Résumé
L’hépatite C, quinze ans après la découverte du virus, constitue un problème important de santé publique et est l’une des causes les plus importantes de maladie chronique du foie. Le but de cet article est de fournir les données actuelles sur l’épidémiologie de l’infection, le diagnostic, la prise en charge et le traitement de la maladie. La séroprévalence est estimée aujourd’hui à 1,1 % de la population française, soit environ 500.000 personnes dont 80 % sont virémiques. L’incidence est estimée à 4.000 nouveaux cas par an, secondaires principalement à l’usage de drogues par voie IV ou par voie nasale. Les patients ayant une sérologie positive doivent avoir une confirmation par PCR compte-tenu de la fréquence des virémies indétectables chez les séropositifs. Le génotype viral doit être également déterminé dans le but de préciser la durée du traitement et la probabilité des réponses à ce traitement. Une biopsie hépatique n’est réalisée que si ses résultats sont susceptibles d’influencer l’indication du traitement. Les décisions thérapeutiques doivent être individualisées pour chaque patient en se fondant sur la sévérité de la maladie, la probabilité de survenue d’effets secondaires majeurs, la probabilité de réponse au traitement et les comorbidités. Le traitement par interféron pégylé et ribavirine est actuellement le traitement de choix permettant une éradication définitive du virus dans près de 85 % chez les patients infectés par le génotype 2-3 et jusque 50 % chez les patients infectés par le génotype 1. Ces actualités concernent les encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESST) humaines et animales. Les données épidémiologiques actuelles confirment le plus faible nombre de cas de variants de la maladie de Creutzfeldt-Jakob prévus dans les années à venir. Mais des porteurs asymptomatiques pourraient être aussi source de contamination iatrogène. Le macaque représente un bon modèle animal de la transmission à l’Homme de l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) par la voie orale. On observe maintenant les résultats de l’efficacité des mesures de précaution concernant l’ESB avec une diminution du nombre des cas chaque année, en particulier en France. Chez les autres ruminants, l’actualité concerne la maladie du dépérissement chronique des cervidés (MDCC) en Amérique du Nord, la découverte d’une souche de type ESB dans une tremblante caprine en France, l’observation d’un cas de transmission maternelle de la tremblante ovine avec un temps d’incubation exceptionnellement court (6,5 mois) et la remise en question de la sélection génétique dans la lutte contre la tremblante ovine (apparition de « cas atypiques » chez des animaux « résistants », en particulier avec la souche tremblante Nor 98 en Europe). Ces données démontrent l’intérêt d’une surveillance active de la tremblante des petits ruminants en Europe.
Summary
Hepatitis C virus (HCV) is a major public health problem and a leading cause of chronic liver disease in western countries. The aim of this review is to provide an update on the epidemiology, diagnosis, management and therapy of the infection. It is estimated that about 400 000 persons in France have ongoing HCV infection. The estimated incidence is around 4000 cases per year. All patients with suspected chronic HCV infection should be tested for HCV RNA, as seropositivity without detectable viremia is frequent. The HCV genotype should be determined systematically prior to specific treatment in order to determine the optimal duration of therapy and the likelihood of response. Liver biopsy should be performed when the results are likely to influence the decision to treat. Treatment decisions should be individualized, being based on the severity of liver disease, the potential for serious adverse effects, the likelihood of a treatment response, and any comorbidity. The peginterferon-ribavirin combination is the treatment of choice, affording sustained viral clearance in up to 85 % of patients infected by genotypes 2 and 3, and up to 50 % in patients with genotype 1 infection.
* Membre de l’Académie nationale de médecine.
** École nationale vétérinaire d’Alfort.
7 avenue du Général de Gaulle, 94704 Maisons-Alfort Cédex — France.
Tirés-à-part : Professeur Jeanne BRUGÈRE-PICOUX, même adresse.
* Service d’hépatologie, Hôpital Saint-Antoine, 75771 Paris Cedex 12. Tirés-à-part : Professeur Raoul POUPON, même adresse. Article reçu le 15 octobre 2004, accepté le 17 janvier 2005.
Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 2, 375-387, séance du 22 février 2005