Communication scientifique
Séance du 14 octobre 2014

Addiction aux jeux d’argent : apport des neurosciences et de la neuroimagerie

MOTS-CLÉS : Addiction comportementale. Cerveau neuroimagerie. Récompense
Gambling addiction: insights from neuroscience and neuroimaging
KEY-WORDS : Behavioral addiction. Brain.Neuroimaging. Reward

Guillaume SESCOUSSE *

L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt en relation avec le contenu de cet article.

Résumé

Bien que la plupart des individus considère les jeux d’argent comme une activité récréative, certains joueurs perdent le contrôle et tombent dans une spirale de jeu compulsif aux conséquences dramatiques. Les nombreuses similitudes avec l’addiction aux substances ont conduit la communauté psychiatrique à redéfinir le jeu pathologique comme une addiction comportementale. Un certain nombre d’hypothèses neurobiologiques issues de ce cadre théorique ont été testées ces dix dernières années, notamment à l’aide de la neuroimagerie. Comme dans le cas de l’addiction aux substances, un faisceau d’observations indique un rôle central de la dopamine dans le jeu pathologique. Cependant, le mécanisme sous-jacent semble différent et reste encore mal compris. Les études neuropsychologiques montrent des déficits en termes de prise de décision chez les joueurs pathologiques, ainsi qu’un manque d’inhibition et de flexibilité cognitive. Ces troubles des fonctions dites « exécutives » indiquent vraisemblablement un dysfonctionnement au niveau des lobes frontaux. Enfin, les études d’IRM fonctionnelle laissent apparaître une réactivité anormale des structures cérébrales du « système de récompenses », en particulier au niveau du striatum et du cortex préfrontal ventro-médian. Tandis que ces structures sont sur-activées par les indices environnementaux associés au jeu, elles sont sous-activées par les gains monétaires. Cependant, les études réalisées à ce jour restent encore trop peu nombreuses et trop hétérogènes pour construire un modèle neurobiologique cohérent du jeu pathologique. Une réplication des résultats et une diversification des approches de recherche seront nécessaires dans les années à venir, afin d’aboutir à un tel modèle permettant d’informer efficacement les stratégies de traitement et de prévention.

Summary

Although most people consider gambling as a recreational activity, some individuals lose control and enter into a spiral of compulsive gambling with dramatic consequences. The many similarities with substance addiction have led psychiatrists to redefine pathological gambling as a behavioural addiction. A number of neurobiological hypotheses originating from this framework have been tested in the past ten years, in particular using neuroimaging. Similarly to substance addiction, a number of observations indicate a central role for dopamine in pathological gambling. However, the underlying mechanism seems to be different and is still poorly understood. Neuropsychological studies have shown decision-making deficits in pathological gamblers, accompanied by a lack of inhibition and cognitive flexibility. This disruption of so-called “executive functions” is typical of frontal lobe dysfunction. Finally, functional MRI studies have revealed abnormal reactivity within the brain regions of the “reward system”, including the striatum and ventro-medial prefrontal cortex. These regions are over-activated by gambling cues, and under-activated by monetary gains. However, the scarcity and heterogeneity of brain imaging studies currently hinders the development of a coherent neurobiological model of pathological gambling. Further replications and diversification of approaches will be needed in the coming years in order to produce such a model that will have the ability to inform prevention and treatment strategies.

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* Donders Institute for Brain, Cognition and Behavior, Radboud University Nijmegen, Nijmegen, Netherlands.

Bull. Acad. Natle Méd., 2014, 198, no 7, 1309-1325, séance du 14 octobre 2014