RAPPORT au nom de la Commission XI (Climatisme-Thermalisme, Eaux minérales) sur la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, après transport à distance et après traitement, l’eau du captage ‘‘ Châtillon-Lorraine ’’, situé sur la commune de Suriauville (Vosges)
Eugène NEUZIL *
Par lettre en date du 7 mars 2003 adressée à Monsieur le Secrétaire Perpétuel, la Direction générale de la Santé (Sous-direction de la gestion des risques des milieux, bureau des eaux), soumet pour avis à l’Académie nationale de médecine le dossier relatif à la demande d’autorisation d’exploiter, en tant qu’eau minérale naturelle, après transport à distance et après traitement, l’eau du captage ‘‘ Châtillon-Lorraine ’’, situé sur la commune de Suriauville (Vosges).
HISTORIQUE
La Société générale des Grandes Sources de Contrexéville (Vosges), depuis plusieurs années, livre et administre au public, sous le nom de « Contrex » un mélange d’eaux naturelles du bassin hydro-géologique de Contrexéville et de compositions très voisines. Ces eaux sont des eaux froides sulfatées calciques et magnésiennes, de forte minéralisation (extrait sec voisin de 2 g/l) ; elles proviennent de plusieurs sources dont les captages sont tous situés à Contrexéville ou aux environs immédiats de cette commune. Ces eaux, qui alimentent l’une des plus anciennes stations thermales françaises, sont également vendues embouteillées ; la fréquentation grandissante des établissements thermaux et l’augmentation de la vente de l’eau Contrex en bouteille ont nécessité la réalisation de nouveaux forages dans cette ressource abondante en eau minérale naturelle que constitue le bassin de Contrexéville.
L’avis favorable donné par l’Académie nationale de médecine pour une première demande d’exploitation de ces eaux date de 1882 : il concerne la source Le Cler [1] (ou Le Clerc), appelée depuis 1958 source Légère [2, 10].
Les rapports ultérieurs de la Commission XI ont trait aux captages Great Source [3, 4, 5, 10], Pavillon [6, 7, 10], Souveraine [8], Reine-Lorraine [9], Thierry-Lorraine [10] et Belle-Lorraine [11] ; ces différents rapports ont souligné la constance de la composition physico-chimique des eaux issues de ces différents captages, leur très faible activité radio-actinologique, l’étendue et la surveillance des périmètres de protection sanitaire ainsi que les bonnes conditions de transport des eaux et de l’embouteillage.
L’EAU DU CAPTAGE « CHÂTILLON-LORRAINE »
La demande d’autorisation d’exploiter l’eau du captage « Châtillon-Lorraine » après transport à distance et après traitement, qui fait l’objet du présent rapport, a été présentée par la Société Perrier Vittel S.A. Cette demande fait suite au rapport du Professeur Pierre Desgrez [12] qui, en 1999, décrit les caractéristiques des captages « Chatillon-Lorraine » et Reine-Lorraine [9]. La réunion des eaux des captages Great-Source, Reine-Lorraine et Thierry-Lorraine constitue un premier mélange intermédiaire dit Pavillon-Nord, lequel subit un.
traitement de déferrisation avant d’être mélangé à son tour aux eaux des captages Belle-Lorraine et Pavillon, pour former finalement le mélange Contrex, destiné aux soins thermaux ainsi qu’à l’embouteillage. Le rapport de la Commission XI [12] spécifie clairement que la mention eau minérale naturelle ne devra en aucun cas figurer sur l’étiquetage, qui devra indiquer « mélange des sources… » avec leurs noms et les proportions de chacune d’entre elles. A la suite de l’avis favorable que l’Académie avait réservé en 1999 aux conclusions du rapport du Professeur Desgrez [12], l’eau de la source « ChâtillonLorraine » a fait l’objet d’une autorisation ministérielle d’exploitation à l’émergence en tant qu’eau minérale, en date du 11 décembre 1999.
La présente demande concerne le transport de l’eau à distance , du captage de
Suriauville à l’usine d’embouteillage de Contrexéville et aux deux établissements thermaux (Grand Etablissement et Etablissement Aquarius) afin de dispenser des soins thermaux autres que l’ingestion.
