Résumé
Objectif : Le comptage des glucides représente l’étape la plus difficile de l’insulinothérapie fonctionnelle. Nous avons conçu et évalué un outil permettant un calcul précis du contenu en glucide des repas.
Matériel et Méthodes : Il s’agit d’un répertoire illustré (16 x 10 cm, 119 pages) représentant trois cent quatre-vingt-neuf images d’aliments, classés en douze catégories (pains, fruits, légumes, etc.) Pour chaque photographie, on donne le nom et le type de préparation de l’aliment, avec le poids de la portion présentée et le contenu de glucide en multiple de 5 g. Cet outil a été proposé à douze patients atteints de diabète. 1) Pendant la première phase de l’étude (trois jours par semaine pendant douze semaines), les patients ont rempli un semainier alimentaire donnant la liste et le poids de toute nourriture consommée. Mille trois cent vingt-cinq repas ont été analysés. Nous avons pu déterminer pour chacun de trois repas quotidiens la variabilité de leur contenu en glucides. 2) Pendant la deuxième phase de l’étude (deux semaines) on a donné aux patients la possibilité d’utiliser le répertoire alimentaire illustré. Nous leur avons demandé d’abord d’évaluer le contenu en glucides global de leurs repas et ensuite de peser chaque aliment. Ceci nous a permis de calculer le contenu réel en glucides des repas en utilisant des Tables Nutritionnelles. Résultats : 1) Pendant la première phase de l’étude, les contenus en glucides du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner étaient de 67 ± 29, 74 ± 30 et 75 ± 33 g, respectivement (moyenne ± SD, n=12). Nous avons évalué pour chaque patient la variabilité du contenu en glucides de chaque repas, exprimée par son écart-type SD. Pour les douze patients, cette variabilité était, pour le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, de 18 ± 8, 25 ± 8 et 27± 11 g, respectivement, ce qui représente environ un quart du contenu en glucides des repas correspondants. 2) Pendant la deuxième phase, les évaluations des contenus en glucides des repas faites par les patients utilisant l’annuaire alimentaire illustré étaient correctement corrélées avec l’évaluation rétrospective utilisant les Tables Nutritionnelles : y = 0,95 x + 5 g, r2 = 0,85, avec des erreurs de moins de 10 % (deux cent trente-cinq repas analysés).
Conclusion : Cette étude montre que l’utilisation de cet outil permet une évaluation précise du contenu en glucide des repas, évaluation qui est nécessaire compte tenu de sa variabilité bien mise en évidence dans cette étude. Ce répertoire illustré pourrait ainsi représenter un progrès facilitant la mise en œuvre de l’insulinothérapie fonctionnelle.
Summary
Objective: Carbohydrate counting is the most difficult component of functional insulin therapy. We thus designed a tool to facilitate carbohydrate counting of meals.
Research Design and Methods: The tool consists of an illustrated directory (16 x 10 cm, 119 pages) presenting 389 pictures of food, classified in 12 categories (breads, fruits, vegetables, etc). For each photo, the name and mode of preparation of the foods are given, with the weight of the illustrated portion and its carbohydrate content as a multiple of 5 g. During the first phase of the study (3 days a week for 12 weeks), twelve patients with type 1 diabetes completed a precise food diary using a list and weight of all consumed foods. We were thus able to determine, for each of three meals (breakfast, lunch and dinner), the variability of their carbohydrate content. During the second phase of the study (2 weeks), the patients were given the possibility of using the illustrated food directory. We asked them first to estimate, from the photos, the global carbohydrate content of their meals, and then to weigh each food. This allowed us to calculate the true carbohydrate content of the meals from nutritional tables.
Results: During the first phase, the carbohydrate contents of breakfast, lunch and dinner were 67 ± 29, 72 ± 30 and 74 ± 30 g, respectively (mean ± SD, n=12). For a given patient, the variability in the carbohydrate content of each meal was expressed by its standard deviation (SD). For the 12 patients, this variability was 18 ± 8, 25 ± 8 and 27 ± 11 g, respectively, for breakfast, lunch and dinner, and represented on the average about one-quarter of the total carbohydrate content. During the second phase, carbohydrate content, estimated by the patients using the illustrated food directory, correlated well with the retrospective evaluation based on nutritional tables (y = 0.95 x + 5 g, r2 = 0.85; n=12, 235 meals).
Conclusion: This new illustrated food repertory allows accurate evaluation of the highly variable carbohydrate content of meals, and could thus facilitate functional insulin therapy.
Bull. Acad. Natle Méd., 2012, 197, no 1, 93-102, séance du 22 janvier 2013