Communication scientifique
Séance du 12 mai 2009

Conclusion

Claude Sureau *

 

CONCLUSION

Claude SUREAU *

Ma première remarque concernera la richesse de cette séance, la qualité des orateurs, et celle des discussions ; nous sommes certes accoutumés, à l’Académie, à une grande qualité des échanges, mais celle-ci fut d’autant plus remarquable que la thématique était complexe et concernait des aspects très spécifiques de la périnatologie.

Je voudrais dire à Elisabeth Elefant mon admiration pour la grande qualité et la clarté de son exposé sur les problèmes si délicats et les angoisses fréquentes que génèrent les thérapeutiques administrées aux femmes enceintes ; il n’est pas nécessaire de revenir sur les situations dramatiques qu’ont entraînées dans le passé de telles administrations, et qui font parfois encore l’objet de mises en cause judiciaires ; Paul Vert vient très judicieusement de rappeler les difficultés et les incertitudes auxquelles sont si souvent exposés les praticiens ; c’est dire l’immense reconnaissance que nous devons et que je tiens à exprimer à Elisabeth Elefant pour l’aide considérable qu’elle a apportée pendant des décennies aux obstétriciens inquiets devant de telles administrations ainsi qu’aux patientes qu’ils devaient éclairer et heureusement, très souvent rassurer.

J’ai souvent eu l’occasion, dans le passé, d’évoquer avec Philippe Le Bouteiller les problèmes posés par la fameuse et étrange « tolérance » dont bénéficie l’être prénatal. Il vient de citer Gérard Chaouat, dont l’action fut si décisive dans l’évolution des concepts concernant cette tolérance, lorsqu’il était le collaborateur de M. Voisin, avant de rejoindre mon équipe à Baudelocque. Grâce à Philippe Le Bouteiller le voile se déchire un peu plus et notre compréhension de ces phénomènes mystérieux s’est sensiblement accrue.

Il n’est pas exagéré de dire que les observations que vient de nous présenter Jean-Michel Foidart sont surprenantes et même quelque peu révolutionnaires ;

grâce à lui, grâce aux moyens d’investigation originaux qu’il a su mettre en œuvre, la chambre intervilleuse, l’équilibre des pressions de part et d’autre de la membrane villositaire, son évolution au cours de la grossesse ont été à l’origine d’une compré- hension nouvelle des ces phénomènes jusqu’ici imparfaitement connus. Oserais-je rappeler que dans un hôpital de Boston une plaque encore vierge attend le nom de celui qui percera le mystère de l’éclampsie ; je souhaite que ce nom soit celui de Jean-Michel Foidart et j’attends ce moment avec impatience.

Mon ami Christian Nezelof a souligné dans son introduction le caractère indispen- sable du placenta et je suis pleinement d’accord avec lui, même si on a pu rêver parfois de la mise en œuvre d’un « placenta artificiel » ; il y a plus de cinquante ans, j’ai eu l’occasion de prendre connaissance, à la bibliothèque de l’Hôpital Presbyterien de New-York, d’un brevet concernant un tel organe ; je n’ai pas l’impression que depuis cette lointaine période des progrès déterminants aient été réalisés. Mais Christian Nezelof a fait également allusion au caractère indispensable de l’utérus, et là, je me dois d’exprimer quelques réserves : celles-ci découlent de mon expérience d’obstétricien qui m’a conduit à plusieurs reprises, mais non sans angoisse, à extraire près du terme des enfants ectopins vivants ; cette éventualité révèle bien que l’utérus n’est pas nécessaire pour le développement d’un enfant, mais qu’il l’est pour que sa naissance s’effectue dans de bonnes conditions de sécurité maternelle.

Et puis, je voudrais rendre un hommage particulier à notre consœur Danièle Evain-Brion : d’abord pour avoir été à l’origine de cette passionnante séance et d’y avoir apporté une contribution essentielle ; mais plus encore pour avoir osé l’initiative, remarquable, exceptionnelle, ainsi que pour le courage, la persévérance, dont elle a fait preuve pour créer cette fondation « Prem up » destinée à élucider les mécanismes de la prématurité et à en prévenir les conséquences, que nous ne connaissons que trop ; elle a su susciter l’intérêt et même l’enthousiasme, et la disponibilité de fonds ; elle a organisé l’an dernier la première réunion consacrée à ce thème ; une autre se tiendra le 16 mai au Sénat, sur les grossesses multiples, précédée d’une séance le 15 mai, consacrée au cerveau du nouveau-né prématuré, organisée par le Pr. Gressens. Danièle Evain-Brion va vous présenter les grandes lignes de ce projet, d’une importance médicale, scientifique et humaine, considérable auquel l’Académie nationale de médecine est heureuse d’avoir apporté son soutien.

 

<p>* Membre de l’Académie nationale de médecine</p>

Bull. Acad. Natle Méd., 2009, 193, no 5, 1067-1068, séance du 12 mai 2009