Un premier rapport, en date du 18 mai 2000, a été établi par la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) de Lorraine, II rappelle la nature des installations de captage, reliées par une canalisation enterrée de 2410 m à l’installation de déferrisation, située au sous-sol de l’usine d’embouteillage. Ce rapport décrit le traitement de déferrisation, réalisé dans une tour garnie de pouzzolane dans laquelle de l’air comprimé réalise l’oxydation, ainsi que les modalités de stockage de l’eau traitée. Les caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques de l’eau,
prélevée en différents points de son parcours d’utilisation, sont indiquées, ainsi que les mesures de surveillance du captage, de nettoyage et de désinfection des circuits de transport et de stockage. Le Conseil départemental d’hygiène des Vosges, le 19 juillet 2000, a émis à l’unanimité un avis favorable à la demande de l’exploitant.
Un deuxième rapport d’expertise a été établi le 12 novembre 2002 par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA). Les renseignements qu’il apporte sont les mêmes que ceux fournis par le rapport de la DRIRE.
L’AFFSA considère que les installations de transport et de traitement permettent d’assurer l’exploitation de l’eau du captage « Châtillon-Lorraine » destinée à des soins thermaux dans des conditions sanitaires satisfaisantes et ne modifient pas les caractéristiques physico-chimiques essentielles de cette eau.
La description technique détaillée des opérations de captage, de transport, de traitement, de stockage et de surveillance de l’eau de la source « ChâtillonLorraine » est donnée dans les deux rapports d’expertise mentionnés ci-dessus. Les caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques de l’eau qu’ils présentent montrent que les analyses récentes ne font que confirmer les résultats indiqués plusieurs années auparavant par G. Popoff, dans le long rapport qui suit celui du professeur Desgrez [12].
Aussi la Commission XI, réunie à nouveau le 23 mars 2004 sous la présidence du professeur Claude Boudène, se range-t-elle aux conclusions du Conseil départemental d’hygiène des Vosges et propose à l’Académie de donner un avis favorable à la demande formulée par l’exploitant de la source « ChâtillonLorraine ».
BIBLIOGRAPHIE [1] PAUL. —
Bull. Acad. Natle Méd ., 1882, 2ème sér., 11 , 999, séance du 5 septembre 1882.
[2] R. FABRE. —
Bull. Acad. Natle. Méd ., 1962, 3ème sér., 146 , 443-448, séance du l9 juin 1962.
[3] YVON. — Bull. Acad. Natle Méd ., 1906, 3ème sér., 56, 60-61, séance du 10 juillet 1906.
[4] R. FABRE. —
Bull.. Acad. Natle. Méd ., 1949, 3ème sér., 133 , 96-102, séance du 1er février 1949.
[5] R. FABRE. — Bull. Acad. NatIe. Méd ., 1962, 3ème sér., 146 , 449-456, séance du 19 juin 1962.
[6] DUJARRIC DE LA RIVIÈRE. — Bull.. Acad. Natle Méd., 3e sér., 1957, 141, 332-333, séance du 11 mai 1957.
[7] R. FABRE. — Bull. Acad.Natle. Méd ., 1962, 3ème sér., 146 , 436-442, séance du 19 juin 1962.
[8] R. FABRE. — Bull. Acad. Natle. Méd., 1963, 3ème sér., 146 , 32-37, séance du 15 janvier.
1963.
[9] R. FABRE. —
Bull. Acad. Natle. Méd ., 1965, 3ème sér., 149, 309-318, séance du 11 mai 1965.
[10] P. DESGREZ. — Bull. Acad. Natle. Méd ., 1996, 180 , no 2, 333-359, séance du 6 février 1996.
[11] Cl. LAROCHE. —
Bull. Acad. Natle Méd., 1997, 181 , no 4, 767-778, séance du 29 avril 1997.
[12] P. DESGREZ. —
Bull. Acad. Natle Méd ., 1999, 183, no 5, 1003-1023, séance du 4 mai 1999.
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L’Académie, saisie dans sa séance du mardi 6 avril 2004, a adopté le texte de ce rapport à l’unanimité.
Bull. Acad. Natle Méd., 2004, 188, no 4, 715-718, séance du 6 avril 2004