bien au-delà de l’événement, les laissant seuls face à une souffrance qui peut être importante et durable. Pour le groupe concerné se sera déjà la période du souvenir, de la commémoration voire de l’oubli laissant alors encore plus ceux qui souffrent dans un sentiment de solitude et d’exclusion. C’est tout l’enjeu de l’aide dont ils doivent bénéficier, dans les suites immédiates de l’événement mais aussi à distance, avec toutes les difficultés inhérentes à sa mise en œuvre au regard de la spécificité des troubles psychotraumatiques.

Un effort de prévention

La menace terroriste trouve en partie sa force de l’impact qu’elle peut avoir sur l’ensemble de la population, à partir de son retentissement et de son exploitation médiatique. La prévention du terrorisme relève de l’action permanente de la force publique, de police et de justice, pour déjouer la réalisation de sa menace. Mais il faut aussi envisager, sur le long terme, certaines actions qui peuvent venir limiter le développement de craintes irrationnelles au sein de la population, en amont de toute
action terroriste. C’est tout l’enjeu d’une action de formation qui doit pouvoir toucher l’ensemble des acteurs de la société dans une démarche constructive, raisonnée, en dehors de toute pression émotionnelle liée à l’événementiel. Au niveau des structures publiques, c’est toute l’importance de l’anticipation des mesures de sécurité et l’élaboration de plans de secours adaptés aux différents types de menace.

C’est la place des plans d’urgence de catastrophe, tels les différents Plan Rouge, Plan Piratox, Plan Seveso. La formation et l’entraînement des différents acteurs qui sont appelés à y participer sont essentielles pour permettre, au plan technique, de faire face aux particularités de la mise en œuvre des secours dans une synergie concordante de tous les acteurs concernés : services de santé, autorités publiques. La réalisation d’exercices de simulation est sans doute importante pour l’entraînement de ces personnels. Elle vient aussi en retour, pour une part par leur médiatisation, rassurer la population sur la capacité des moyens qui peuvent être mis en œuvre dans ces situations. Il faut sûrement aussi y inclure des acteurs responsables des media pour qu’ils prennent la mesure du rôle qu’ils peuvent jouer dans ce domaine ; celui d’un rôle d’information qui puisse se détacher de l’immédiateté d’un vécu pour laisser place à une analyse plus distanciée d’une situation. On mesure aussi l’importance d’un travail en profondeur d’information de la population générale aux différents aspects de la menace terroriste pour en réduire, en amont, la portée imaginaire. Il s’agit d’un véritable travail pédagogique qui pourrait s’appuyer sur certaines structures de l’État comme l’éducation nationale, le ministère de la santé, en synergie avec les ministères de l’intérieur et le ministère de la défense. Cette action pédagogique devrait être relayée dans les différents medias, qu’il s’agisse de l’information écrite ou de l’audiovisuel. Cette action ne doit sans doute pas se focaliser exclusivement sur la menace terroriste, mais aborder de manière plus globale les risques industriels, technologiques, biologiques qui nous concernent aussi tous au quotidien. A tous ces niveaux les aspects plus particuliers des manifestations psychologiques individuelles ou collectives des situations de catastrophe doivent abordés, dans les différents temps de l’anticipation de la menace, de sa réalisation éventuelle et de son après-coup. Cela doit se faire en collaboration avec les spécialistes concernés de psychiatrie et de psychologie. Cela concerne tous les acteurs de la société.

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[13] SCHLENGER W.E., CADDELL J.M., EBERT L., JORDAN A.K. et al . — Psychological reactions to terrorist attacks. Finding from the national study of americans’reactions to september 11.

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[14] HERMAN D., FELTON C., SUSSER E. — Mental health needs in New York state following the september 11th attacks. Journal of Urban Health , 2002, 79 , 322-331.

[15] JACK K., GLIED S. — The public costs of mental health response : lessons from the New York City post-9/11 needs assessment. Journal of Urban Health , 2002, 79 , 332-339.

[16] DELISI L.E., MAURIZIO A., YOST M., PAPPAROZZI C. et al . — A survey of New Yorker after the sept.11, 2001, terrorist attacks.

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[17] Suivi épidémiologique des conséquences sanitaires de l’explosion de l’usine AZF. Conséquences sanitaires de l’explosion à l’usine de Grande paroisse le 21 septembre 2001. Juillet 2002.

Ressource internet : www.invs.sante.fr/publications/2002/asf-09072002/rap-interm-azf-090702/ pdf [18] Conséquences sanitaires de l’explosion survenue à l’usine « AZF », le 21 septembre 2001.

