CONCLUSION
Alain RERAT *
Partisan convaincu des échanges entre Académies, au moins pour celles dont les champs d’action sont complémentaires, j’ai, il y a deux ans, proposé ce thème sur le fer au comité de liaison entre nos deux Académies. En effet, lorsque j’étais viceprésident de l’Union Internationale des Sciences de la Nutrition, et donc en charge d’une dizaine de comités internationaux, dont celui sur l’anémie ferriprive, j’avais été frappé de l’importance numérique des populations concernées (plus de deux milliards d’êtres humains à l’époque), surtout dans les PVD, ainsi que des consé- quences très graves qui en découlaient au plan physique et psychique. On ne pouvait aussi qu’être frappé des grandes variations dans ces populations, variations qui ne relevaient pas seulement des ressources minérales du sol. La question qui se posait donc était : ’’Comment tirer le meilleur parti du sol pour couvrir les besoins en fer de l’homme, via les filières végétale et animale ? ’’ Il s’agissait donc de connaître tous les mécanismes de transfert du sol à la plante, de la plante à l’animal, puis de la plante et de l’animal à l’homme, et de rechercher comment valoriser au mieux ces mécanismes. Cette séance, destinée à répondre à cette question, nous a donc permis de suivre le voyage du fer, d’abord chez le végétal, avec les facteurs permettant d’accroître sa concentration dans les produits comestibles, et également sa disponibilité. D’une façon générale, les aliments végétaux ne sont pas riches en fer (à part quelques exceptions comme les légumineuses), et la disponibilité de ce dernier y est faible (2 à 3 %) ; cette disponibilité est en outre variable en fonction de la présence de facteurs alimentaires la favorisant (vitamine C) ou la déprimant (phytates, polyphénols, tanins). Poursuivant ce voyage chez l’animal, on trouve des produits beaucoup plus riches en fer sous forme héminique, ayant une disponibilité dix fois plus importante que chez les végétaux. Si bien que dans les pays développés, le fer apporté par les produits carnés, qui ne représente que 20 % du total ingéré, couvre 80 % des besoins de l’organisme. Je laisse maintenant à Michel Bourel, le soin de clore cette séance, par les aspects plus médicaux.
Michel BOUREL *
Quatrième élément de la croûte terrestre, il n’est pas étonnant que le fer occupe une place si importante chez le vivant. Impliqué dans la plupart des métabolismes, il est un des maillons de la chaîne qui va du sol au végétal, à l’animal et à l’homme.
Nos confrères de l’Académie d’Agriculture de France ont tracé ses voies d’absorption (Jean-François Briat) et celles de disponibilité nutritionnelle (Isabelle HiningerFavier).
Ceux de l’Académie nationale de médecine ont tracé les étapes du métabolisme du fer chez l’homme (Jean-Yves Le Gall), les aspects cliniques des carences (Bernard Grobois) et ceux des diverses surcharges en fer (Yves Deugnier).
Le champ de ces dernières a été considérablement élargi depuis 1975, où seul le chromosome 6 était indiqué comme porteur d’une mutation responsable de l’hémochromatose génétique, jusqu’à aujourd’hui où, au moins, cinq paires de chromosomes sont concernées par une mutation sous-jacente à une variété de surcharge en fer héréditaire.
* Membre de l’Académie nationale de médecine.
Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 8, 1679-1680, séance du 8 novembre 2005