Communication scientifique
Séance du 10 février 2009

Conclusion : l’autisme, quarante ans d’expérience

Gilbert Lelord *

 

Conclusion : l’autisme, quarante ans d’expérience

Gilbert LELORD *

Ces beaux travaux sont très réconfortants pour les orateurs qui participent au renouvellement de l’autisme :

— Catherine Barthélémy et ses remarquables recherches cliniques, — Francis Brunelle et ses images si claires et si démonstratives, — Thomas Bourgeron qui ne se laisse pas griser par ses résultats pourtant édifiants, — Bernard Golse qui sait tirer parti des données des neuro-sciences cognitives.

Le fait frappant qui unit ces travaux très vivants, réside dans leur cohérence. Celle-ci renforce l’expérience des cliniciens :

— pédiatres, représentés par notre président Géraud Lasfargues, — neurologues, qui se félicitent des choix préconisés par Jean Cambier, — et Henry Hamard, président de la commission « Handicap » de l’Académie, qui a étudié l’autisme pendant plusieurs mois, l’année passée.

Permettez-moi d’ajouter quelques remarques.

L’exposé de Catherine Barthélémy sur les thérapies d’échange et de développement déborde le cadre régional et même national.

En effet, ces thérapies se distinguent :

— aussi bien des thérapies réflexologiques (étant élève de Popov, eux-mêmes élèves de Pavlov, je m’honore de cette filiation) dont le caractère systématique risque d’engendrer des automatismes, — que des thérapies psychanalytiques dont la doctine du désir (la « forteresse vide » n’est peut-être pas celle que son auteur avait imaginée) risque d’isoler l’enfant dans un monde à part, — les thérapies d’échange sont nées des progrès de la physiologie de Claude Bernard, Edouard Brown-Séquard, Alfred Fessard… qui jour après jour, ont éclairé le fonctionnement du système nerveux. Elles sont donc contrôlables et évolutives. C’est ainsi que l’acquisition libre et l’imitation libre dont elles s’inspirent, ont fait l’objet de publications toutes récentes.

Une autre remarque concerne le collaboration des parents.

 

Longtemps méconnus, ils n’en étaient pas moins les co-organisateurs du colloque de 1985, sous l’égide de l’Inserm, du Cnrs et de l’Arapi (Association de recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations) auquel participaient Jérôme Lejeune et Didier Duché. En fait les parents connaissent l’enfant mieux que nous (Robert Debré disait : « Ecoutez les mères »). Certains spécialistes de l’autisme les désignent sous le nom de « co-thérapeutes ». Ils sont dans tous les cas des alliés précieux, compétents, motivés et efficaces.

Aujourd’hui, ils nous disent la détresse des parents âgés qui, sans aucune aide extérieure, s’occupent de leur enfant devenu adulte, et de tout son handicap. Il paraît souhaitable que l’Académie mette son poids, et vous-mêmes votre poids individuel au service de ces adultes. Des textes récents reconnaissent leur existence, mais tout reste à faire pour faire face à leurs difficultés présentes.

Ces différentes constatations montrent que la séance d’aujourd’hui est résolument orientée vers l’avenir.

BIBLIOGRAPHIE [1] Lelord G. — L’exploration de l’autisme : le médecin, l’enfant et sa maman. Bernard Grasset Edit.,1998, 302 p.

 

<p>* Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2009, 193, no 2, 315-316, séance du 10 février 2009