Publié le 29 septembre 2021

HISTOIRE DE LA MEDECINE EN TOURAINE (pdf)

DES PIONNIERS A L’AVENIR DE LA RECHERCHE TOURANGELLE (pdf)

ISCHEMIE -REPERFUSION -TRANSPLANTATION (pdf)

INFECTION -INFLAMMATION – IMMUNITE (pdf)

 

 

HISTOIRE DE LA MÉDECINE EN TOURAINE

Séance inaugurale

Médecine et humanisme en Touraine au siècle de Rabelais

Par JACQUELINE VONS

La conférence fut l’occasion de rappeler la variété et la richesse du patrimoine médical de la Renaissance en Touraine. Si la figure de Rabelais domine le siècle, d’autres se sont plu à célébrer leur art en prose ou en rimes, ou se sont attachés à un travail érudit de restauration des textes médicaux anciens ; on relèvera plus précisément le rôle du médecin dans la cité de Tours, auprès des élites et de la population, à travers les écrits et ordonnances en particulier dans la lutte contre les épidémies.

 

Histoire de la vaccination en Touraine

Par HERVÉ WATIER

De l’an IX de la République aux années 1960, la Touraine fut aux avant-postes pour innover et favoriser la propagation de la vaccine, avec le tube capillaire Bretonneau, la pratique du vaccin de conserve ou encore le vaccin d’âne (asinovaccin), intuition géniale si l’on se réfère aux découvertes récentes montrant que le virus vaccinal est bel et bien du horse pox virus, n’en déplaise à l’étymologie du terme « vaccin ». À l’apogée de cette aventure, deux témoins remarquables : La Revue Internationale de la Vaccine, éditée à Tours de 1910 à 1920 et fédérant un réseau européen d’instituts vaccinaux, et le Musée de l’Institut vaccinal de Tours qui a permis d’alimenter les célébrations du centenaire d’Edward Jenner à l’Académie de Médecine en 1923. Loin de s’être endormie avec l’éradication de la variole, cette tradition d’innovation permit la découverte d’autres vaccins, contre la fièvre aphteuse dans les années 1920, contre l’hépatite B en 1976, contre la brucellose des ruminants la même année, et contre la chlamydiose abortive en 1983. Cette tradition se perpétue encore de nos jours avec des candidats-vaccins contre la toxoplasmose, l’hépatite C, la fièvre Zika et la Covid-19.

 

Médecins, pratiques et lieux de soins à Tours et alentours : un essor médiéval

Par FRANÇOIS-OLIVIER TOUATI

Depuis le IVe siècle au moins, avec Saint Martin, Tours offre un cadre d’élection à l’exercice de la médecine et de l’assistance. Grossie par un flux continu de malades cherchant la guérison auprès de ses sanctuaires réputés à l’échelle de l’Occident, la cité ligérienne s’affirme comme un lieu d’enseignement médical à l’époque carolingienne. Elle apparaît dès lors pourvue de nombreux médecins, en connexion avec d’autres centres d’envergure internationale (Chartres, Salerne), porteurs du renouveau des sciences au XIIe siècle. L’accueil monastique et canonial (Marmoutier, Saint Martin, Saint Gatien, Saint Julien) se démultiplie alors dans et autour de l’agglomération (Saint Côme, Saint Lazare). À côté de la documentation écrite, l’examen des vestiges ostéologiques confirme également le développement de la pratique chirurgicale. Le panorama d’un élan millénaire.

 

 

 

DES PIONNIERS A L’AVENIR DE LA RECHERCHE TOURANGELLE

Autisme : le creuset tourangeau d’une médecine d’aujourd’hui et de demain.

Par CATHERINE BARTHELEMY & FRÉDÉRIQUE BONNET-BRILHAULT

Il y a maintenant 50 ans, à Tours, les travaux pionniers des Pr Lelord et Barthélémy ont permis de remettre la Médecine au coeur des recherches et des pratiques dans le champ de l’Autisme. Fondée sur les principes de la recherche expérimentale énoncés par Claude Bernard, l’école de Tours a ainsi décrit comment les particularités de perception de l’environnement, liées à un trouble du développement et du fonctionnement cérébral, entrainaient ces comportements atypiques de repli sur soi et de recherche d’immuabilité. Depuis, ces recherches pluridisciplinaires se sont poursuivies et permettent maintenant d’éclairer, à l’échelle d’un individu, le fonctionnement des réseaux neuronaux cibles à l’origine de ces troubles. Ces travaux facilitent non seulement le diagnostic précoce, véritable enjeu pronostic, mais également le développement d’innovations thérapeutiques issues du champ des nouvelles technologies.

