Communication scientifique
Session of 13 février 2018

ZIKA virus, voies génitales et transmission sexuelle

MOTS-CLÉS : VIRUS ZIKA. TRACTUS GÉNITAL HUMAIN. TRANSMISSION SEXUELLE
ZIKA virus, human genital tract and sexual transmission
KEY-WORDS : ZIKA VIRUS. GENITAL TRACT. SEXUAL TRANSMISSION

Louis BUJAN*

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêt.

Résumé

Le virus Zika a récemment émergé en Asie et aux Amériques. Il est responsable de plusieurs manifestations pathologiques comme quelques affections neurologiques mais le plus souvent l’infection est bénigne, voire asymptomatique. Dans ce contexte, la survenue de graves altérations du développement du fœtus a été source de grande inquiétude et a donné un intérêt particulièrement important à cette infection. Ainsi, l’organisation mondiale de la santé (OMS) désignait, d’avril à novembre 2016, l’épidémie d’infection par le virus Zika comme un problème majeur et urgent de santé publique. La transmission du virus se fait par l’intermédiaire d’un vecteur, le plus souvent les moustiques du sous-genre Aedes, mais des cas de contamination sexuelle ont été rapportés. Nous rapportons et discutons ici les résultats de l’étude prospective « Ziksperm » qui analyse les liens entre sperme et virus chez l’homme ainsi que les résultats des études transversales sur l’appareil génital féminin.

Chez l’homme, nous démontrons que l’ARN du virus peut être retrouvé dans le sperme jusqu’à 120 jours après l’infection aigue. Trois profils de patients ont été définis : les non-excréteurs dans le sperme, les excréteurs dans le sperme et dans le sang et/ou les urines de façon concomitante et enfin les longs excréteurs dans le sperme alors que la charge virale dans le sang ou les urines est négative. De plus, au-delà de la détection d’ARN viral, nous mettons en évidence un virus compétent (capable d’infecter des cellules et de se répliquer) dans la population de spermatozoïdes obtenus après préparation. L’infection par le virus Zika a pour conséquences des modifications des caractéristiques du sperme et des hormones de la reproduction.

Chez la femme, nous observons de l’ARN viral dans le vagin et au niveau de l’endocol. La durée de l’excrétion virale dans le tractus génital est moindre que dans celui de l’homme. Cependant l’ARN viral peut être détecté à ce niveau même si le virus n’est pas retrouvé dans le sang ou les urines.

Ces résultats sont importants pour la compréhension des conséquences de l’infection Zika sur la fonction de reproduction et pour évaluer le risque de transmission sexuelle.

Summary

Zika virus had recently emerged in Asia and in Americas and was responsible of several human diseases. While the infection typically causes unapparent or benign illness, drastic effects of infection in pregnant women resulting on fetus development and births defects as well as neuro pathologies in infected adults were described. Consequently, WHO designated the Zika virus epidemic “a public health emergency of international concern from April to November 2016. Zika virus is transmitted by mosquitoes but sexual transmissions were reported. In this context, the links between Zika virus and male and female genital tracts must be investigated. We report and discuss herein the results of the prospective study Ziksperm dealing with semen and Zika virus in man, and, the results of transversal studies about female genital tract and Zika virus in human.

In men we demonstrated that Zika virus was found in semen until 120 days after acute infection and we described three patient patterns according to ZIKA viral shedding in semen: non-shedding patients, seminal shedders with concomitant blood, urines shedding, long-term seminal shedding without blood and urines shedding. Moreover, we found competent virus in a pure population of spermatozoa. Acute Zika infection resulted in semen and reproductive modifications which returned to normal status 120 days after acute infection.

In women, we found Zika virus in vaginal and endocervical swabs. The duration of Zika virus shedding in female genital tract was shorter than in male genital tract but shedding in genital tract was described although that blood and urines viral load were negative.

These finding are important in order to understand the consequences of Zika virus on reproductive function, to evaluate the risk of sexual transmission, and to help physicians to counsel infected patients and public health specialists to make policy recommendations.

* EA 3694 Groupe de recherche « Fertilité Humaine » Université Toulouse III et Groupe d’activité de médecine de la reproduction, CECOS, Hôpital Paule de Viguier, 330 Av de Grande Bretagne, 31059 Toulouse, Cedex 09.

Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 1-2, 255-274, séance du 13 février 2018