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La mort loin des familles
Communiqué de l’Académie nationale de médecine
4 novembre 2020
Avec la seconde vague de Covid-19 et l’accroissement rapide du nombre des décès, l’instauration d’un nouveau confinement amène à rappeler quelques principes sur l’accompagnement des familles touchées par un deuil.
Toute mort d’un proche, a fortiori inattendue ou brutale, est une confrontation à une fin d’histoire commune, voire d’histoire inachevée. Ambiguïtés affectives et parfois conflits non résolus, zones d’ombre qui ne pourront plus être traitées, survivent à l’épreuve de la séparation. Les paroles que l’on s’était promis de prononcer un jour ne le seront pas, perdues pour toujours.
Toute famille confrontée à la douleur d’une séparation définitive est en quête d’information, de compréhension : comment la mort est-elle survenue, comment le parent l’a-t-il affrontée ? A-t-il souffert ?
Après une première réaction de déni, ordinaire au moment de l’annonce, vient la prise de conscience de la réalité de la mort et du devenir du corps. Ce sont autant de questions qui appellent des réponses.
L’ultime regard posé sur le défunt est un instant irremplaçable, pour beaucoup nécessaire, pierre angulaire de l’acceptation. Cette confrontation doit être proposée dans la mesure des possibilités, dans le respect des règles de sécurité sanitaire, à la personne de confiance, à la famille, aux proches.
Face à la mort d’un être cher, chaque comportement est particulier. Il importe de respecter les choix de chaque famille dans leurs dimensions culturelles et cultuelles, au mieux des possibilités.
L’épidémie de Covid-19 et les contraintes du confinement empêchent nombre de familles d’accompagner la fin de vie d’un parent, en particulier dans le cas des résidents en EHPAD.
La non présentation du corps, justifiée par des raisons de sécurité sanitaire imposant une mise en bière immédiate en cercueil fermé, mésestime le besoin de se représenter la réalité, génère des sentiments de dépossession, voire de culpabilité, et aggrave la perception d’inachevé d’une histoire affective.
Certaines pratiques peuvent apporter une aide : photographie du visage du défunt enregistrée par un soignant et conservée dans le dossier médical hospitalier à disposition de la famille, disponibilité de l’entourage infirmier et médical, entretien avec un membre de l’équipe soignante, un psychologue, ou psychiatre.
Afin d’humaniser les circonstances de deuil en période épidémique, l’Académie de médecine recommande :
– de maintenir la possibilité de visiter un résident en EHPAD, tout en respectant les règles de sécurité sanitaire, et de faciliter les conditions d’une présence familiale lorsque le pronostic médical laisse prévoir une issue proche ;
– d’inviter les familles privées de proximité avec leur proche durant les dernières étapes de sa vie, si elles le souhaitent, à rencontrer un représentant de l’équipe soignante ou d’accompagnement pour retracer les conditions de départ de l’être cher.