Télécharger le communiqué (PDF)
Télécharger la version anglaise (PDF)
Télémédecine appliquée aux maladies cardiovasculaires et neuro-vasculaires en période de confinement
Communiqué de l’Académie nationale de médecine
27 avril 2020
Depuis sa mise en œuvre le 17 mars, le confinement s’est révélé efficace pour prévenir l’extension de la pandémie Covid-19, mais il a rendu difficile l’accès aux soins pour les patients atteints de maladies chroniques cardiovasculaires et neuro-vasculaires. Dans ce contexte exceptionnel, les admissions en urgence pour infarctus du myocarde ou pour accident vasculaire cérébral (AVC) ont diminué de plus de moitié. Afin de prévenir d’aussi graves conséquences, la télémédecine offre une solution qui permet de limiter les contacts soignant-soigné lorsqu’ils peuvent être évités, sans faire courir de risque aux patients.
Trois systèmes de télémédecine doivent être distingués :
1. les véritables téléconsultations avec contact téléphonique, éventuellement visuel, permettant un dialogue direct entre soigné et soignant afin de détecter d’éventuels symptômes d’alarme, de commenter les résultats d’analyses biologiques, de vérifier l’observance thérapeutique et éventuellement d’adapter les traitements. Elles s’appliquent aux patients :
– atteints d’une hypertension artérielle dotés d’un appareil d’auto-mesure tensionnelle,
– coronariens stables à distance d’un infarctus du myocarde,
– ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral,
– ayant présenté un épisode isolé d’arythmie complète par fibrillation auriculaire isolé avec retour à un rythme cardiaque normal,
– porteurs d’une insuffisance cardiaque chronique.
Ce suivi par téléconsultation ne peut s’appliquer qu’aux patients en état stable et non aux patients présentant des signes d’appel cardiovasculaires (douleurs dans la poitrine, palpitations ou sensation d’irrégularité du rythme cardiaque, essoufflement ou fatigabilité anormale) ou évoquant un accident ischémique transitoire ou un AVC (paralysie soudaine, engourdissement ou faiblesse musculaire unilatérale ou localisée, perte de la vision d’un œil, vision dédoublée ou partielle, difficultés à s’exprimer ou à se faire comprendre, troubles de l’équilibre, inhabituelle céphalée aiguë). De même une élévation importante des chiffres tensionnels malgré un traitement bien suivi doit conduire à une consultation traditionnelle. Enfin, une prise de poids rapide et/ou la survenue d’œdèmes des membres inférieurs doivent faire suspecter la décompensation d’une insuffisance cardiaque si celle-ci est connue.
2. les systèmes de télétransmission d’électrocardiogrammes simplifiés, à partir d’applications commercialisées ou de montres connectées, permettant d’identifier un éventuel trouble du rythme cardiaque, et les systèmes qui transmettent automatiquement la pression artérielle.
3. les systèmes de télésurveillance des stimulateurs cardiaques et défibrillateurs implantés, largement utilisés depuis plusieurs années pour vérifier leur bon fonctionnement, l’état d’usure des piles, et pour surveiller les pathologies chroniques telles que l’insuffisance cardiaque à l’aide de questionnaires standardisés.
Toute situation d’urgence excluant la télémédecine et imposant un recours immédiat aux services d’urgence (SAMU), l’Académie nationale de médecine recommande :
– un large recours aux téléconsultations pour les patients atteints d’une affection cardiovasculaire ou neuro-vasculaire stable, mais a contrario, une consultation traditionnelle pour tout patient présentant des symptômes suggérant un contrôle insuffisant de sa maladie ;
– l’alternance de téléconsultations et de consultations traditionnelles pour maintenir le lien soignant/soigné et permettre la réalisation d’un examen clinique, d’un électrocardiogramme ou d’autres explorations s’avérant nécessaires ;
– le développement de plateformes de téléconsultation dans les établissements médico-sociaux et les EHPADs pour assurer un suivi régulier et renforcé des personnes âgées dépendantes ;
– l’utilisation large de la télésurveillance pour le suivi des insuffisants cardiaques et des patients porteurs d’un stimulateur ou d’un défibrillateur.