Communication scientifique
Session of 13 février 2018

Intérêt de développer des cliniques d’AIT en France : est-ce utile pour la santé publique ?

MOTS-CLÉS : ACCIDENT ISCHÉMIQUE TRANSITOIRE. ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL
Establishing TIA clinics in France, a public health need
KEY-WORDS : TRANSIENT ISCHEMIC ATTACK. STROKE

Pierre AMARENCO*

Déclaration de l’auteur : au cours des 5 dernières années, j’ai reçu des fonds de recherche de Sanofi, BMS et AstraZeneca (TIAregsitry.org), de Pfizer, AstraZeneca et Merck (Treat Stroke to Target trial), de Boston Scientific (WATCH-AF registry), du gouvernement français (PHRC Treat Stroke to Target (TST) trial et TST-PL.U.S.) ; des honoraires comme membre d’executive committee du SOCRATES trial (AstraZeneca), du programme SPIRE trials (Pfizer), du registre XANTUS (Bayer), du PROMINENT trial (Kowa company), comme membre du steering committee de l’ESUS trial (Bayer) et du PARFAIT trial (BMS), comme membre de l’endpoint committee du SUMMIT trial (GSK), comme membre du DSMB de l’ALPINE studies program (Fibrogen), et de l’essai SHINGPOON ; des honoraires de participation à des advisory boards de la part de Bayer, Pfizer, Amgen, Kowa, Boston Scientific, Edwards, Shing Poon, Gilead ; des honoraires comme orateur de la part de Bayer, Amgen, Pfizer, Sanofi.

Résumé

Grâce à l’avènement de la thrombolyse et de la thrombectomie, la prise en charge des AVC constitués a considérablement changé, permettant d’espérer la guérison chez près de 50 % des patients traités chaque année. Cependant, au mieux 10 % des AVC constitués bénéficient de ces traitements, sur les 160 000 AVC constitués en France dans une année. Ainsi, 144 000 patients ne bénéficient pas de ces traitements, car ils arrivent trop tard à l’hôpital. La bonne prise en charge de ces patients dans des unités neuro-vasculaire améliore leur devenir, mais l’on sait que lorsque le mal est fait, il n’y a guère de chance de guérir complètement de l’AVC constitué.

25 % des AVC constitués sont précédés d’accidents ischémiques transitoire (AIT). Après un AIT le risque d’AVC constitué est de 17 % à 3 mois, et la plupart surviennent dans les heures ou jours suivant l’AIT. Intervenir au plan diagnostique et thérapeutique juste après l’AIT est donc la meilleure opportunité d’éviter l’AVC constitué. C’est la raison pour laquelle nous avons développé depuis 2003 « SOS-AIT », une clinique d’AIT à l’hôpital Bichat, disponible 24h/24, 365 jours par an, et, presque parallèlement une clinique d’AIT similaire s’est mise en place en 2004 à Oxford. Nos deux équipes ont rapporté simultanément en 2007 que cette prise en charge expéditive de l’AIT permettait de réduire de 80 % le risque d’AVC constitué. Cette constatation a été confirmée par un registre d’AIT international que nous avons mis en place, basé sur 61 cliniques d’AIT en Europe, Asie et Amérique latine, publié dans le New England Journal of Medicine en 2016.

Ainsi, si tous les AIT étaient pris en charge dans une clinique d’AIT similaire, cela permettrait d’éviter 5,320 AVC constitués chaque année en France, soit une performance bien supérieure à celle de la thrombolyse, de la thrombectomie avec respectivement 640 et 1560 décès ou dépendances évités chaque année. Or, seulement deux cliniques d’AIT existent, à Paris et à Toulouse (depuis 2009). Développer des cliniques d’AIT en France, comme les Unités Neuro-vasculaires l’ont été dans les années 1990 et 2000, est une priorité de santé publique.

Summary

The management of acute ischemic stroke has considerably improved with the advent of intravenous thrombolysis then thrombectomy, leading to 50% of patients cured at 3 months when they are treated. However, at best, 10% of patients only, among 160,000 strokes each year in France, can be treated, leaving 144,000 patients without revascularization treatment because of late arrival at the emergency room. The good care in stroke unit helps improve their outcome, but once the stroke is there, there is little chance for the patient being totally cured and back to normal.

25% of completed stroke are preceded by transient ischemic attacks (TIA). After a TIA, the risk of a completed stroke is 17% at 3 months, and most of them occurs within hours or days after the TIA. If diagnosis and treatment can be performed in-between, then a TIA is the best opportunity to prevent a completed stroke. In 2003, this was the background for the development of our TIA clinic, « SOS-TIA », at Bichat hospital, with round-the-clock access, 365 days a year. Almost at the same time, a similar TIA clinic was developed in Oxford in 2004. Both teams have reported back to back in 2007 that an expeditious evaluation and treatment of TIA patients can reduce the risk of completed stroke by 80% at 3 months. This result was confirmed in the TIAregistry.org that we conducted in 63 TIA clinics across Europe, Asia and Latin America, published in 2016 in the New England Journal of Medicine.

Hence, if all TIA patients were to be managed in equivalent TIA clinics, it would avoid 5,320 completed stroke each year in France, which is a performance being well superior to that of intravenous thrombolysis and thrombectomy, with 640 and 1560 deaths or dependency avoided each year, respectively. Sadly, only two TIA clinics exists in France, in Paris and Toulouse (since 2009). Similar to what has been done with Stroke units in the years 1990-2000s, establishing TIA clinic programs in France, is a public health priority.

* Service de neurologie et centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale, hôpital Bichat, 46 rue Henri Huchard, 75018, Paris.

Version pre-print mise en ligne le 15/02/2018Bull. Acad. Natle Méd., 2018, 202, nos 1-2, 275-282, séance du 13 février 2018