Communication scientifique
Séance du 21 mars 2006

Conclusion

Jean-Noël Fiessinger *

Conclusion

Jean-Noël FIESSINGER *

À l’origine le concept d’ischémie critique a été développé par un consensus européen, afin de définir une population de patients avec une artériopathie et un très haut risque d’amputation, en complétant la classification de Leriche et Fontaine par un critère hémodynamique. Ceci afin de pouvoir définir des stratégies diagnostiques et thérapeutiques communes et de conduire des essais méthodologiquement valides.

Le concept d’ischémie critique a été repris par le monde anglosaxon et malgré quelques controverses sur la valeur hémodynamique choisie, le terme de critical ischemia est désormais communément utilisé. Si dans les pays développés l’incidence annuelle des malades en ischémie critique est évaluée à 50-100 pour 100 000, le nombre de ces patients ne cesse de croître du fait du vieillissement de la population d’une part, de l’accroissement des diabétiques et des dialysés, deux populations à risque d’ischémie critique d’autre part. Les exposés de cet après midi ont bien illustré les avancées des techniques endovasculaires et des pontages mais aussi les promesses du traitement médical.

Ces progrès ne doivent pas masquer l’ampleur des difficultés : ce qu’illustre parfaitement l’étude BASIL publiée dans le Lancet en 2005 [1] comparant bypass et angioplastie dans la prise en charge des patients avec une ischémie critique. Sans revenir sur les résultats de cette étude la population étudiée est particulièrement informative. Sur le plan médical seulement deux tiers des patients reçoivent des antiagrégants un tiers des statines. Sur 100 patients en ischémie critique sans lésions proximales majeures, la moitié ne peuvent pas être revascularisés. Pour les malades ayant bénéficié d’une revascularisation, un an plus tard 56 % des malades opérés, 50 % de ceux traités par angioplastie sont vivants et non amputés. Des chiffres qui confirment que malgré les progrès et les succès des techniques de revascularisation, l’ischémie critique reste une situation dramatique avec une prise en charge médicale inadéquate ou plutôt insuffisante. Ces résultats démontrent la nécessité, pour la prise en charge de ces malades de plus en plus nombreux, d’équipes médico-radiochirurgicales familières de cette pathologie. C’est dire aussi l’urgence d’une meilleure prise en charge médicale de ces malades et les espoirs que suscitent les nouvelles approches thérapeutiques que sont la thérapie génique, et plus encore la thérapie cellulaire.

BIBLIOGRAPHIE [1] BASIL trial participants — Bypass versus angioplasty in severe ischaemia of theleg (BASIL) :

multicentre, rendomised controlled trial. Lancet , 2005.

* Membre de l’Académie nationale de médecine

Bull. Acad. Natle Méd., 2006, 190, no 3, 683-684, séance du 21 mars 2006