 

Développement de l’échographie-Doppler à l’université de Tours

Par LÉANDRE POURCELOT & AYACHE BOUAKAZ

La modalité d’échographie a connu ces dernières années un changement de paradigme en termes technologiques et en applications cliniques à la fois pour le diagnostic et pour la thérapie.

L’introduction de l’imagerie ultrasonore par ondes planes a permis le développement et la validation de nouveaux modes d’imagerie tel que le Doppler ultrarapide, l’élastographie, l’imagerie super résolution avec agent de contraste ou l’imagerie fonctionnelle. Au-delà de la dimension diagnostique, des applications thérapeutiques innovantes ont vu le jour pour délivrer localement des médicaments ou pour moduler des activités cérébrales.

 

ISCHEMIE – REPERFUSION – TRANSPLANTATION

Perfusion hépatique et Ischémie – Reperfusion

Par EPHREM SALAMÉ

Au cours des trois dernières décennies, le nombre de transplantations hépatiques (TH) n’a cessé d’augmenter en raison de l’incidence croissante des hépatopathies dans la population générale.

Il existe toujours, en revanche, une disparité entre le nombre de malades en attente et le nombre de greffons proposés (en France, 2,5 patients en attente de TH pour un donneur). Cette pénurie d’organes conduit à choisir des greffons dits « marginaux » ou « à critères étendus » (greffons âgés avec comorbidités, stéatosiques ou provenant de donneurs décédés après arrêt circulatoire…), qui peuvent se montrer plus vulnérables à l’ischémie. Durant cette phase, la déplétion en adénosine triphosphate (ATP), l’hypoxie, la consommation accrue de glycogène, la libération de damage-associated mollecular patterns (DAMPs) ainsi que de protéases peuvent induire une apoptose hépatocytaire. Lors de la reperfusion, les effets néfastes de l’ischémie sont exacerbés par la réoxygénation du fait d’une libération mitochondriale accrue de radicaux libres oxygénés qui entraîne une activation des cellules de Kuppfer et une libération de cytokines pro inflammatoires (TNF α, IL 1-β, IL33,…).

Ces dernières vont activer les neutrophiles et perpétuer une réaction inflammatoire et immunitaire qui aggrave ainsi l’apoptose et la nécrose. Les conséquences de l’ischémie-reperfusion peuvent être une non-fonction ou une dysfonction primaire du greffon, une diminution de la survie de celui-ci, une cholangiopathie ischémique ou sténosante non anastomotique.

Il en résulte toujours une augmentation de la durée et des coûts d’hospitalisation et parfois le décès du patient.

Dans l’optique d’améliorer ces résultats, différentes machines et techniques de perfusion ont été développées dans le but de remplacer ou d’être complémentaires à la conservation statique hypothermique standard.

Cette perfusion sur machine peut être soit normo soit hypothermique, avec ou sans apport en oxygène et en nutriments. Toutefois, nous ne disposons pas à ce jour de preuves solides de la supériorité d’une technique par rapport à l’autre. Des critères d’évaluation de viabilité et de reprise de fonction des greffons avant leur implantation sont en cours de développement et pourraient à l’avenir intégrer un futur algorithme décisionnel.

 

Cytomegalovirus et transplantation : les antiviraux ont-ils tout résolu ?

Par PHILIPPE GATAULT

Le subtil équilibre entre le cytomégalovirus et l’Homme, fruit d’une cohabitation de plusieurs millions d’années, vole en éclat au moment de la transplantation d’un organe. Le contrôle de l’infection clinique, la plus fréquente des infections opportunistes en transplantation d’organe, repose sur des stratégies de prévention et de surveillance virale rigoureuses. Ces dernières ont considérablement amélioré le pronostic des patients transplantés mais de nombreux défis persistent : contrôle de l’infection in situ et ses conséquences sur la survie des greffons, développement de souches résistantes, émergence de maladies sévères avec les nouveaux traitements anti-rejets…

 

Transplantation cardiaque pédiatrique : quel futur ?

