Résumé
Les mouvements oculaires sont au service de la vision. Ils se sont particulièrement développés chez les espèces prédatrices, à vision frontale binoculaire. Les noyaux abducens assurent la synergie oculomotrice latérale tandis que les noyaux des nerfs moteurs oculaires communs commandent la verticalité oculomotrice et la convergence. Les deux grands types de mouvements oculaires conjugués — les saccades, changeant les images, et les mouvements lents, les stabilisant — sont contrôlés par des structures prémotrices spécifiques du tronc cérébral, réticulaires et vestibulaires, respectivement. En amont du tronc cérébral, les principaux circuits oculomoteurs corticaux et sous-corticaux commencent à être bien connus. Les saccades servent même désormais de modèle moteur pour étudier les différents processus cognitifs préparant les mouvements en général, tels que la mémoire spatiale, la prédiction et la décision. A la classique méthode d’étude des effets des lésions, il s’est ajouté récemment la stimulation magnétique transcrânienne et l’imagerie cérébrale fonctionnelle qui ont apporté des résultats complémentaires permettant de mieux comprendre le fonctionnement cérébral. Les mouvements oculaires peuvent donc être testés très simplement au lit du patient pour la sémiologie clinique élémentaire, mais ils peuvent aussi maintenant être utilisés de façon beaucoup plus sophistiquée en laboratoire pour explorer l’univers des neurosciences cognitives.
* INSERM 679 et Service de Neurologie 1, Hôpital de la Pitié Salpêtrière, 47 Bd de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13.
Tirés à part : Professeur Charles PIERROT-DESEILLIGNY, même adresse.
Article reçu le 4 avril 2005, accepté le 9 mai 2005.
Bull. Acad. Natle Méd., 2005, 189, no 7, 1503, séance du 18 octobre 2005