Rapport final sur les conséquences sanitaires dans la population toulousaine. Publication de l’Institut de veille sanitaire. Octobre 2006 : 105p. Ressource internet : www.invs.sante.fr/ publications/2006/asf-consequences-final/rapport/pdf) [19] GUINARD A., GODEAU E. — Impact de l’explosion de l’usine « AZF » le 21 septembre 2001 sur la santé mentale des élèves toulousains de 11 à 17 ans. Bulletin épidémiologique hebdomadaire no 38-39/2004 du 21 septembre 2004.

[20] LEVAV I., NOVIKOV I., GRINSHPOON A., ROSENBLUM J., PONIZOVSKY A. — Health utilisation in Jerusalem under terrorism. Am. J. Psychiatry , 2006, 163 , 1355-1361.

[21] VERGER P., DAB W., LAMPING D., LOZE J.Y. et al . — The psychological impact of terrorism : an epidemiologic study of posttraumatic stress disorder and associated factors in victims of the 1995-1996 bombings in France. Am. J. Psychiatry , 2004, 161 , 1384-1385.

[22] BRIOLE G. et al . — op.cit .

[23] LEBIGOT F. —

Traiter les traumatismes psychiques. Clinique et prise en charge . Paris, Dunod, 2005.

[24] VALLET D. — L’intervention psychiatrique en situation de crise : urgence de l’intervention ou urgence à intervenir ? Perspective psychiatrique , 2001, 40 , 110-112.

[25] FERRERI M., FERRERI F., NUSS P., PERETTI C.S. — Dépression et état de stress post-traumatique.

In J.P. OLIÉ, M.F. POIRIER, H. LÔO : Les maladies dépressives. Paris, Flammarion, 2003, 210-215.

DISCUSSION

M. Henri LÔO

A-t-on une idée sur les facteurs qui favorisent des évolutions vers des pathologies anxieuses, phobiques ou dépressives chez les victimes, ou des facteurs qui en protègent ? Sur ces facteurs pourraient s’envisager des mesures préventives. À ce niveau comment doit-on considérer l’impact du ‘‘ debriefing ’’ sur l’évolution psychopathologique ultérieure ?

Sur le dernier point de votre question je voudrais rappeler une particularité concernant les troubles psychotraumatiques. Ils suscitent toujours dans la communauté un mouvement émotionnel qui pousse à aller au-devant des victimes. Les dispositifs médicopsychologiques d’urgence s’inscrivent aussi dans cette dynamique. Il y a ici une dimension particulière dans laquelle l’offre de soins anticipe la demande. A cela il faut mettre en perspective le sentiment fréquemment rapporté par les victimes que rien n’aurait été fait pour elle. Ce vécu de solitude et d’abandon ne relève pas tant de ce qui serait une insuffisance des moyens développés au décours de l’événement traumatique mais est plutôt à mettre en relation avec ce qui est en jeu dans la rencontre traumatique et qui touche au plus intime de l’être. C’est cela qui est au fondement même du sentiment de solitude éprouvé par les victimes. Cela reste particulier à chacune d’entre elles et cela demande toujours une grande attention sur la mise en œuvre des premières interventions médico-psychologiques. Elles ne doivent pas réaliser les conditions d’un forçage thérapeutique qui risquerait, a contrario, de mobiliser des attitudes défensives importantes, ni se réduire à une approche standardisée qui négligerait la particularité singulière de l’expérience subjective. La prise en charge du sujet traumatisé nécessite de respecter une temporalité propre à chacun. Elle demande beaucoup d’implication de la part du thérapeute et elle doit pouvoir s’inscrire dans une certaine durée. On sait aujourd’hui qu’une intervention de debriefing réduite à la systématisation d’une rencontre, souvent unique, n’est pas un facteur de prévention d’un état de stress post-traumatique. Elle pourrait même dans certains cas représenter un facteur aggravant. C’est dire tous les enjeux de la rencontre avec les personnes confrontées à des événements traumatiques.

C’est aussi pour cela qu’il est important que les prises en charge réalisées dans les dispositifs d’urgence, comme ceux des cellules médico-psychologiques, s’inscrivent en relation et en continuité avec celles réalisées quotidiennement par les structures habituelles de soins.


* Service de psychiatrie, Hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, 74 Bd de Port Royal, 75230 Paris Cedex 05. ** Service de psychiatrie, CHU Saint Antoine, Université Paris VI, 184 rue du Faubourg Saint Antoine 75571 Paris Cedex 12. Tirés à part : Professeur Dominique VALLET, École du Val-de-Grâce, même adresse. Article reçu et accepté le 4 juin 2007

Bull. Acad. Natle Méd., 2007, 191, no 2, 1019-1032, séance du 12 juin 2007