Par PASCAL VOUHÉ

« History tells us that procedures that were inconceivable yesterday, and are barely achievable today, often become routine tomorrow » (Thomas E. Starzl, 1982)

La transplantation cardiaque pédiatrique s’est développée dans les années 1980, avec l’avènement de la cyclosporine. Le Registre International compte plus de 14 000 patients (10% des transplantations cardiaques). Les résultats se sont progressivement améliorés : survie acceptable (40-50% à 25 ans), bonne qualité de vie. La pénurie de donneurs entraine une mortalité importante sur liste d’attente, en particulier chez les nourrissons. La morbi-mortalité à très long terme reste élevée : rejet chronique, complications du traitement immunosuppresseur. L’avenir s’oriente dans deux directions :

 

(1) La xénotransplantation. La production de porcs génétiquement modifiés et des traitements immunosuppresseurs innovants ont permis la survie prolongée de greffons cardiaques entre porc et primate. Les essais cliniques semblent proches, en particulier chez le nouveau-né.

(2) L’ingénierie tissulaire. Des progrès constants (matrices, lignées cellulaires, facteurs de croissance) laissent entrevoir la possibilité de créer un coeur fonctionnel à partir des propres cellules du receveur.

 

 

INFECTION – INFLAMMATION – IMMUNITE

 

Du vaccin contre l’hépatite B au vaccin bivalent contre les hépatites B et CINFECTION

Par PHILIPPE ROINGEARD

Au milieu des années 70, le Professeur Philippe Maupas mettait au point à Tours le tout premier vaccin contre le virus de l’hépatite B (VHB), basé sur l’utilisation des particules d’excès d’enveloppe qui accompagnent le virus dans le sang de sujets chroniquement infectés. À l’époque ces particules sous-virales étaient purifiées à partir du plasma de porteurs chroniques du VHB pour produire un vaccin dit « plasmatique ». Ce vaccin a fait preuve de son efficacité et été utilisé pendant plusieurs années avant d’être remplacé progressivement par des vaccins produits par génie génétique. En effet, l’expression in vitro de la protéine d’enveloppe du VHB conduit à la production de ces particules sous-virales. Au cours des 15 dernières années, l’U1259 a décrypté les mécanismes de morphogenèse des virus des hépatites B et C. Ces travaux de recherche fondamentale ont été déterminants pour mettre au point des protéines chimères entre les enveloppes du VHB et du VHC capables de former également des particules sous-virales. Ces particules ressemblent à celles du vaccin contre le VHB mais ont l’avantage de contenir la totalité des protéines d’enveloppe du VHC. Elles constituent donc la base d’un vaccin bivalent qui protège à la fois contre le VHB et le VHC, virus pour lequel il n’existe pas de vaccin à l’heure actuelle.

 

Vers une thérapie métabolique anti-grippale

Par MUSTAPHA SI-TAHAR

Les infections respiratoires sont la 3e cause de mortalité dans le monde. La majorité de ces infections est causée par des virus comme celui responsable de la grippe. L’émergence de nouvelles souches virales est également une préoccupation majeure comme on le constate depuis fin 2019 avec le nouveau SARS-CoV-2. Les infections virales aéro-transmissibles représentent donc une menace contre laquelle nos moyens de lutte immédiatement mobilisables restent très limités. Pour concevoir des thérapies antivirales innovantes, il est essentiel de mieux comprendre les mécanismes d’interactions des cellules de l’hôte avec les virus.

Mon exposé se proposera d’une part de rappeler les principaux mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans la défense anti-infectieuse de la muqueuse respiratoire et d’autre part de présenter des données récentes qui soulignent l’importance du métabolisme cellulaire dans le contrôle de l’infection grippale.

 

Immunité anticancéreuse

Par LIONEL APETOH

Lionel Apetoh rappelle les principes fondamentaux de l’immunité anticancéreuse et insiste sur l’importance de la compréhension des mécanismes responsables de l’induction de réponses immunitaires effectrices pour concevoir des stratégies efficaces d’immunothérapie anticancéreuse.

 

La place des anticorps monoclonaux en infectiologie

NATHALIE HEUZE VOURC’H

Le traitement et la prévention des infections dues à des virus émergents ou à des bactéries résistantes aux antibiotiques constituent des enjeux sociétaux et médicaux majeurs. Les anticorps monoclonaux constituent une nouvelle classe d’anti-infectieux, même si leur développement en infectiologie est beaucoup plus récent qu’en cancérologie. Aujourd’hui plusieurs anticorps sont déjà autorisés pour traiter des infections bactériennes et virales et de nombreuses molécules sont en développement. Leur intérêt repose sur des propriétés pharmacologiques uniques et une bonne tolérance, mais leur succès est conditionné par une définition claire des populations qui peuvent en bénéficier et une réduction du coût de ces thérapeutiques.