Communiqué
Session of 9 novembre 2010

A propos des maisons de naissance

MOTS-CLÉS : accouchement. nouveau-né. sortie précoce.

Roger HENRION *

Communiquéaccouchement, nouveau-né, sortie précoce.Roger Henrion (au nom d’un groupe de travail)

 

Roger HENRION *

L’Académie nationale de médecine est parfaitement consciente du désir de certaines femmes de pouvoir accoucher dans une ambiance moins médicalisée. Elle est néanmoins réservée quant à l’expérimentation des maisons de naissance attenantes à un service de gynécologie obstétrique, recevant des grossesses dites à bas risque, et fonctionnant sous la responsabilité exclusive de sages femmes libérales qui assurent la prise en charge des femmes du début de la grossesse à la fin du post-partum.

Elle fait remarquer que, pour ce qui est des grossesses, un bas risque ne signifie pas une absence de risque et que le fonctionnement de ces maisons pose deux problèmes majeurs :

d’une part, l’absence de toute hospitalisation.

La sortie immédiate, dans les heures qui suivent la naissance, peut générer des conséquences très graves tant pour la mère avec le risque retardé d’une hémorragie du post partum que pour l’enfant, les premiers jours ayant une importance capitale. L’Académie fait remarquer à ce propos que dans un rapport de 2005 sur « la première semaine de vie », elle insistait sur le maintien du caractère médical de la prescription de sortie du nouveau né.

— d’autre part, la difficulté de déterminer la responsabilité médicale et assurantielle des acteurs concernés.

En cas de transfert vers le service de gynécologie obstétrique, il est prévu que la responsabilité et la prise en charge de la femme et de son nouveau né incombent au service de gynécologie obstétrique. Mais qui va endosser la responsabilité de l’état du nouveau né et de sa mère exigeant le transfert, la sage femme qui adresse ou le service qui reçoit ? Qui, dans le cas d’une hypoxie fœtale sévère entraînant des séquelles chez l’enfant, sera considéré comme responsable, la sage femme ayant suivi la grossesse et le travail ou l’obstétricien ayant terminé l’accouchement par une pose de forceps ou une césarienne ?

C’est pourquoi l’Académie nationale de médecine préfère, afin de mieux accompagner les femmes au cours du travail, que le développement « d’espaces physiologiques » dans les services de gynécologie obstétrique et l’accès de sages femmes libérales au plateau technique des cliniques privées soient favorisés et que les effectifs de sages femmes hospitalières soient renforcées.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 9 novembre 2010, a adopté le texte de ce communiqué moins une voix contre et six abstentions.

 

Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 8, 1621-1622, séance du 9 novembre 2010