Après avoir examiné les relations entre choix énergétiques et santé, l’Académie fait, dans ce domaine, cinq recommandations.
Veiller prioritairement à éviter les ruptures d’approvisionnement en énergie . En effet, le plus grave risque pour la santé est de manquer d’énergie comme le montrent à des degrés divers le lien entre état sanitaire et dépense énergétique dans les pays en voie de développement, l’importance à la fois de la chaîne du froid et de la lutte contre les températures extrêmes, ainsi que les conséquences sanitaires des ruptures d’approvisionnement comme en ont connu encore récemment certains pays. Le prix de l’énergie doit être maintenu assez bas pour éviter un rationnement par le coût pour les classes sociales les plus défavorisées.
Maintenir la filière nucléaire dans la mesure où elle s’avère avoir le plus faible impact sur la santé par kWh produit par rapport aux filières utilisant des combustibles fossiles, les biomasses ou l’incinération des déchets (en raison de la pollution atmosphérique qu’elles entraînent) ou même, comme le montre notamment le rapport Externe de la Commission Européenne, quand on la compare aux énergies éolienne et photovoltaïque (principalement en raison des polluants libérés pendant le cycle de vie des dispositifs). L’Académie s’exprimera en temps utile sur les solutions qui seront retenues pour la gestion des déchets nucléaires de très longue durée de vie et de haute activité.
Encourager un effort de recherche important dans le domaine des mécanismes et de l’évaluation des effets sanitaires des faibles doses , qu’il s’agisse de toxiques chimiques ou radioactifs. L’Académie rappelle que l’estimation des conséquences sanitaires de faibles irradiations (inférieures à quelques mSv) ou de faibles concentrations de cancérogènes au moyen d’une relation dose-effet linéaire sans seuil, n’a pas de justification scientifique.
Poursuivre les efforts industriels et de recherche engagés avec succès depuis vingt ans pour réduire la pollution due aux transports et aux rejets industriels et domestiques , mettre en évidence les substances chimiques les plus impliquées, les prendre systématiquement en compte dans la surveillance de la qualité de l’air extérieur et intérieur et favoriser la mise en œuvre de moyens visant à les réduire.
Etre attentif aux menaces que fait courir à la santé, par l’effet des changements climatiques, l’augmentation de la teneur atmosphérique en gaz à effet de serre . Cette augmentation se poursuit dans les pays développés et sera amplifiée par l’industrialisation des pays en développement qui, sans l’aide des pays riches, auront inévitablement recours aux combustibles fossiles.
L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 1er juillet 2003, a adopté le texte de ce communiqué à l’unanimité moins une abstention.
* Groupe de travail composé de : R. ARDAILLOU, A. AURENGO, P.R. BAUQUIS, G. BLAUDIN de THÉ, B. FESTY, J. LAMBROZO, R. MASSE, G. MILHAUD, M. TUBIANA.
Bull. Acad. Natle Méd., 2003, 187, no 6, 1203-1204, séance du 1er juillet 2003