Rapport
Séance du 6 avril 2004

Sur la demande d’autorisation d’exploiter en tant qu’eau minérale naturelle, telle qu’elle se présente à l’émergence, après transport à distance, et après mélange sous le nom d’« Occident », l’eau des captages « Honorine » et « Occident Nord » situés sur la commune de Cambo-Les-Bains (Pyrénées Atlantiques)

MOTS-CLÉS : cambo-lesbains.. eau minéralisée. source ‘‘ honorine ’’. source ‘‘ occident nord ’’
KEY-WORDS : mineral waters.

Claude Molina *, au nom de la commission XI (climatisme — thermalisme — eaux minérales)

RAPPORT au nom de la Commission XI (Climatisme, Thermalisme, Eaux minérales)

Sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, telle qu’elle se présente à l’émergence, après transport à distance et après mélange sous le nom d’ « Occident », l’eau des captages « Honorine » et « Occident Nord » situés sur la commune de Cambo-Les-Bains (Pyrénées Atlantiques).

Claude MOLINA *

HISTORIQUE

La station climatique et thermale de Cambo-les-Bains a longtemps été réputée pour ses nombreux établissements sanatoriaux. L’exploitation de son établissement thermal date en fait de 1941 après une longue instruction (puisque la source « Honorine » avait fait l’objet d’un premier captage en 1874), l’autorisation ayant été obtenue pour 30 ans. Dans les années 70, la Compagnie Française du Thermalisme (aujourd’hui Chaîne Thermale du Soleil) s’intéresse à l’établissement, réalise le forage du puits C2 et obtient un renouvellement d’autorisation pour 30 ans. Mais ce puits est obstrué vers la fin 1980 (Le captage initial d’ « Honorine » l’était en 1977). Plusieurs autres forages sont réalisés, dont C3 à 20 m au Nord de C2 ; le recaptage de C3 (« Honorine ») en 1984 fait l’objet d’une suite favorable par arrêté de Juin 1991, mais une chute de son débit entraîne d’autres forages dont C10 (« Occident Sud »), C11 (« Occident Nord »).

La demande d’exploitation du mélange C3 C10 en artésien et C11 en pompage est déposée en 1988 mais en 1992-1993 par suite de problèmes survenus sur les forages, ayant conduit au remplacement des tubes et des crépines, il est décidé d’obstruer C10 et d’exploiter uniquement C3 (« Honorine ») et C11 (« Occident Nord ») en artésien.

Etat actuel du dossier

Le mélange « Occident » (C3 et C11), est destiné à être utilisé au sein de l’Etablissement Thermal à des fins thérapeutiques, en O.R.L. et en Rhumatologie ; mais les modalités d’administration ne sont pas précisées. On évoque seulement une « consommation d’eau » !

Captage

Les captages « Honorine » et « Occident Nord » de profondeur respective de 100 et 182 m, de débit de 3 et 33 m/h, sont artésiens, réalisés dans les règles de l’art, les périmètres sanitaires de 2 cercles de 10 m de rayon, proposés par la DRIRE Aquitaine, satisfaisants.

Transport

Le transport du captage « Honorine » jusqu’au captage « Occident Nord », puis celui du mélange « Occident » jusqu’au réservoir tampon de 720 m3, par des conduites en PVC de qualité alimentaire de 160 et 125 mm de diamètre est conforme aux normes.

Analyses règlementaires

Composition physico-chimique

Il s’agit d’eaux fortement minéralisées, sulfurées et de type sulfaté calcique et magnésien, contenant du Fluor (1 à 2 mg/l) et des sulfates au taux de 1,4 à 1,5 g/l.

Si les prélèvements effectués à trois reprises entre 2001 et 2002 montrent une stabilité des eaux de chaque source et du mélange, et après transport à distance, il faut noter une altération du caractère sulfuré de cette eau après stockage.

La recherche de métaux et métalloïdes, de composés organiques volatils et semi-volatils, de pesticides organo-chlorés et d’hydrocarbures ne révèle aucune anomalie.

Radio-activité

On note la présence de potassium naturel et de traces de Radon 222, mais les activités alpha et beta globales à l’émergence sont inférieures aux valeurs guides de l’OMS (0,l Bq/L et 1. Bq/L respectivement).

Analyses Bactériologiques

Elles n’ont pas mis en évidence de contamination des eaux à l’émergence et après mélange, mais les prélèvements à proximité de la zone de soins des baignoires ont mis en évidence la présence de Pseudomonas (3 en juin et 125 en novembre 2001) et de

Legionella Pneumophila (1,77.105 UFC en novembre 2001).

CONCLUSIONS

Certes l’eau issue des captages et après transport et mélange, répond aux définitions d’une eau minérale naturelle et les installations correspondantes permettraient l’exploitation dans des conditions satisfaisantes.

Toutefois les installations de stockage n’empêchent pas l’altération du caractère sulfuré qui est, en principe, prépondérant pour les soins O.R.L.

Par ailleurs et compte tenu des nombreux antécédents d’obturation des captages, l’A.F.S.S.A. recommande la mise en place d’appareils de mesure et d’enregistrement du débit des captages « Honorine » et « Occident Nord » et l’information immédiate des autorités sanitaires en cas de modification des débits artésiens actuels et recommande la consommation de l’eau uniquement dans le cadre d’une cure thermale sous contrôle médical .

En outre il paraît nécessaire d’effectuer un contrôle bactériologique renforcé après la mise en place de mesures efficaces de nettoyage et de désinfection, aux points d’usage de l’eau.

Enfin l’absence d’information sur les modalités d’administration de l’eau thermale dans les soins respiratoires et rhumatologiques ne permet pas de porter un jugement sur la pertinence voire l’efficacité de cette thérapeutique.

Compte tenu de ces différents problèmes, la Commission XI réunie le 23 mars 2004 sous la présidence du Professeur BOUDÈNE, refuse en l’état actuel la demande d’autorisation d’exploiter l’eau des captages « Honorine » et « Occident Nord » de la station de Cambo-les-Bains.

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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 6 avril 2004, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité.

* Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine.

Bull. Acad. Natle Méd., 2004, 188, no 4, 719-721, séance du 6 avril 2004